Le gouvernement italien a jugé "extravagant" mercredi le fait que le constructeur naval italien Fincantieri ne puisse acquérir la majorité du constructeur français STX.
Si le repreneur italien du chantier STX de Saint-Nazaire a semblé se contenter d'une part minoritaire, imposée par le gouvernement français, les ministres italiens ne décolèrent pas. "Ce qui est pour nous indispensable est la possibilité d'investir sans préjugés sur notre nationalité", a affirmé le ministre du Développement économique, Carlo Calenda. "Dans ce cas spécifique, justement parce que la majorité appartient à une société coréenne, il serait un peu extravagant que l'Italie ne puisse avoir la majorité de l'actionnariat pour lui permettre une gestion intégrée", a-t-il dit. En outre, a-t-il souligné, de cette opération, "sortirait un champion européen".
Un comportement "inacceptable"
Le 16 février, un haut responsable du ministère de l'Economie, Fabrizio Pagani, avait déjà dénoncé au quotidien La Repubblica le comportement de Paris."L'attitude du gouvernement français qui tente de convaincre Fincantieri de prendre moins de 50% des actions est inacceptable parce qu'il doit y avoir en Europe la confiance réciproque et parce que les raisons invoquées ne semblent pas convaincantes", avait ainsi déclaré M. Pagani, chef du secrétariat technique du ministre de l'Economie."Les entreprises françaises ont fait d'importants investissements en Italie", avait-il rappelé, ajoutant: "les nôtres doivent avoir la même possibilité". Dans une interview publiée lundi par plusieurs journaux européens, dont La Stampa, le président français François Hollande a expliqué que la France ne s'opposait pas à l'entrée de Fincantieri dans STX, mais seulement au fait qu'il soit majoritaire.
Un compromis en vue
Il a affirmé qu'il ne s'agissait "pas d'une mesure agressive ou défensive vis-à-vis de l'Italie", en précisant que si d'autres entreprises voulaient participer à l'opération, Paris était prêt à étudier une telle solution. Mardi, Le Monde et La Stampa estimaient qu'un compromis était en vue. Selon celui-ci, Fincantieri se contenterait d'une majorité relative, de l'ordre de 45% à 49%.Quelque 10% seraient confiés à d'autres actionnaires, italiens selon Le Monde pour permettre à l'Italie d'avoir le contrôle du groupe, tandis que la Stampa évoquait le croisiériste MSC, basé en Suisse, ou un fond ou des entreprises italiennes.
Le reste du capital serait détenu par l'Etat français (33%) et le groupe public français DCNS un peu plus de 10%).
Les syndicats de STX à Saint-Nazaire redoutent des conséquences pour l'emploi. Ils craignent également une fuite de savoir-faire vers la Chine, alors que Fincantieri a créé une co-entreprise dans ce pays pour y construire des navires de croisière destinés au marché local.