L'Elysée a confirmé l'information en milieu de journée. L'Egypte va acheter les deux bâtiments militaires construits à St Nazaire pour la Russie, avant que ce contrat ne soit annulé. Pour quelle somme ? Mystère ?
L'annonce a été faite par l'Elysée mercredi à la mi-journée: "Le président de la République s'est entretenu avec le président Sissi. Ils se sont accordés sur le principe et les modalités de l'acquisition par l'Egypte des deux bâtiments de projection et de commandement de classe Mistral".
Cette annonce met un terme aux multiples rebondissements dans cette affaire de vente contrariée en raison de l'implication de Moscou dans la crise ukrainienne. Quatre pays -le Canada, l'Inde, Singapour, mais surtout l'Égypte- avaient exprimé un intérêt "sérieux" pour le rachat.
Les discussions étaient largement entamées et bien engagées avec L'Egypte, elles se concrétisent",
a expliqué le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll à l'issue du Conseil des ministres. Il reste cependant une inconnue, le montant de l'accord passé avec l'Egypte, qui conditionne le coût final pour le budget de l'Etat.
M. Le Foll a seulement assuré qu'il n'y aurait pas de "perte" d'argent. "Je ne vais pas vous annoncer le prix mais je vais réfuter totalement ce qui a été annoncé par certains, qui consisterait à dire qu'il y aurait là une perte qui serait liée à cet accord", a-t-il assuré. "Les choses sont négociées, elles seront précisées le moment venu", a encore indiqué M. Le Foll.
Selon des informations de presse, confirmées par une source proche du dossier, les négociations avec l'Egypte pour l'acquisition des deux bâtiments bloquaient jusqu'ici sur le prix fixé par Bercy et que les Égyptiens auraient trouvé trop élevé. Selon LaTribune.fr, ces bâtiments seraient positionnés en Mer rouge pour l'un, alors que Le Caire a procédé cet été à l'élargissement du canal de Suez, et en mer Méditerranée pour l'autre, alors que la situation en Libye reste une préoccupation pour l'Egypte frontalière.
De source gouvernementale française, on laisse entendre que l'acquisition de ces bâtiments militaires par Le Caire "n'est pas un (vrai) problème pour les Israéliens".
Pari risqué
Le règlement de cette affaire des Mistral dans laquelle était empêtrée la France depuis le début de la crise ukrainienne s'était accéléré durant l'été. La semaine dernière, l'Assemblée nationale avait approuvé, malgré des incertitudes sur le coût final pour la France, l'accord avec la Russie traduisant l'annulation de la vente des deux navires à Moscou. "Le gouvernement, me semble-t-il, a géré le mieux possible une situation difficile, en préservant nos intérêts diplomatiques et financiers", avait déclaré aux députés le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius. Il avait aussi souligné que la décision de vente des Mistral à la Russie, qui remonte à 2011 sous la présidence de Nicolas Sarkozy, relevait "d'un pari risqué". En vertu de l'accord conclu le 5 août entre Paris et Moscou après huit mois d'intenses négociations, le gouvernement français avait annoncé le versement aux autorités russes d'une somme légèrement inférieure à un milliard d'euros, correspondant aux avances qui avaient été versées par la Russie pour l'acquisition des deux navires,dont le prix d'achat devait s'élever à 1,2 milliard. Quelque 949,7 millions ont été versés par la Banque de France à la Banque centrale russe.
Mais l'addition inclut aussi les frais de gardiennage et de maintien en état opérationnel. Il ne devrait pas y avoir de coût de démontage des équipements russes car, selon une source française, "les Russes acceptent qu'on ne démonte pas et laisse ces standards en raison d'une tradition de coopération" avec l'Egypte.
C'est une grande satisfaction et la preuve que les déclarations du gouvernement n'étaient pas des paroles en l'air puisqu'elles se sont rapidement traduites par des actes",
a réagi le maire PS de Saint-Nazaire, David Samzun. "Ce qui m'inquiétait, c'était un stationnement à Saint-Nazaire pendant une longue durée. Maintenant, on connaît leur destination finale".
"On s'en sort très bien financièrement et la confiance vis-à-vis des autres pays importateurs d'appareils militaires n'est pas entachée", a commenté Yannick Vaugrenard, sénateur socialiste de Loire-Atlantique.