Après les nouvelles révélations de violences sexuelles contre l'Abbé Pierre, les membres de la communauté Emmaüs Angers veulent se détacher de l'image de celui qu'ils considéraient comment leur père spirituel. Malgré la tristesse et colère, les bénévoles et les compagnons souhaitent faire perdurer les valeurs d'entraide du mouvement.
C'est un nouveau choc. Après une première cascade de révélations concernant des violences sexuelles commises par l'Abbé Pierre, une nouvelle slave est sortie en fin de semaine dernière. Au total, 24 femmes accusent le cofondateur du mouvement Emmaüs de harcèlement ou d’agressions sexuelles entre les années 1950 et 2000.
À la suite de ces récentes accusations, la Fondation Abbé Pierre a annoncé vouloir changer de nom. Alors, faut-il occulter la figure de celui qui a souvent été la personnalité préférée des Français ? À Saint-Léger-de-Linières, où est implantée la communauté Emmaüs d'Angers, l'heure est à la prise de conscience.
C'était un homme formidable, je n'arrive pas à m'y résoudre
GérardBénévole aurpès de la communauté Emmaus d'Angers
Dans le centre de dépôt-vente, Gérard trie quelques sacs et autres textiles qui viennent d'être donnés à la communauté. Un large portrait de l'Abbé Pierre le surplombe. Accroché aux murs de l'atelier, le visage du religieux semble veiller sur lui.
Ce mardi 10 septembre, au matin, Gérard peine à croire aux nouvelles accusations qui accablent le fondateur d'Emmaüs. "C'était un homme formidable, je n'arrive pas à m'y résoudre", admet-il. Il faut dire, l'Abbé Pierre a changé la vie du retraité : c'est en intégrant la communauté d'Angers à la fin des années 1990 que Gérard a pu trouver un toit et un travail.
Faire vivre le mouvement
De son côté, Jacky assure que tout l'enjeu est de continuer à défendre les valeurs d'Emmaüs sans se laisser ternir par la désormais image de prédateur sexuel de l'Abbé Pierre. "Ce n'est pas parce que l'idée que l'on se faisait de lui est partie que le mouvement ne doit pas continuer", appuie-t-il.
Bénévole depuis près de 20 ans, il vient donner un coup de main à la communauté d'Angers deux fois par semaine. Une routine à laquelle il est attaché et dont il ne compte pas se séparer. "Emmaüs à beaucoup capitaliser sur l'image de l'Abbé Pierre, maintenant, il va juste falloir arriver à s'en passer", estime Jacky, convaincu que le mouvement peut continuer à vivre, loin de la figure de son fondateur.
Plus loin, Philippe s'occupe de la réception des dons de livre. Le retraité est membre de la communauté d'Angers depuis sa création en 1982. Il avait même rencontré l'Abbé Pierre lors de sa venue en 1996. Ce mardi, le bénévole se dit remplit de tristesse face aux nouvelles accusations. "Ce sont des crimes", n'hésite-t-il pas à appuyer d'un ton grave.
Toutefois, pour Philippe, pas question de retirer le nom de l'Abbé Pierre du logo d'Emmaüs : "Il va effectivement falloir repenser notre manière de présenter le mouvement, mais je ne pense pas qu'il faille totalement l'occulter. On doit assumer qu'il est à l'origine de la création d'Emmaüs."
Il n'est pas question de remettre en cause la parole des victimes
Françoise ViaultCo-présidente d'Emmaüs Angers
François Viault, la coprésidente d'Emmaüs Angers affirme quant à elle qu'un questionnement sur l'image de la communauté doit être fait. "Voir le visage de l'Abbé Pierre accroché un peu partout sur nos murs, ça peut faire souffrir certaine personne. Et, comme il n'est pas question de remettre en cause la parole des victimes, on va prendre le temps de voir la réalise en face et en tirer des conclusions", assure-t-elle.
Ainsi, une réunion est prévue ce jeudi 12 septembre entre les membres et les responsables de la communauté d'Angers pour discuter de la future identité de ce centre.
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