Traversée de l'Atlantique à la nage, le défi fou d'un guérandais pour la protection de la biodiversité

Ce samedi premier avril était un grand jour pour Fabien Leroux. La mise à l'eau et le baptême de son radeau. C'est la concrétisation d'un projet qu'il mûrit depuis cinq ans. Un défi qu'il a imaginé sur son lit d'hôpital suite à un AVC : la traversée de l'Atlantique du Cap Vert à la Barbade...en nage libre.

C'est un drôle d'engin, un objet flottant, bleu et orange, une tortue floquée sur le bas côté, que la plupart des badauds, qui longent le port d'échouage de Pornichet ce samedi premier avril, peinent à identifier...pour le moment !

Car Fabien Leroux espère fortement que son projet sera bientôt connu de tous. 

Il envisage de traverser l'Atlantique à la nage.

En bi-palmes et en mono palme, "pour varier les plaisirs...enfin, il ne faut pas s'en cacher il y aura de la souffrance et de la difficulté" souffle t-il. 

Car il plongera sans assistance, en solitaire, en pure nage. Une traversée, qu'il sera le premier homme à réaliser de cette manière, c'est à dire sans bouée, contrairement à un autre français, Guy Delage qui en 1995 effectua le même parcours mais avec un flotteur. 

Porté par les alizées, suivant leurs routes, il entend ainsi parcourir les quelques 3920 kilomètres qui séparent le Cap Vert de l'île de la Barbade. 

Une embarcation unique au monde

Son seul compagnon de route sera ce radeau, baptisé Hop'cean, mis à l'eau pour la première fois ce samedi. Il tient à la fois de la cabane et du refuge : 1,88m de haut, 4,30m de long et 2,50m de large.

Un radeau prototype, fabriqué à la mesure du rêve de  l'aventurier nageur. Dessiné par François Lucas, architecte naval nantais, et navigateur expérimenté. Construit près de Nantes à Bouaye par l'atelier AT.FA.CO de Laurent Sourdille

Fabien nagera aux côtés de son engin. Tous deux seront attachés par une ligne de vie. Pour l'instant, la roulotte de 400kg n'est pas encore équipée de toute la technologie nécessaire à la réussite de ce défi. "Ce sera ma boussole, indique Fabien Leroux. Mon seul moyen de communication ".

Grâce aux courants, le nageur ne devrait avoir ni à le tracter, ni à le pousser. Il se hissera à l'intérieur pour reprendre son souffle et récupérer après avoir nagé chauqe jour douze heures par cycles de quatre heures, il s'y restaurera, dormira (un peu). Et cela 50 jours durant. 

Un défi personnel et une mission : recenser les effets de la pollution sur son parcours

Fabien Leroux se propose non seulement de relever "un défi sportif et mental hors du commun', mais

souhaite aussi, 

"déclencher une prise de conscience auprès du grand public, des entreprises et du gouvernement au sujet de la pollution plastique et la protection de la biodiversité dans nos océans".

Fabien Leroux

Le constat scientifique est déjà dramatique. Fabien Leroux le rappelle sur le site dédié à ce projet intitulé Ocean Heart. D'ici 30 ans, il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans, du fait de la pollution. " Les consommateurs doivent donc prendre conscience de l’impact écologique qu’ils ont et devenir écoresponsables. Il faut comprendre que nous sommes d’ores et déjà dans la zone rouge… ce n’est pas demain qu’il faut agir mais aujourd’hui !"

Par le biais d' Ocean Heart, Fabien Leroux s'est engagé à mener différentes actions : journées solidaires nettoyage de plages, concours de dessin dans les écoles, sensibilisation du public lors des évènements (salons, conférences…).

Lors de sa traversée, des photos et vidéos seront capturées et publiées sur les réseaux sociaux, afin de mettre en avant l’état des océans. Des données scientifiques seront relevées pour Météo France et Ifremer.

En attendant le grand départ, prévue le 16 décembre 2023, Fabien Leroux s'entraine : 45 minutes de footing et 2h de nage chaque jour.

Il cherche aussi sans relâche des sponsors, des soutiens pour boucler son budget estimé à 155 000 euros. Pour l'instant il a réussi à réunir 87 000 euros.

Ecrit avec Ophélie Perroux et Christophe François