L'association LGBTI+ d'Angers, Quazar, porte plainte contre Éric Zemmour. Dans son livre "la France n'a pas dit son dernier mot" le candidat d'extrême droite à la présidence de la République qualifie la déportation d'homosexuels de "légende".
L'association LGBTI+ Quazar, avec cinq autres associations anti-homophobie, porte plainte contre Éric Zemmour pour "contestation de crime contre l'humanité". Accusant le candidat à l'élection Présidentielle de nier la déportation des homosexuels durant la seconde guerre mondiale.
Ces associations, Inter-LGBT, Stop Homophobie, SOS Homophobie, Mousse, Adheos et Quazar,visent par cette plainte simple une phrase précise du polémiste parue dans son livre en septembre 2021, "La France n'a pas dit son dernier mot" aux éditions Rubempré, (une société d'édition crée par Éric Zemmour). "La déportation en France d'homosexuels, en raison de leur orientation sexuelle, comme on dit aujourd'hui, est une légende".
Une polémique en 2012
Du côté d'Éric Zemmour on s'étonne que cette plainte soit déposée à 19 jours du premier tour de l'élection, "alors que toute la presse a scruté son ouvrage sans relever ce passage".
Stéphane Corbin, le président de Quazar : "J'avoue ne pas être lecteur de la prose zemmourienne. De plus, il nous a fallu travailler avec notre avocat sur la question des faits historiques. Et ça ne se fait pas d'un claquement de doigts. Donc voilà, la plainte abouti seulement maintenant". À sa connaissance 44 arrestations auraient été effectuées dans l'ouest, qui auraient conduit à 21 déportations.
Dans son ouvrage, Éric Zemmour reprend à son compte les propos du député de droite Christian Vaneste tenus en 2012. Lorsque la polémique avait éclaté en 2012, le président de l'association des Fils et Filles de Déportés Juifs de France, Serge Klarsfeld, avait déclaré qu'à sa connaissance, il n'y avait pas eu "d'homosexuel déporté de France". "Parmi les déportés, il y avait des homosexuels, mais ils ont été déportés comme Juifs, résistants ou droits communs", avait ajouté M. Klarsfeld.
Les associations affirment au contraire que "la déportation des homosexuels lors de la Seconde Guerre mondiale est une réalité historique établie", qui a été reconnue à plusieurs reprises par des dirigeants français, tels que l'ex-chef de l'État Jacques Chirac en 2005, ou l'ex-Premier ministre Lionel Jospin en 2001.
En France, au moins 500 hommes accusés d'homosexualité ont été arrêtés. Parmi eux, au moins 200 furent déportés pendant l'occupation allemande
Les associations LGBT se fondant sur les travaux d'historiens
D'autres ouvrages plus récents, fondés notamment sur les archives françaises, parmi lesquels "Les homosexuel.le.s en France, du bûcher au camp de la mort" (Ed.Tiresias-Michel Reynaud), écrit par l'historien Arnaud Boulligny, appuient leur plainte.
Les associations accusent Éric Zemmour de "falsifier l'histoire pour justifier ses positions homophobes". C'est la première fois que des poursuites sont engagées contre des propos niant la réalité de la déportation des homosexuels en France pendant la seconde guerre mondiale.