Sans gynécologue, la salle d’accouchement de la maternité d’Ancenis est sur le fil du rasoir

Faute de remplaçant pour combler le départ en retraite d’un gynécologue obstétricien, la maternité du Centre Hospitalier Erdre et Loire d’Ancenis-Saint-Géréon risque de ne plus pouvoir accueillir les femmes pour accoucher. Syndicats, personnels et habitants tentent coûte que coûte de trouver une solution. Une pétition lancée mi-juillet avoisine déjà les 16 000 signatures le 26 juillet, alors que la ville dépasse à peine les 11 000 habitants.

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Magali Terrien y croit dur comme fer. Elle est à l’origine de la pétition de soutien à la maternité d’Ancenis-Saint-Géréon, pour encourager le recrutement d'un nouveau gynécologue obstétricien. L’appel à l’aide est urgent puisque si aucune solution n’est trouvée, l’hôpital d’Ancenis se verra contraint de devoir transférer les femmes vers les maternités alentour pour accoucher.

La maternité est le cœur de l’hôpital.

Magali Terrien

Ancenienne à l'origine de la pétition

En début d’année 2023, elle avait notamment été à l’initiative de la pétition visant à éviter la fermeture des urgences de nuit dans le même centre hospitalier, et elle avait obtenu gain de cause.

Après une lettre ouverte de la part du maire d’Ancenis-Saint-Géréon destinée au ministre de la Santé François Braun, des tas de flyers distribués, une pétition signée par plus de 500 personnes et surtout d’amples recherches de la part du personnel médical pour accroître leur effectif, trois médecins urgentistes avaient fini par intégrer le Centre hospitalier Erdre et Loire (CHEL).

L’inquiétude des futures mères

Sage-femme libérale, Sophie (nom d'emprunt) travaille en partenariat avec le Centre Hospitalier d’Ancenis-Saint-Géréon dans le suivi prénatal des patientes puis dans l’accompagnement postpartum (NDLR : la période postpartum débute à la fin de l’accouchement et s’étend jusqu’au retour des règles après la grossesse).

"Les femmes sont dans l’attente, elles tentent de se rabattre sur la clinique Jules Verne (NDLR : hôpital à Nantes, le plus proche depuis Ancenis) mais elle ne peut pas accueillir tout le monde", explique-t-elle.

Une cessation des accouchements à Ancenis-Saint-Géréon entraînerait des complications pour les femmes enceintes et leurs nouveaux-nés. Beaucoup d’entre elles ne peuvent pas se permettre plusieurs dizaines de minutes de trajet avant une prise en charge pour accoucher. Cela représenterait trop de risques tant pour elles que pour leur enfant.

Cette situation est propice au stress et je redoute qu’elle alimente la volonté de vouloir donner naissance à domicile.

Sophie (nom d'emprunt)

Sage-femme

Parmi les femmes enceintes, les plus inquiètes se trouvent parmi celles dont le terme est prévu pour novembre. En raison des incertitudes concernant l’avenir de leur maternité de secteur, elles peuvent difficilement construire leur projet de naissance.

Pour des raisons logistiques, mais aussi de confiance et de confort, "les futures mères veulent à tout prix pouvoir accoucher ici", détaille la sage-femme. La maternité d’Ancenis-Saint-Géréon est connue par les mères qui y ont déjà accouché. En les privant d'une salle d'accouchement et d'un personnel qu'elles connaissent, les femmes se sentent moins en sécurité, car elles doivent faire face à l’inconnu. À Ancenis, elles peuvent "lâcher prise", estime Sophie.

Un centre de maternité sans salle d’accouchement

Sandrine Delage, directrice générale du Centre hospitalier Erdre et Loire d’Ancenis (CHEL), explique que même si le manque de gynécologues obstétriciens vient à se perpétuer, "Les services d’accompagnement prénatal et postpartum pourront se poursuivre".

Les femmes suivies à Ancenis seront transférées vers les maternités les plus proches pour accoucher, à Nantes, Angers, Châteaubriant et Cholet. "On l’a déjà fait sur des périodes relativement courtes allant de 24 à 72 heures", précise la directrice.

Bien que le départ à la retraite du gynécologue obstétricien en question ait été anticipé, les recherches s’avèrent pour le moment infructueuses. Sandrine Delage explique que le fond du problème n’est pas tant le manque de praticiens diplômés, car le CHEL a effectivement recruté 9 praticiens contractuels depuis 2017, mais la plupart d’entre eux sont vite partis.

On cherche depuis 6 ans.

Sandrine Delage

Directrice du Centre hospitalier d'Ancenis

Les complications proviennent du fait que certains chirurgiens ont préféré rejoindre des maternités de niveau 2, voire 3 (maternités où les accouchements à risque sont réalisés). Le CHEL dispose quant à lui d’une maternité de niveau 1, moins attractif pour les professionnels, car seuls des accouchements sans risques majeurs sont pratiqués.

De plus en plus de gynécologues obstétriciens choisissent aussi de s’éloigner de la salle de naissance pour rejoindre d’autres branches du métier, ce qui alimente le manque de praticiens dans les maternités.

Le phénomène auquel fait face la maternité de l'hôpital d’Ancenis-Saint-Géréon n’est pas un cas isolé puisque beaucoup de maternités de niveau 1 sont en difficulté sur l’ensemble du territoire français.

L’équipe se laisse jusqu’à septembre 2023 avant d’officialiser une quelconque décision. Le syndicat CGT appelle à se rassembler le 9 septembre à Ancenis afin de protester contre la fermeture de la salle d’accouchement du centre hospitalier.

Fabienne Béranger avec Romain Guesdon

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