Réforme des retraites : le malaise des agents de la police scientifique, une fonctionnaire de Saint-Nazaire témoigne.

TEMOIGNAGE. Murielle est agent spécialisé de police scientifique. Son métier n'est pas considéré comme pénible. Elle et ses collègues ne bénéficieront pas d'une retraite anticipée. Déçus, épuisés, certains se sont mis en arrêt pour dire leur malaise.

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"C'est un métier que j'avais envie de faire depuis longtemps. Pas du côté de police secours mais j'avais envie d'apporter ma pierre à l'édifice."

Murielle avait un doctorat en biophysicochimie lorsqu'elle a tenté et réussi le concours d'entrée dans la police nationale, c'est un profil atypique. Après la formation de police générale, elle est allée suivre une spécialisation à Ecully, près de Lyon.

Elle a commencé sa carrière ensuite au laboratoire de biologie de Paris, il y a douze ans. Murielle Petit est depuis trois ans agent spécialisé de police technique scientifique à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique.
 

Le 24 décembre dernier, elle et ses collègues étaient sur la découverte d'une personne qui n'avait plus donné de nouvelles depuis le mois d'avril. Une personne qui a été retrouvée chez elle, à Saint-Nazaire, morte depuis... huit mois. On imagine le spectacle.

Murielle qui a travaillé à Paris se souvient du Bataclan. Elle n'était pas sur place mais nombre de ses collègues y avaient été appelés en renfort. "Ce sont eux qui ont passé le plus de temps avec les morts, raconte Murielle. J'ai deux collègues qui ont du mal à s'en remettre."

Le sordide, le dramatique, le violent, les policiers de la scientifique "pataugent" dedans témoigne cette femme qui ne se voit pas à 65 ans pliée en deux sous une voiture pour relever des traces.
 

Sans arme et sans protection

"On n'a pas le même statut que les policiers en tenue explique la fonctionnaire qui parle au nom de l'intersyndicale. On ne reconnaît pas la pénibilité et la dangerosité de notre métier. Alors que les trois quarts du temps on est sur le terrain, dans des lieux qui craignent, sans arme, sans protection."

Et de citer l'exemple de collègues qui en région parisienne se sont fait caillasser lors d'une mission.

"Nous, on ne protège pas la population alors on n'est pas important pour notre ministère", se désole Murielle.
 

"on ne roule pas en Hummer..."

Le métier qui jouit d'un certain prestige auprès des jeunes du fait des (trop) nombreuses séries policières n'a pas grand chose à voir avec ce qu'en montre le petit ou le grand écran. 

"On n'est pas habillé en Chanel et on ne roule pas en Hummer, fait-elle remarquer. On a des gens qui travaillent en laboratoire avec des produits dangereux !"

Et il faut ajouter à la dureté des missions, des gardes longues et épuisantes...

La profession ne demande pas d'augmentation mais un statut spécial.

"Qui exercera ce métier ? s'interroge un tract intersydical. Intervenir sur des scènes de crime choquantes, tueries de masse, corps en putréfaction, enfants, suicides... et assistera aux autopsies ? Ces mêmes scènes où souvent l'agent de la police technique scientifique est seul car les policiers sur place ne supportent pas l'odeur et la vue..."
 

Des services fermés

Burn-out et arrêts de travail se mutliplent dans cette profession qui a utilisé son droit de grève. Plusieurs services ont fermé ces dernières semaines selon les syndicats. 

La faiblesse de ces policiers, c'est leur petit nombre. Seulement quatre par commissariat. Trop peu nombreux pour se faire entendre.

 
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