Installation de jeunes agriculteurs bio ou agrandissement d'exploitations conventionnelles ? La bataille fait rage autour de l'attribution de 170 ha de terres

La mobilisation couve dans le bocage angevin avec comme objet de crispation un sigle : Safer du nom de la structure qui s'occupe du foncier agricole. Son fonctionnement, sa composition à dominante FDSEA irritent les représentants d'une agriculture paysanne. L'organisme vient de retoquer le projet d'installation de quatre agriculteurs bio.

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Deux visions du monde agricole qui s'affrontent dans un conflit qui dure depuis des mois. Celui de l'attribution de 170 hectares de terres situées à Denée dans les vallées angevines, D'un côté un projet d'installation d'agriculteurs bio, de l'autre le choix d'agrandir des exploitations conventionnelles.

Ce jeudi 3 octobre, les membres de la Confédération paysanne et ses soutiens ont investi le hall de la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire d'Angers. Et vu le mobilier transporté, ils sont là pour s'installer.

Pas question de lever le camp avant d'avoir des explications. 

On veut des réponses, des engagements publics et on ne partira pas tant qu'on ne les aura pas eus

Tiphaine Joly

co-porte-parole de la confédération paysanne 49

Tiphaine Joly, est co-porte-parole Confédération paysanne Maine-et-Loire. "Ce projet, il coche toutes les cases qu'on porte, nous à la Confédération Paysanne, celui de l'agriculture paysanne. Une agriculture à la recherche d'autonomie sur ses fermes, ancrée dans son territoire, qui va utiliser des méthodes durables sur ses fermes en économisant les ressources qui sont rares", explique l'agricultrice syndiquée.  

Les quatre porteurs et porteuses de projet, avaient envie de grande culture, avec transformation d'une partie de la production des céréales en blé pour faire du pain. Ils souhaitaient aussi faire de l'élevage bovin et du maraîchage, le tout en vente directe. Le projet a été retoqué en conseil d'administration régional.

Il nous reste un seul recours, la commissaire au gouvernement qui peut reprendre l'étude du dossier, approuver ou non la décision qui a été prise

Tiphaine Joly

co-porte parole de la confédération paysanne 49

La ferme concernée s'étale sur 170 hectares, avec des bâtiments, et deux maisons sur le site.

 Maëlys Dilé, agricultrice, était candidate à l'installation depuis mai 2024.

"Quand on a finalisé les financements et qu'on a fait la levée de fonds, on a été portés par un élan collectif parce que c'était quand même un enjeu de pouvoir clôturer le financement avant le premier comité Safer du 10 juillet. Du coup, la décision du 10 juillet où il y a eu égalité, on ne peut pas dire qu'on était surpris parce qu'on sait qui siège à la Safer".

On savait que la bataille n'était pas gagnée mais elle n'était pas perdue non plus. Et puis, quand on a vu le résultat du conseil d'administration de la Safer, on s'est dit que la FNSEA avait le pouvoir et qu'il ne voulait sans doute pas de notre installation.

 Maëlys Dilé

Agricultrice bio, candidate à l'installation

La jeune femme ne se fait plus beaucoup d'illusion même s'il reste quelques raisons d'y croire encore.

"Ce matin, nous avons rencontré le préfet, il nous a redonné une lueur d'espoir. Il nous a dit qu'avec le préfet de région, ils regardaient le dossier de près, et notamment qu'ils allaient analyser au regard du droit s'il y a eu des erreurs de la Safer. Et du coup, ça peut faire annuler la décision", espère-t-elle.

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Ce jeudi 3 octobre, ils étaient 500 devant la maison départementale de l'agriculture à Angers. Malgré une réunion entre les 2 camps organisée ce jeudi 3 octobre, aucun rapprochement n'est en vue. La mobilisation loin d'être terminée se renforce. De nouvelles associations environnementales apportent leur soutien au projet.

Un territoire à forts enjeux environnementaux et agricoles

Les parcelles concernées, situées en vallées inondables du Louet et de la Loire, ont une importance écologique soulignée par leur intégration à de multiples zonages environnementaux, notamment l’Espace Naturel Sensible (ENS) de la Vallée de la Loire et le site Natura 2000 de la Vallée de la Loire de Nantes aux Ponts-de-Cé.

Ces deux zonages insistent sur le rôle et la fragilité des prairies humides, des arbres, du bocage en général, des espèces en raréfaction.

"Ce contexte écologique justifie l’attention portée par nos associations environnementales à ces espaces, et renforce davantage le besoin de soutenir l’activité d’agricultrices et agriculteurs pour qui prendre soin de la nature est un moteur", explique Reine Dupas, présidente de la coordination régionale de LPO des Pays de la Loire.

"Une décision de la Safer Pays de la Loire incohérente"

Dans ce contexte, La Coordination régionale LPO Pays de la Loire et FNE (France Nature Environnement) ne comprennent pas la décision du comité d'administration de la Safer du 24 septembre dernier.

"Le choix a privilégié l’agrandissement et la restructuration de fermes voisines en agriculture conventionnelle, au lieu d’attribuer les terres à un collectif local de quatre jeunes candidats à l’installation en agriculture, aux valeurs environnementales affirmées", déplorent les associations environnementales.

Pour Jean-Christophe Gavallet, Président de FNE Pays de la Loire, "cette décision est contraire aux priorités définies dans les politiques nationales et régionales, dont le Schéma Directeur Régional des Exploitations Agricoles des Pays de la Loire"

"Il faut faire appliquer la politique prioritaire d’installation telle que définie par le SDREA, réclament les deux associations", rejoignant ainsi les appels lancés ces derniers jours par les organisations de défense d’une agriculture paysanne et durable.

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