ZAD du Carnet en Loire-Atlantique : les élus du secteur écrivent au préfet et les zadistes dénoncent les tensions

Les maires des six communes de Sud-Estuaire ont écrit une lettre au Préfet pour lui demander de faire évacuer le site occupé. Ils parlent de dégradation sur le port à sec voisin de la ZAD. De leur côté, les opposants au projet de parc éco-technologique réaffirment la légitimité de leur combat.

Pas de trêve de Noël pour les protagonistes de la future zone industrielle du Carnet qui continuent de fourbir leurs arguments.
 

Une zone naturelle de 110 hectares

La zone du Carnet, située entre Frossay et Saint-Viaud en Loire-Atlantique, a été choisie par le port de Nantes-Saint-Nazaire comme site d'investissement pour y aménager un site éco-technologique. 

Le collectif "Stop Carnet" opposé à ce projet dénonce l'artificialisation de cette zone naturelle de 110 hectares, dont 51 hectares de zone humide en bord de Loire.

Après une forte mobilisation fin août pour s'opposer au début des travaux d'aménagement, des militants se sont installés sur place, créant de facto une "zone à défendre".


Une lettre au préfet de Loire-Atlantique

Les maires des communes concernées par le projet, à savoir Corsept, Frossay, Paimboeuf, Saint-Père-en-Retz et Saint-Viaud ont écrit un courrier au préfet de Loire-Atlantique le 23 décembre pour lui demander d'intervenir et de faire évacuer le secteur occupé.

Les élus regroupés au sein de la communauté de communes de Sud-Estuaire expliquent dans leur lettre que "cette installation, sans aucune autorisation, au mépris des lois de la République, bafoue l’autorité de l’Etat. Elle entraîne des nuisances pour les habitants, les agriculteurs, les entreprises".

Et de citer notamment l'impossibilité de procéder aux battues de sanglier en raison de l'occupation illégale des lieux.

Sylvain Scherer, le maire de Frossay, demande l'expulsion des zadistes depuis le mois de septembre dernier.

"Ça a débuté dans une ambiance bon enfant je dirais, avec pique-nique, etc" constate l'élu de la commune où se situe principalement la ZAD,  "et là maintenant on en est à la barre de fer et cassage de matériel".

"Qu'on supporte que l'état de droit ne soit pas respecté ça c'est insupportable" rajoute Sylvain Scherer qui déplore "on ne peut pas accéder à une route départementale".

Toujours selon ce courrier des élus,  des dégradations ont eu lieu dans la nuit du samedi 19 décembre au dimanche 20 décembre dans le port à sec de Frossay géré par la société "Les Portes de l’Atlantique" et situé près de la ZAD du Carnet.

"La société fait face à des désistements de clients, qui craignent pour leur bateau" affirment les élus dans leur courrier ,"les faits leur donnent raison. La nuit dernière, la société a fait l’objet de dégradations (clôture endommagée, bateaux tagués). Les messages de tags laissent peu de doute sur les auteurs des faits".

Plusieurs bateaux ont été tagués avec des inscriptions appelant au "sabotage" et à la "résistance".

Le fondateur de ce port à sec déplore ces dégradations qu'il impute aux zadistes du Carnet.

"C'est eux, on les a vu casser la voiture et dégrader les bateaux" accuse Jean-François Mazan qui précise avoir porté plainte "pour vol et dégradation".

Le président de la communauté des communes du Sud-estuaire Yannick Morez (et également maire de Saint-Brévin) a également écrit un courrier au Grand Port Maritime de Nantes-Saint-Nazaire propriétaire du site, dans lequel il s'étonne :

"Vous n’avez pas à ce jour porté plainte pour permettre aux autorités d’agir et de faire évacuer les zadistes. Ceci n’est pas admissible".
 

Des tensions sur le site

De leur côté, les militants écologistes opposés à ce projet d'extension du Grand Port maritime de Nantes-Saint-Nazaire dénoncent dans un communiqué " le climat de tension actuel qui gronde contre notre occupation et appelons à l’apaisement".

Pour les opposants mobilisés sur le site du Carnet le projet de parc éco-technologique est "absurde et destructeur".

"Alors que le territoire regorge de friches industrielles" écrivent les zadistes, "au Carnet, on compte draguer la Loire, rejeter des quantités hors normes d’arsenic, détruire 116 espèces protégées, acheminer 500 000 m3 de remblais, bétonner 51 hectares de zones humides, pour aménager un parc dit “éco-technologique” régulièrement inondé dès 2030" 

Gabriella Marie, du collectif "Stop Carnet", dénonce l'attitude des maires signataires du courrier au préfet : "Ils sont complices d"un projet délétère et mortifère" affirme-t-elle.

"La ZAD ce n'est pas une entité" renchérit la militante écologiste, "derrière la ZAD il y a des habitants avec leur charge mentale, avec leur charge familiale, avec leur vécu".

"Comment peut-on demander l'évacuation de la ZAD alors qu'il y a quelques individus qui ont vrillé et que ne cautionne ni le collectif ni la ZAD qui veut être précisément dans un souci d'apaisement" termine Gabriella Marie.

Les militants écologistes rappellent aussi que le projet d'aménagement du site du Carnet sur 51 hectares de zone humide en bord de Loire bénéficie d'un avis défavorable du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel.

L'avis n'a qu'un pouvoir de recommendation, reconnaissent les zadistes.

Sollicités,  ni le Grand port Maritime de Nantes-Saint-Nazaire ni la Préfecture de Loire-Atlantique n'ont réagi à l'heure où nous écrivons ces lignes.


> Le reportage de notre rédaction

 

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