Sa tête victorieuse (2-1) à Marseille a crevé les écrans: Romain Thomas, défenseur d'Angers, a failli ne jamais connaître ces moments-là, quand en juillet 2010, dans une impasse à Brest à la fin de son premier contrat pro, il n'avait pour seule perspective qu'un stage avec des footballeurs-chômeurs.
"Plaisir" est un mot qui revient souvent dans la bouche de Denis Renaaud, 27 ans dont la saison actuelle dépasse sans doute ses rêves de gamin à Landerneau, dans sa Bretagne natale. Alors que son avenir dans le foot se bouchait, c'est donc un stage de l'UNFP (Union nationale des footballeurs professionnels) pour les joueurs sans contrat qui lui a offert une seconde chance.
Le jeune homme formé à Brest avoue avoir traîné un peu des pieds avant de saisir cette bouée de sauvetage. "J'avais pas forcément envie d'y aller au départ parce que c'était pas très attrayant, c'est vrai. Bon, à 22 ans, tu te crois des fois trop beau, plus beau que tu n'es", admet-il. Mais il en parle aujourd'hui comme d'une expérience qui a littéralement changé sa vie. "Une fois là-bas, on est tous dans le même bateau. Sincèrement c'est une ambiance de folie, il y a une belle entraide entre tous les joueurs", raconte-t-il. Il réalise qu'il n'a "peut-être pas fait tout ce qu'il fallait pour percer" et qu'il avait "sûrement des manques aussi". "Peut-être que c'était trop tôt pour moi, tout simplement", ajoute-t-il.
Rencontre avec Denis Renaud
Il y rencontre Denis Renaud, ex-entraîneur du Paris FC, alors à la tête de Carquefou en CFA, et depuis "ça fait cinq saisons et demi que je prends mon pied", sourit-il.Denis Renaud m'a lancé et m'a laissé m'épanouir. J'ai repris la confiance en moi sur le terrain que j'avais perdue à Brest",
se souvient-il. Le technicien n'a d'ailleurs que des compliments pour parler de son ancien protégé. "C'est quelqu'un qui a tout compris dans le milieu du foot, qui a tout compris par rapport à sa carrière, qui fait attention au moindre petit détail sur le terrain
et en dehors", a-t-il expliqué récemment dans un reportage sur Romain Thomas. Avec Carquefou, il connaît la montée en National en 2012 et l'été suivant, Axel Lablatinière, le recruteur du SCO glisse son nom à Stéphane Moulin pour venir renforcer Angers.
"Je partais pas titulaire au départ, mais (Moulin) m'a lancé tout de suite et voilà, ça fait deux ans et demi que je suis au club et ça fait deux ans et demi que je joue. Peut-être que si j'étais tombé sur une autre personne, ça aurait moins bien pris", avance le défenseur.
Monsieur propre
Avec son 1,93 m, Thomas ne passe pas inaperçu. Mais aujourd'hui, ce n'est pourtant pas à son physique qu'il doit sa réputation croissante: il se distingue depuis le début de la saison par ses prestations solides et surtout très propres - il ne commet en moyenne qu'une seule faute par match. Une statistique impressionnante mais guère surprenante, si l'on prend la peine de s'intéresser au travail qu'il y a derrière l'organisation du SCO, deuxième meilleure défense de L1. "C'est réducteur de dire qu'on est une équipe défensive, ça ne veut pas dire grand-chose. On peut pas tous jouer comme le Barça ou le Bayern Munich. Mais c'est un art de défendre aussi", explique le défenseur. "On joue avec nos valeurs. Alors après ça plaît ou ça déplaît, c'est le travaildes journalistes d'analyser notre jeu, mais nous on prend plaisir à faire ce qu'on fait", assure-t-il.
Romain Thomas fait certainement partie des joueurs angevins qui seront très sollicités cet été, mais il se voit bien rester. Parce qu'il a encore deux ans de contrat, mais aussi par fidélité et par ambition, lui qui aime à répéter "je ne me fixe aucune limite".
"Je me plais énormément à Angers. On a entamé quelque chose et j'aimerais voir jusqu'où ce bateau peut aller". Parole de breton.