4,5 milliards d'euros : c’est le prix du contrat signé, jeudi 2 mai, entre les Chantiers de l'Atlantique, RTE et Hitachi Energy. Ils construiront trois plateformes électriques, pour de futures éoliennes en mer. Sans risque pour les entreprises locales ?
Les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) et le suédois Hitachi Energy, unis pour fournir les générateurs électriques des futurs parcs éoliens en France. Un contrat d’une valeur de 4,5 milliards d’euros vient d’être conclu, entre ces deux acteurs et RTE, le gestionnaire du réseau d’électricité dans l’Hexagone. 2,2 milliards iront aux Chantiers de l’Atlantique.
Une avancée saluée notamment par le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno le Maire, et son collègue chargé de l’Industrie, Roland Lescure. Tous deux se sont déplacés jusqu’au site des Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire. Une bonne nouvelle, mais qu’en est-il des retombées pour les entreprises locales ? C’est la question que se posent, entre autres, les sous-traitants.
Neopolia est une association qui regroupe 230 entreprises basées à Saint-Nazaire. 90 d’entre elles sont dans le domaine des énergies marines renouvelables. Son président, Aymeric Fouchet, était invité de notre édition ICI 12/13, ce vendredi 3 mai. Plutôt enthousiaste à l’annonce de la conclusion de ce contrat, il émet toutefois quelques réserves.
Quelles ont été les réactions autour de vous, suite à cette annonce ?
Aymeric Fouchet : On est ravis, contents et rassurés, car cela donne de la visibilité à nos industriels. On en avait grandement besoin. Cela signifie des emplois garantis dans le temps, puisque le carnet de commandes va durer sur plusieurs années. Il y aura aussi des conséquences directes, qui vont découler jusqu’au centre de formation. Ils vont pouvoir générer des nouveaux contrats d’alternance, pour la maintenance sur les chantiers. Les Chantiers ont prouvé qu’ils étaient un secteur très investi sur ce secteur-là. On est vraiment très très contents pour l’éolien en mer.
On ne fait pas forcément appel à vous, mais à des entreprises étrangères européennes ?
Aymeric Fouchet : L’offshore est arrivé en France en 2021, avec ce premier parc. On s’est rendu compte très vite, durant la phase d’installation, qu’on allait plutôt chercher les compétences en Europe. Notamment là où il y a de l’avance, côté Angleterre ou côté mer du Nord. Il a fallu d’abord apprendre, se former : ça, c’est chose faite.
On le dit et on le répète : on est formés et on a appris. Ce qui était vrai au début, c’est-à-dire, se positionner sur les marchés de construction où on n’avait peut-être pas assez d’expérience, n’est plus vrai aujourd’hui. Maintenant, nos 90 membres représentent 2 250 ETP (NDLR : équivalents temps plein, des salariés à temps complet). Ces gens-là sont formés et prêts, il faut vraiment se battre pour intervenir.
On est toujours face à une concurrence étrangère, et aujourd’hui, les parcs qui se construisent et qui arrivent sont encore posés par de la main-d’œuvre étrangère. Ce qui nous fait un peu plus peur, c’est que même la maintenance est encore maintenant, à une grosse dominante, aux entreprises étrangères. C’est en train de changer, mais cela nous demande énormément d’efforts.
Pourquoi faire appel à ces entreprises étrangères ?
Aymeric Fouchet : Je dirais qu’il y a deux points. Toujours une histoire de coût : aller chercher un prix du megawatt/heure sur l’offre de l’État, toujours plus bas, aller chercher des pièces en Chine, on favorise un dumping social, etc. Il y a ensuite un second point : une politique assez internationale.
Dire qu’on subit la mondialisation est peut-être fort, mais les contrats sont passés avec des entreprises sur l’Europe, voire sur le monde. Avec ce qu’on voit sur le projet des éoliennes en mer sur Yeu et Noirmoutier, il y a un contrat qui a été pris sur plusieurs parcs européens.
Vous êtes inquiet par rapport à ça ?
Aymeric Fouchet : Oui, un peu, puisqu’on voit une entreprise danoise arriver sur le hub de Saint-Nazaire. Ce n’était pas vraiment ce qu’on avait prévu. On s’est battus avec les éoliennes en mer de Yeu et Noirmoutier pour implanter du tissu local. Aujourd’hui, sur le hub de Saint-Nazaire, ce n’est pas vraiment ça que l’on voit arriver.
Il y a la sous-station ou ‘offshore substation’, qui est l’arbre qui cache la forêt. C’est une vraie réussite des Chantiers de l’Atlantique, avec un vrai impact sur l’économie locale. Derrière, on a la phase construction des parcs, qui est encore à dominante d’interventions d’entreprises étrangères. Ça pique un peu pour nos entreprises ligériennes, on va dire.
LIRE AUSSI ► Le parc éolien de Saint-Nazaire souffle sa première bougie avec un bilan satisfaisant
Le premier parc éolien de France a ouvert à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), il y a un an et demi. Il suscite parfois des réactions contrastées, à l'image de ces habitants de la Vendée. La puissance des parcs éoliens en mer devrait augmenter dans les années à venir, pour passer de 1,5 gigawatt en 2024, à 45 gigawatts en 2050.
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv