A Saint-Nazaire, le directeur de Poher Hebdo, Erwan Chartier-Le Floch, a témoigné des menaces de l’ultra-droite lorsqu’il couvrait les manifestations à Callac en 2022 et 2023 contre la construction d’un centre d’accueil pour migrants. Son livre « Callac de Bretagne ou les obsessions de l’extrême droite française », fait écho à la situation de Saint-Brévin.

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« A Saint-Brévin comme à Callac, ce sont les mêmes personnes qui mettent la pression sur les élus, c’est pour cela que je suis venu témoigner », a expliqué Erwan Chartier-Le Floch lors du débat organisé ce samedi à Saint-Nazaire par le Comité Local de Bretagne Réunie, la Ligue des Droits de l’homme de la ville et l’Association Collectif des brevinois attentifs et solidaires.

L’auteur a comparé la situation à Saint-Brévin, où un centre d’accueil pour demandeurs d’asile est en cours de construction, à celle de Callac en Bretagne, où les élus ont abandonné un projet similaire sous la pression de l’ultra-droite.

Il l’appelle la méthode Callac, c’est quand selon lui « des militants exagèrent les conséquences d’une décision politique, créent des fausses informations et un climat délétère, poussant les Français dans une certaine radicalité ».

Un livre pour montrer « comment la fachosphère fonctionne »

Dans son livre « Callac de Bretagne ou les obsessions de l’extrême droite française » aux éditions Penn Bazh, Erwan Chartier-Le Floch relate les faits de manière chronologique. Il revient sur les intimidations dont il a été victime lorsque son journal couvrait les manifestations à Callac contre le projet d’accueil de réfugiés baptisé Horizon. Il retranscrit son vécu, revient sur les menaces de mort et l’alerte à la bombe qui a causé l’évacuation des locaux de son hebdomadaire pendant plusieurs heures, notamment dans cet extrait : 

« Ces mots et ces menaces, je les ai reçus en février 2023. Je les ai pris en pleine face, comme journaliste et rédacteur en chef de l’hebdomadaire centre breton Le Poher. Une violence crasse venue de l’extrême-droite qui s’était déjà bien défoulée, dans les mois précédents, dans le petit bourg de Callac ». 

Plusieurs manifestations avaient été organisées dans cette commune rurale de 2200 habitants, s'appuyant sur un petit groupe d'opposants locaux mais portées par l'extrême droite et notamment le parti Reconquête d'Eric Zemmour. Pour Erwan Chartier-Le Floch, l’abandon du projet Horizon est une victoire symbolique pour les extrémistes.

Un débat local vigoureux

Face à l'auteur, près de trente personnes sont venues partager leur crainte de voir monter les extrêmes en France. C’est le cas notamment d’une jeune étudiante en science politique à Paris qui souhaite rester anonyme. « L’extrême-droite prend beaucoup de place chez les jeunes, cela me fait peur. Le Gud (organisation étudiante d’extrême-droite réputée violente) vient régulièrement tracter devant l’université Panthéon-Assas, où j’étudie ».

Tout le monde lève la main pour apporter son témoignage. « En septembre, nous avons dû renoncer à organiser une soirée pour fêter l’accueil d’étrangers à Saint-Brévin après que la maire nous a dit s’inquiéter pour notre sécurité », a raconté Philippe Croze, président du Collectif des brévinois attentifs et solidaires. Six hommes munis de matraques, de battes de baseball et de couteaux avaient été arrêtés la veille en marge d’un colloque sur les exilés.

Jean-Luc Boero, le président de la section de la Ligue des Droits de l’homme à Saint-Nazaire, est remonté et se désole, lui, des propos tenus par des militants qu’il a rencontrés.

L’ultra-droite utilise des fantasmes pour emporter l’opinion. Elle compare par exemple les migrants à des envahisseurs

Jean-Luc Boero, président de la Ligue des droits de l'homme de Saint-Nazaire

Ce sont toutes ces tentatives d’intimidation qui sont dénoncées. Elles n’ont pas permis à Saint-Brévin d’arrêter la construction du centre d'accueil pour demandeurs d'asile. Les travaux ont commencé au mois de septembre. Le CADA doit ouvrir ses portes d’ici la fin de l’année.

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