Le mouvement contre la réforme des retraites se poursuit lundi 20 mars. Manifestations, barrages filtrants, blocages, grève de la surveillance du bac à Saint-Nazaire et à Laval... La contestation ne faiblit pas dans l'attente du vote des députés concernant la motion de censure en fin d'après-midi.
La colère des opposants à la réforme des retraites continue de gronder ce lundi, après un week-end mouvementé.
Les opérations de blocage se poursuivent en Pays de la Loire, comme à la raffinerie de Donges qui a cessé ses expéditions de carburants depuis de nombreux jours.
À Couëron, près de Nantes, l'incinérateur du centre de traitement des déchets exploité par Veolia est bloqué depuis vendredi.
"Veolia fournit du chauffage dans le nord de Saint-Herblain. Bloquer ici permet de réalimenter les fours au gaz, et donc de coûter de l'argent à Véolia, ce qui fait moins de dividendes pour les actionnaires", explique Jérôme Camus, secrétaire général de la CGT des agents territoriaux.
Le blocage, c'est le moyen de faire comme le gouvernement. C'est notre 49.3 à nous.
Jérôme CamusSecrétaire général de la CGT des agents territoriaux
Les abords de l'incinérateur ont des airs de rond-point à l'époque des Gilets jaunes. La musique, les saucisses grillées au barbecue et les discussions animent le piquet de grève d'une ambiance conviviale.
La bonne humeur apparente n'enlève rien à la force de la mobilisation selon Jérôme Camus, "le mouvement va perdurer jusqu'à temps que cette réforme soit cassée".
"On espère qu'elle va être cassée ce soir avec la motion de censure, ajoute-t-il, mais tant qu'elle ne sera pas retirée on sera là. On va bloquer l'économie du pays."
Grève des enseignants au moment des épreuves de bac
Les personnels de l'éducation maintiennent aussi leur mobilisation.
Professeur de sciences physiques, Yvon Renévot reconnaît que la décision n'a pas été évidente : "C'est un moment très difficile, pour un professeur, de faire grève le jour d'épreuves de bac".
"Mais face à un ministre, un gouvernement et un président qui restent sourds, qui n'écoutent rien ni personne, on a décidé de poursuivre la mobilisation [...] pour montrer que l'éducation est mobilisée aux côtés des cheminots, des gaziers, des électriciens et des raffineurs. On est dans le même mouvement", affirme-t-il.
Face à un ministre, un gouvernement et un président qui restent sourds, qui n'écoutent rien ni personne, on a décidé de poursuivre la mobilisation même pendant les épreuves de baccalauréat.
Yvon RenévotProfesseur de sciences physiques au lycée Aristide Briand
Ce choix, Valérie Hoorelbeck, mère de deux lycéennes, ne l'accueille pas avec grand plaisir.
"J'en ai parlé à mes deux filles pour dédramatiser. Je comprends qu'ils aient le droit de faire grève, maintenant je trouve ça un peu dommage de faire grève le jour du bac. Il y a moyen d'exprimer son mécontentement à un autre moment", commente-t-elle.
Un bac qui ne correspond pas "à des volontés pédagogiques"
Devant le lycée, les élèves semblent pourtant plutôt détendus. "C'est important de manifester, c'est pour leur avenir. Je les soutiens à 100%. Ça ne va pas me déconcentrer, ce n'est pas très grave", sourit Maëllane.
Valentin, lui, a craint que les épreuves ne soient reportées. "C'était un peu stressant mais on n'a pas reçu de mail du lycée donc ce n'est pas annulé", raconte-t-il.
À Laval, plusieurs enseignants du lycée Douanier Rousseau se sont également mis en grève ce lundi.
"Quand on est prof, on a fait des études donc 43 annuités ça veut dire être en retraite à 66, 67 ans. C'est impossible, on ne s'y voit pas", lance Christine Pau, enseignante et secrétaire nationale de la CGT Éduc'action.
La contestation de la réforme des retraites est l'occasion de "faire d'une pierre deux coups" pour les enseignants mobilisés.
"On rappelle aussi qu'on sacrifie une jeunesse en faisant un bac comme ça qui correspond simplement aux impératifs de Parcoursup mais en aucun cas à des volontés pédagogiques. C'est inepte ce bac en mars", martèle Christine Pau.
Les éboueurs toujours mobilisés
À Nantes et Angers, les éboueurs ne cèdent pas et maintiennent leur grève.
Au pied des immeubles, les poubelles débordent et les sacs envahissent les trottoirs. Malgré les recommandations de garder ses poubelles chez soi, certains habitants n'hésitent pas à les déposer au coin de la rue, voire dans la rue voisine.
Les éboueurs nantais bloquent les trois sites de collecte de la ville, Janvraie, Etier et Grande-Bretagne, depuis le 7 mars. Le mouvement vient d'être reconduit ce 20 mars pour 24 heures lors d'une assemblée générale.
A Nantes, 9 000 tonnes de déchets n'ont pas été ramassés depuis deux semaines.
La collecte des déchets est également stoppée à Angers depuis le 13 mars. Un piquet de grève de l'intersyndicale bloque l'accès au site de Biopole qui inclut le centre technique des déchets, le centre de tri des emballages et le centre de transfert des ordures ménagères.