Le conseil d'administration de l'université d'Angers a voté à l'unanimité une motion relative à l'élection présidentielle, indiquant que l'extrême-droite représente une menace pour l'enseignement universitaire.
Les lendemains du premier tour de l'élection présidentielle sont angoissants pour le milieu universitaire. Depuis la qualification au second tour de la candidate du Rassemblement National Marine le Pen, les facs de la région prennent position.
Au lendemain de l'envoi d'un mail invitant à "faire barrage à l'extrême-droite" par la présidente de Nantes Université à près de 40 000 étudiants, professeurs et personnels, c'est au tour de l'université d'Angers d'exprimer des inquiétudes quant à l'issue du scrutin présidentiel. Le Conseil d'administration, composé de 22 élus représentant les enseignants, enseignants-chercheurs, et personnels administratifs et techniques, a voté une motion à l'unanimité, exprimant de vives inquiétudes concernant le contexte politique.
L’extrême-droite, ses valeurs et ses idées constituent une menace pour le service public de l’Enseignement supérieur et de la recherche, lieu d’émancipation par les savoirs, de vie sociale et de développement de l’esprit critique.
Conseil d'administration de l'université d'Angers
L'université affirme : "Nos métiers, nos études, nos recherches en tant qu’étudiants et personnels sont à l’opposé des idées propagées par l’extrême-droite".
La prise de position des universités de Nantes et d'Angers survient après la publication, ce mardi 12 avril, d'un communiqué par France Universités, une association qui rassemble les dirigeants d'universités. Celui-ci appelle à "combattre l’extrémisme que porte la candidature de Marine Le Pen et à voter pour Emmanuel Macron".
Des dérives qui se multiplient
Dans le même temps, le Conseil d'administration alerte sur la recrudescence d'"actes racistes, antisémites ou fascistes" ces derniers mois : croix gammées taguées dans les toilettes, un collage géant "L'immigration tue", ou encore la distribution d'un tract "infamant, raciste, sexiste et LGBT-phobe".
L'université s'inquiète aussi de menaces sur la liberté académique : "Certains de ces actes touchent directement des enseignants : des cours ont été interrompus par des remarques de soutien aux candidats d'extrême-droite, des enseignants sont pris à partie sur les réseaux sociaux par des étudiants dévoilant leur nom et contenu de cours, et des médias d'extrême-droite attaquent nommément des collègues et leurs recherches liées aux études de genre et à l’intersectionnalité."
David Cayla, Vice-Doyen et assesseur à la pédagogie à la faculté de droit d'économie et de gestion d'Angers, a constaté des dégradations ce vendredi 15 avril.
La motion votée par le Conseil d'administration conclut en indiquant qu'il "appelle la communauté universitaire à utiliser son vote en pesant la gravité du moment".