C'est un effet de la pandémie de Covid-19 : de plus en plus de salariés décident de suivre une formation pour changer de métier. L'an dernier, dans les Pays de la Loire, on a observé une hausse de 30 % des salariés qui souhaitent se reconvertir, pour trouver du sens dans leur travail.
Ils étaient agent SNCF, réceptionniste, cuisinier ou employé de bureau...Tous lassés de leur métier, et avec pour point commun : une passion pour le fromage.
Ils ont décidé de changer de vie en se formant au métier de crémier-fromager. Une formation en alternance unique dans le Grand Ouest, dispensée au centre de formation des apprentis de la Pommeraye, entre Angers et Nantes.
Ils ont chacun leur âge, leur caractère, leur histoire. Mais tous partagent un même goût du contre-pied. "Je vous donne un indice vu que c'est votre première dégustation à l'aveugle. Vous avez un fromage étranger", glisse le formateur à la promotion en reconversion.
13 adultes, entre 22 et 56 ans ont tout plaqué pour devenir fromager. Un désir de changement né avec la crise du Covid.
Pour Christelle Trottier, autrefois responsable en communication : "ça a été le déclic de me dire, je n'en peux plus en fait, je n'en peux plus de cette vie qui n'a aucun sens. Je n'en peux plus de ce manque de valeurs, je n'en peux plus de devoir obéir à des injonctions qui ne sont pas les miennes et de faire quelque chose qui n'a pas de sens ou qui n'en a n'en a plus en tout cas".
"Ça s'est passé pendant le confinement. J'étais cuisinier et c'était compliqué dans la restauration. Je me suis dit que c'était peut-être le bon moment pour changer, tout simplement", explique Julien Bordes.
Pendant un an, ils suivent des cours théoriques et pratiques et travaillent en alternance dans des fromageries.
Pour avoir accès à ce contrat de professionnalisation, la plupart ont dû démissionner de leur précédent métier.
C'est le cas de Ludovic Loizel, ancien responsable logistique : "quand on reprend les études comme ça en alternance on retombe au SMIC, donc environ 1 200 euros par mois. Pour moi, ça représente une baisse de 30 à 40 % par rapport à ce que je pouvais avoir avant. Ce n'est pas négligeable parce que je venais d'acheter une maison et j'ai un enfant en bas âge, forcément ce sont des charges au quotidien."
Pour répondre à cet engouement récent pour le métier de fromager, les professionnels ont mis en place et financé leur propre diplôme : un certificat de qualification professionnelle, délivré par une poignée de centre de formations en France.
"Ça sert à accompagner des gens en reconversion pour leur donner le bagage technique pour pouvoir correctement exercer la profession. Moi je fais partie d'une génération où il n'il y avait pas de formation. Il n'y avait pas cinquante solutions, on se formait sur le tas ou familialement mais c'est tout. On avait pas d'outils pour nous aider.", rappelle Philippe Gireaud, artisan fromager et délégué régional de la fédération des fromagers de France.
A l'issue de leur formation, certains exerceront chez un fromager, d'autres ouvriront leur propre affaire. Alors que les candidatures pour une nouvelle promotion commencent déjà à affluer.