Coronavirus, à Angers, Scania sur la route de la reprise du travail , mais à vitesse modérée

La production de camions Scania a repris sur le site d'Angers ce lundi 27 avril, deux semaines avant la fin du confinement. L'activité sera cependant réduite pour répondre aux exigences de sécurité, en raison de l'épidémie de Coronavirus.

La reprise annoncée la semaine dernière a eu lieu, ce lundi 27 avril, à Scania Angers. Mais à allure modérée. L'outil de production, fermé en grande partie  le 17 mars dernier, jour du confinement général imposé par le gouvernement, nécessite un redémarrage en douceur.

Deux semaines avant la fin officielle du confinement général, l'entreprise se remet en marche mais avec des paramètres inédits. "Nous recommandons aux personnes à risques de ne pas reprendre le travail et d''autres devront assurer la garde de leurs enfants", confirme le directeur de la communication.  Les personnels administratifs dont l’activité le permet vont, quant à eux, poursuivre leur activité en télétravail.

 

 

Reprendre le travail, à quel prix?

Selon Cyril Duval, délégué syndical CFDT, environ 500 personnes ont rejoint l'usine, sur les 750 que compte l'entreprise. "Beaucoup d'entre eux sont désireux de reprendre. Certains ont des problèmes d'argent, la perte de salaire est de l'ordre de 20% en raison du chômage partiel", explique-t-il.

A la question sur les conditions de la reprise, le délégué poursuit : '' Nous avons repris le 28 avril à 6h30. Les salariés étaient convoqués et rassemblés par service, pour un long briefing sur les consignes de sécurité sanitaire et les process de travail. Les mesures sont relativement sérieuses, à savoir que nous avons trouvé du gel hyro-alcolique, des masques, des gants et tous les équipements requis pour travailler correctement. Ça a démarré en douceur avec une dizaine de camions hier et on est passé à une vingtaine aujourd'hui''.

A la question sur l'esprit de la reprise chez les salariés, Cyril Duval ne cache pas que c'est une rentrée particulière : ''Heureusement, le temps de travail est adapté à la situation, on a plus de temps pour produire. Parce que c'est pas top d'arriver en tenue de travail et repartir en tenue de travail. Pas de vestiaire, pas de cantine, pas de fontaine à eau.... ça change vraiment. Mais on commence à 7h, un petit briefing et à 7h07 on est sur la ligne de production, on a une pause de 20' en matinée et à midi on a fini. Mais faut pas croire, tous ces gestes barrières au boulot, c'est lourd.''

Le syndicat avait revendiqué santé et sécurité pour les personnels en contre-partie de la reprise du travail, les choses semblent acquises. ''On est bien plus protégés ici à notre poste de travail que dans certaines grandes surfaces où les gens sont les uns sur les autres'' conclut le délégué.

La CGT, de son côté, a émis un avis défavorable à la reprise du travail. C'est une position qui ne concerne pas uniquement Scania, mais toutes les entreprises ne contribuant pas à la production de biens de première nécessité.
 

Des mesures de protection 

Pour permettre la reprise du travail, "le process d'assemblage des camions a été modifié afin de respecter les règles de distanciation d'1,5 mètre entre chaque salarié. Chacun sera équipé de masques, de gants et de visière de protection si nécessaire", assure Jean-Philippe Martin. 

Les salariés devront également prendre leur température avant d'arriver sur le site et pour limiter l'accès aux vestiaires, ils arriveront équipés de leur tenue de travail. Lors des temps de pause, ils devront respecter une distance de 2 mètres entre eux.

En temps normal, 55 camions sont produits chaque jour sur les chaînes d'assemblage.La direction tablait sur 12 camions le premier jour de reprise. La production devrait ensuite grimper à 18-20 camions par jour. "On se laisse le temps de redémarrer de manière graduelle", souligne Jean-Philippe Martin.


 

 
 

Scania à Angers, mais aussi en Europe et dans le monde

Selon une dépêche AFP du 27 avril, le constructeur suédois Scania, propriété de la branche poids lourds de Volkswagen, a indiqué lundi avoir doucement repris sa production en Europe et au Brésil plus d'un mois après l'arrêt annoncé de celle-ci en raison du nouveau coronavirus.

En France - où quelque 2.500 salariés travaillent pour le groupe, dont 1.000 sur le site d'assemblage de camions à Angers - comme au Brésil, le groupe installé au sud de Stockholm dit lancer des tests de redémarrage à compter de cette semaine.
           
Le constructeur avait indiqué mi-mars interrompre la plupart de sa production face à la propagation du Covid-19. Une porte-parole du groupe a annoncé lundi à l'AFP le redémarrage de la production en Suède et aux Pays-Bas la semaine dernière
"mais à capacité fortement réduite".
 

"On est loin du niveau d'activité en temps normal", Karin Hallstan, porte parole de Scania
 

"C'est un processus progressif dans l'ensemble du système, cela dépend à la fois de nous, de nos fournisseurs et de ce que sera la demande pour nos produits lorsque les choses s'assainiront", a expliqué Mme Hallstan. "On est loin du niveau d'activité et des volumes (enregistrés) en temps normal", a-t-elle ajouté.

Il est toutefois encore trop tôt pour prévoir un retour à la normale, selon Scania, qui explique devoir composer avec les réglementations locales de lutte contre le virus actuellement en vigueur, et le maintien d'une distanciation sociale entre
les employés sur leur lieu de travail.

Le constructeur de poids lourds, dont le siège social est en Suède mais qui appartient à la division camions de Volkswagen, Traton, emploie environ 52.000 personnes dans le monde, dont quelque 14.000 en Europe. L'entreprise produit environ 100.000 camions et autobus par an, dont 80% sont fabriqués en Europe.