Chaque jour, 60 000 véhicules lui tournent autour, avec leur lot de pollution. Érigée au milieu du boulevard éponyme, la statue du Roi René sera déplacée dans un endroit plus paisible, à quelques dizaine de mètres de son emplacement initial dans un secteur verdoyant rendu aux piétons. Trois emplacements sont envisagés.
Coincée entre de Gaulle et Kennedy, le bronze sali, son socle abimé par la poussière et les particules fines de la pollution automobile, elle est devenue au fil du temps, aussi invisible qu'un élément parmi d'autres du mobilier urbain.
Et pourtant, la statue du roi René, le bon roi des angevins, est un des emblèmes de la ville.
Sculptée par le non moins emblématique David d'Angers dans les années 1850, elle vise à célébrer la vie et l'œuvre du prince René d'Anjou. Non pas ses faits d'armes et de politique mais bien plutôt son amour des arts et des lettres.
Car lui-même artiste, écrivain et peintre le roi René rédige au milieu du XVe siècle son "Livre des tournois ou traité de la forme et devis d'un tournoi", un recueil de règles concernant le déroulement de tournois, qui sera son plus grand succès littéraire en tant qu'écrivain.
Ce n'est donc pas pour rien, si le sculpteur a déposé aux pieds du roi René, à côté de son bouclier, une harpe, une palette et des pinceaux, une plume et un parchemin.
Trouver sa juste place
Si le déménagement de la statue n'est pas un sujet à Angers, encore faut-il lui trouver un endroit adéquat pour continuer à trôner. Si possible non loin du château où le roi est né.
La mairie a donc décidé de tester plusieurs options. Elle a fait fabriquer une réplique, un gabarit de même taille que la statue, en bois et polystyrène et va, ce lundi 2 mai, le déplacer en trois endroits différents pour déterminer l'emplacement le plus pertinent.
Une démarche qui préfigure le réaménagement de ce quartier qui a vocation à devenir plus vert, largement piétonnier, dédié aux déplacements doux.
Une concession à la légende
Mais ce déplacement ne se fera pas sans égratigner la légende qui entoure cette statue.
On dit en effet que la hauteur du monument a été spécifiquement calculée pour que le regard du Roi René croise à jamais celui de son aimée, sa deuxième épouse Jeanne de Laval.
Celle-ci a en effet sa propre statue à Beaufort-en-Vallée, perchée au sommet d’une colonne-fontaine, haute de 12 mètres.