À l'occasion de la cérémonie de découpe de la première tôle du premier pétrolier ravitailleur sur les quatre commandés pour la Marine Nationale, la ministre Florence Parly a annoncé que la construction du prochain porte-avions français serait réalisée aux Chantiers de l'Atlantique, à Saint-Nazaire.

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Ce lundi 18 mai, la ministre de la Défense est venue présider une cérémonie traditionnelle dans le milieu de la construction navale : la découpe de la première tôle.

Aidée de techniciens des Chantiers de l'Atlantique, elle a lancé la découpe au laser d'une feuille d'acier de plusieurs millimètres qui, au final, représentera la silhouette du navire dont la construction vient d'être ainsi lancée.

En l'occurence, il s'agit ici d'un pétrolier ravitailleur, de type BRF, le premier d'une série de quatre, commandés pour la Marine Nationale aux Chantiers de l'Atlantique, en partenariat avec Fincantieri, le groupe naval italien, futur actionnaire majoritaire des chantiers nazairiens, sous condition d'accord de la Commission Européenne.

''Ce pétrolier sera livré en 2022, les suivants en 2025, 2027 et 2029'', a détaillé la ministre. ''Ils permettront de ravitailler les bateaux de la Marine nationale en carburants, munitions, pièces de rechanges et vivres. Une des nouveautés, par rapport aux trois bâtiments ravitailleurs actuels, est qu'ils disposeront d'une "double coque pour protéger les océans de tout incident pétrolier".

Les quatre BRF (Bâtiments Ravitailleurs de Force) rejoindront dans ses missions le groupe aéronaval autour du porte-avions Charles de Gaulle.

Mais il a été question aussi ce lundi matin de la construction d'un futur porte-avions.

Ce porte-avions de nouvelle génération appelé à remplacer le Charles de Gaulle sera mis à la mer pour de premiers essais en 2036 et sera construit aux Chantiers de l'Atlantique, a confirmé lundi Florence Parly.
 

Le Charles de Gaulle est-il déjà trop vieux

S'il est une discipline où l'anticipation est la règle d'or, c'est bien celle de la Défense. Le porte-avions Charles de Gaulle aura 40 ans en 2034. Son espérance de vie aura été poussée au maximum avec encore en 2017-2018 un arrêt technique majeur pour le maintenir en condition opérationnelle le plus longtemps possible.

''Nous travaillons sous forme d'études afin que le Charles de Gaulle soit remplacé à terme par un porte avions de nouvelle génération. Celui-ci devra être à la mer pour ses premiers essais en 2036. De son côté, le Charles de Gaulle arrivera en fin de vie en 2038-2040'' a expliqué Florence Parly.

Mais il est prématuré d'évoquer le budget de construction du navire, le président de la République sera amené à prendre des décisions dans quelques mois. En attendant des études sont menées afin de choisir le moment venu les bonnes options.

'' Entre-temps, il est important que les chantiers puissent continuer à travailler pour les armées, c’est l’intérêt de ces BRF, (Bâtiments Ravitailleurs de Force). Je le rappelle, ce sont d’imposants bâtiments qui – chargés à plein – font 30 000 tonnes'', a complété la ministre.


Un nouveau porte-avions pour la France, construit à Saint-Nazaire

 "C'est ici, à Saint-Nazaire, que sera construit le porte-avions de nouvelle génération, qui succédera au Charles de Gaulle en 2038'', a déclaré la ministre.

La ministre, au sujet du savoir faire nazairien en matière de bateaux gris, a ajouté : ''Depuis la construction du dernier porte-hélicoptères amphibie à Saint-Nazaire, en 2015, les Chantiers n’ont pas construit d’autres navires militaires. Or, il est très important que les Chantiers gardent cette compétence et ces savoir-faire spécifiques de construction de bâtiments militaires de fort tonnage. D’autant que nous travaillons en ce moment sur le projet de porte-avions de nouvelle génération. Quelles que soient les caractéristiques de ce futur porte-avions, il a vocation à être construit dans les chantiers de Saint-Nazaire''.
 

Porte-avions : une arme de relance économique ?

Le déconfinement à peine entré en vigueur, le redémarrage de l'économie hexagonale va se faire progressivement, certaines branches, et non des moindres, étant encore interdites d'activité pour cause de protection sanitaire de la population. Personne ne peut prédire le comportement des citoyens-consommateurs aussi est-il important que l'Etat joue sa part dans cette phase décisive de remise en marche de l'économie.

La Défense se gère sur le long terme, par le biais de la Loi de Programmation Militaire et s'avère être un moteur puissant de l'économie et de l'industrie nationales.

À l'image des porte-hélicoptères dont la commande pour la Marine Nationale fut avancée par le président Sarkozy afin de sauver les chantiers navals nazairiens suite à la crise de 2008, la commande des quatre pétroliers ravitailleurs en 2019 arrivait comme une bouffée d'oxygène, non pas en terme de plan de charge car la vague de commandes de paquebots par l'industrie de la croisière avait déjà inondé tous les chantiers navals compétents en la matière, mais plutôt en terme de diversification.

La diversification, le maître mot dans bien des domaines, mais synonyme de longévité dans l'industrie. Le savoir-faire des Chantiers de l'Atlantique, en matière militaire, se doit d'être conservé et toujours amélioré. C'est pourquoi la commande d'un porte-avions réunit tous les ingrédients d'une relance économique forte et durable.

Les bureaux d'études seront sollicités tout autant que les ateliers de production, les collaborations avec des partenaires ''Défense'' comme Naval Group (ex-DCNS) seront renforcées et tous les savoir-faire seront projetés dans l'ère de la moitié du XXIème siècle. 

Florence Parly met donc l'accent sur le rôle moteur de la Défense dans l'économie nationale : ''Pour ma part, je crois que le budget des Armées a un rôle important à jouer comme élément de soutien de l’industrie de défense. Rappelons que c’est le premier budget d’investissement de l’État. Par conséquent, nous avons un rôle majeur à jouer pour répondre aux besoins de nos forces et pour soutenir l’ensemble de la base industrielle et technologique de défense, ses grands groupes et ses milliers de PME et PMI, et leur éviter d’être impactées par la crise du coronavirus''.
 

Une réponse face au déclin inévitable de la croisière ?

L'industrie de la croisière s'était relevée de façon spectaculaire après la crise de 2008. Les chantiers navals de Saint-Nazaire étaient en quelques mois passés de mort industrielle à renaissance économique avec, ces dernières années, une visibilité jamais connue dans la navale. Les armateurs s'étaient lancés dans une course effrenée à l'innovation technologique, à la surenchère en équipements et à la croisière labelisée ''compatible environnement''. 
Avec un plan de charge totalement saturé jusqu'à l'arrivée de la pandémie, les plus gros chantiers navals risquent fort de voir leur agenda s'éclaircir. Les armateurs ne vont pas être en mesure d'honorer des commandes sans encaisser le moindre dollar en croisière et en gardant leurs paquebots à poste. Un bateau à quai coûte très cher et ne rapporte rien, règle de base de tout armateur.

Le monde d'après Covid19 verra-t-il à nouveau des paquebots sillonnant les océans, visitant les lagunes, débarquant en masse dans les escales à touristes ? Rien n'est moins sûr. Les expériences des dernières croisières au moment du confinement général ont montré que la conception des paquebots n'était pas adaptée aux risques de type Coronavirus. Aussi, les plans de ces mastodontes de la croisière vont-ils être appelés à être modifiés.

Flux et nombre des personnes embarquées, procédés de confinement, systèmes de ventilation et climatisation, structures sanitaires à bord....etc. Le prix de ces modifications s'ajoutant au prix établi sur le contrat, comment envisager que ces commandes soient honorées par des armateurs en panne de clients? Les échanges entre armateurs et constructeurs de paquebot risquent fort d'être enrichis par la présence de juristes qui étudieront chaque virgule pour renégocier les contrats, voire les annuler.

Les bateaux gris commandés aux chantiers navals nazairiens viendraient donc au secours, dans un premier temps, de l'économie régionale et nationale, avant, une fois sur l'eau, de protéger la population de France et ses territoires  sur les océans.

 



 
 
 
 


 
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