On n'attendait plus que la décision officielle, elle est tombée ce mercredi soir. Le projet de rachat des Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire par l'Italien Fincantieri a été abandonné. L'annonce a été faite il y a quelques heures par les gouvernements des deux pays.
Le projet de rapprochement des deux géants de la constuction navale a été officiellement abandonné ce mercredi 27 janvier. Ainsi en ont décidé les gouvernements français et italiens.
"La France et l'Italie prennent acte du fait que le contexte économique actuel ne permet pas de poursuivre le rapprochement envisagé entre les Chantiers de l'Atlantique et Fincantieri", ont communiqué les deux pays.
Voilà près de trois ans, quasiment jour pour jour, que Français et Italiens s'étaient entendus pour un rachat des Chantiers de l'Atlantique basés à Saint-Nazaire, par le groupe Fincantieri de Trieste. Mais la signature définitive n'avait cessé d'être repoussée. La Commission Européenne devait donner son accord et attendait pour cela des éléments que Fincantieri tardait à lui communiquer.
"un niveau d'incertitude économique inédit"
Mercredi soir, les ministres de l'Economie français et italien et la vice-présidente exécutive de la Commission européenne, Margrethe Vestager, ont confirmé officiellement ce qui se disait, à savoir l'abandon de ce projet. Le contexte de la crise sanitaire a été évoqué pour justifier cette décision : "Le secteur du tourisme fait actuellement face à un niveau d'incertitude économique inédit, du fait de la crise de la Covid-19 qui n'autorise pas la poursuite de l'opération" ont-ils expliqué dans un communiqué commun.
Le projet de rachat par Fincantieri avait soulevé de vives inquiétudes. L'Italien ayant un partenariat sur la construction de paquebots avec la Chine, on craignait que l'expertise des chantiers nazairiens ne soit vampirisée par le concurrent asiatique. L'annonce de mercredi soir qui a été confirmée aux élus de Loire-Atlantique rassure donc localement.
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"une excellente nouvelle"
Néanmoins, l'Etat français qui, suite à la faillite en 2017 des Coréens de STX, détient plus de 84 % des Chantiers de l'Atlantique, n'abandonne pas l'idée de vendre ses parts.
"C'est la victoire d'un territoire, réagit Christelle Morançais, la présidente de la Région Pays de la Loire, de ses élus et de ses acteurs économiques qui se sont mobilisés ensemble pour préserver l'un de nos plus beaux fleurons industriels".
Même satisfaction pour le maire de Saint-Nazaire : "C'est une excellente nouvelle, on l'a vu venir ces derniers jours", a déclaré à l'AFP David Samzun qui ajoute qu'il ne faut pas se précipiter, mais ne pas trop traîner non plus pour trouver un autre partenaire.
"L’abandon du projet de rachat des Chantiers de l’Atlantique par Fincantieri est une nouvelle dont nous ne pouvons que nous réjouir ! estime également le sénateur socialiste Yannick Vauvrenard. Le 10 novembre dernier, la construction d’un grand paquebot chinois, avec l’aide du constructeur italien, était lancée. Dès lors, les craintes de voir les savoir-faire de l’un des fleurons industriels européens être transférés vers la Chine se voyaient confirmées."
Yannick Vaugrenard indique que le Ministre Bruno Le Maire a proposé "la mise en place d’un groupe de travail des élus du Territoire et du ministère des Finances afin d’évoquer les différentes hypothèses de « Plans B » en fonction des investisseurs potentiels."
Une entrée de la Région au capital
De son côté, le groupe écologiste et citoyen au Conseil régional, propose une entrée de la Région au capital des Chantiers de l’Atlantique "à hauteur d’environ un quart du montant des actions rachetées par l’Etat à STX en 2017, soit 20M€"
Il s'agirait, selon ces élus, d'accompagner la transition écologique des Chantiers mais aussi de soutenir l'actionnariat salarial et citoyen : "pour une action achetée, la Région abonderait par l’achat d’autres actions et remettrait les droits de vote induits aux salariés ou aux citoyens investisseurs"