Ils sont 11 sportifs à prendre le départ de la course reliant Angers à Dénia en Espagne. Des cyclistes prêts à parcourir plus de 1400 km à vélo dans le but de récolter de l'argent pour des associations liées au handicap. C’est Ent’Raid, une association angevine, qui porte cette aventure sportive, mais avant tout humaine.
Ils ne vont pas ménager leurs efforts, ils sont prêts à gravir les Pyrénées, à suer sous le soleil espagnol pour arriver à Dénia. Ils partent ce vendredi d'Angers et sont attendus le 1ᵉʳ juin avec impatience par tous les enfants et bénévoles de l'association Contenados Al Bordillo. Une semaine pour relier les 1400 km qui séparent les deux villes.
Ce défi au départ d'Angers est un exploit sportif, mais aussi humain. En 6 éditions cumulées, Angers-Dénia représente la distance de Paris-Buenos Aires aller-retour, un dénivelé équivalent à 125 ascensions de l’Everest et plus de 80 500 € ont été récoltés au profit des associations. Un bilan qui motive toujours plus ces cyclistes au grand cœur.
Rencontre avec David Maillochon l'un des fondateurs de l'association Ent'Raid et de ce défi sportif.
Comment est né le défi Angers-Dénia au profit de l'association Contenados Al Bordillo ?
Franck Garanger qui est investi au sein de l'association Ent'Raid, vit entre Dénia en Espagne et Angers. Sportif, il a proposé en 2011 de faire à deux, trois un petit challenge à vélo : rallier les deux villes sans objectif particulier.
Sur place, ils ont rencontré l'association Contenados Al Bordillo. Et là, ils ont pris un coup de bambou, en voyant qu'il y avait plein de gamins handicapés, qui étaient pris en charge par des bénévoles. Ils ont trouvé ça super. Et donc en rentrant, il m'a dit, qu'on pourrait faire un truc avec eux.
On s'est dit, tous les deux ans, on va y aller à vélo et essayer de créer une espèce de synergie entre des partenaires éventuels qui pourraient verser de l'argent, des associations à soutenir et puis nous. Une espèce de triptyque comme ça.
En 2013, année de ma première participation, on a récolté une dizaine de milliers d'euros. Et puis le truc a grossi, on a communiqué beaucoup plus, on a embarqué beaucoup plus de partenaires dans l'aventure. Aujourd'hui, voilà, on a 11 coureurs, 2 motos, 2 camions.
C'est un défi sportif et humain ?
Nous sommes tous des sportifs, mais pas tous des cyclistes. Moi le premier d'ailleurs. En fait, l'idée était de créer un challenge sportif et solidaire pour mettre un focus sur ce qu'on fait avec les assos que l'on soutient.
Perso, ça ne m'amuse pas du tout de faire du vélo. Moi, je fais du sport, mais le vélo, je n'aime pas vraiment ça. Je dis souvent que s'il y avait une rivière qui allait jusqu'à là-bas, on pourrait y aller en kayak.
C'est vrai qu'on vit un truc sportivement hyper difficile, mais qui humainement est hyper fort. Nous, on va souffrir neuf jours sur nos vélos, mais quand je vois ce que vivent ces gamins-là ou ces familles-là, je me dis, qu'on est des nantis, on a une chance incroyable.
On a l'impression de faire un truc concret qui sert à quelque chose et qui change un petit peu la vie des gens quelque part.
David MaillochonL'un des fondateurs du défi Angers-Dénia
Des anecdotes, des souvenirs ?
L'arrivée en Espagne est dingue parce qu'il y a tous les gamins de l'asso Contenados Al Bordillo, les parents. Quand on arrive à Dénia, il y a le club cycliste de la ville qui nous attend et qui roule avec nous les 50 derniers kilomètres. Mais ils sont complètement barjots. Ça roule à 40 à l'heure, nous, on est cuit, mais ils nous poussent comme des bêtes, donc c'est marrant.
Il y a aussi la police de la route qui nous attend, qui nous escorte jusqu'à l'école. Tous les gamins sont sur leurs petits tricycles, leurs petits vélos, leurs petits trucs…
L'arrivée est incroyable. Tout le monde chiale, on est tous crevés… C'est hyper émouvant, ça prend vraiment du sens.
David MaillochonCycliste au grand cœur
En 2022, il y avait une dame en larmes à l'arrivée qui est venue nous voir. Elle nous a dit : "moi, je suis belge, je suis venu vivre à Dénia parce que c'est le seul endroit où il y avait une structure qui pouvait accueillir mon fils et puis faire en sorte qu'il ait une vie à peu près décente". Elle avait tout lâché, elle était complètement bouleversée de nous voir arriver là.
Et c'est vrai que nous, à chaque fois qu'on fait ça, on leur verse quand même entre 10 et 15 000 euros à chaque fois. Donc ce n'est pas rien. Ça a complètement changé leur vie.
Et du coup, Contenados Al Bordillo accueille aujourd'hui plus d'une centaine de gamins, avec plein de bénévoles, ils embauchent dans l'asso les gamins les moins atteints intellectuellement. Enfin, c'est un truc dingue ce qui se passe là-bas. Les gamins valides du collège sont hyper impliqués aussi. C'est un vrai modèle d'intégration des gens différents.
Comment financez-vous le voyage ?
On organise des événements au sein de l'association, notamment un concert au Chabada. Le groupe nantais Cachemire a joué cette année, la salle était pleine, c'était une soirée énorme qui nous a ramené 10 000 euros net. Et donc ça veut dire qu'une soirée comme ça, nous finance quasiment le voyage. Finalement, 98% de ce que les partenaires donnent, va aux associations.
Cette année, on va avoir un budget entre 40 et 50 000 euros, ça veut dire qu'on va reverser pas mal d'argent à pas mal d'associations. C'est important que nos partenaires et les associations sachent exactement où va l'argent.
Qui sont vos partenaires ?
On est tous des chefs d'entreprise, on a pas mal de réseau. Donc finalement, on a touché beaucoup de gens du coin. Nos partenaires sont donc liés à nos relations. En fait, ce sont des gens qui n'ont rien à y gagner, mais ils sont touchés par l'aventure, ils ont envie de faire partie du truc.
Et on ne fait pas que de leur demander de l'argent, parce qu'on organise régulièrement des événements pour qu'ils se sentent, eux aussi, concernés.
Ce n'est pas juste histoire de demander de l'argent et puis basta.
David Maillochon
Stéphane Moulin, ancien entraîneur d'Angers SCO, est le parrain cette année...
Il a accepté tout de suite. Il s'investit, ce n'est pas juste pour mettre son nom sous le truc, il vient aux soirées. Il est super actif, il a vraiment envie de nous aider. Donc c'est chouette. C'est vraiment un mec super, hyper humble, qui est quand même une légende locale du foot.
Il est pas mal pris avec ses activités. Mais il est au départ à Angers, ça, c'est sûr. Il essaie d'être là à Dénia, mais bon, il n'y a rien de sûr.
Quelles sont les associations que vous soutenez ?
On a commencé avec les copains d'Elsa. C'est une association qui s'occupe de petites filles handicapées atteintes du syndrome de Rett, une maladie hyper rare, dégénérative, proche d'une mucoviscidose. C'est un syndrome strictement féminin.
Il y a donc Contenados Al Bordillo en Espagne qui s'occupe essentiellement de gamins ou de jeunes adultes handicapés. Aujourd'hui, plutôt que de mettre tous les œufs dans le même panier et de reverser beaucoup à une ou deux associations, on s'est dit qu'on reverserait un peu moins à beaucoup plus d'associations.
On est aussi avec la Maison de l'autisme, Cap'Adapt, qui est un lieu où les personnes handicapées, les valides, non valides, font du sport ensemble. On soutient une équipe de foot pour malvoyants, ainsi qu'un projet pédiatrique à l'ICO, l'Institut de Cancérologie à Angers. Le comité féminin 49 qui organise octobre rose. Voilà, on a essayé de diversifier un peu les associations auxquelles on reverse de l'argent.
Buena suerte a estos generosos atletas : bon courage à ces généreux sportifs !
►Cagnotte en ligne pour soutenir Ent'Raid et le défi Angers-Dénia
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