Le musée d'Art moderne de Fontevraud expose les minutieuses eaux-fortes de Rembrandt

C'est l'un des artistes les plus prolifiques de son temps. On doit à Rembrandt 400 peintures, 300 dessins et autant d'eaux-fortes. 70 d'entre elles sont exposées jusqu'au 24 septembre dans le prestigieux décor du Musée d'art moderne de Fontevraud, dans le Maine-et-Loire.

S’il est connu pour être l’un des grands maîtres de l’école Hollandaise XVIIe siècle pour sa peinture, Rembrandt Harmenszoon van Rijn était aussi un graveur hors pair.

Il maîtrisait l’eau-forte au point que cette technique de reproduction est devenue sous ses doigts une forme d’art à part entière.

La minutie des scènes qu’il gravera tout au long de sa vie d’artiste impressionne, aujourd’hui encore, les spectateurs de ses estampes. L’ambiance qu’il campe, truffée de détails, saisit d'abord le regard, puis donne à décrypter, à lire, au-delà de la simple vision.

Il y a ce que l’on voit immédiatement et ce que l’on distingue à peine qui réussissent à rendre réaliste n'importe laquelle des scènes qu'il restitue. Comme sur cette estampe.

De loin, l'obscurité de la pluie qui arrive… Puis les détails, des animaux et quelques paysans que l'on distingue, à l'horizon de cette composition.

Plus de 350 ans après sa mort, la scène fait chavirer d'émotion l'un des visiteurs.

"Quand on regarde tout près les tout petits dessins, on ressent ce qu'il avait en lui quand il était en train de le faire et ça, c'est très beau à voir."

Des cartes de visites illustrées 

Le clair-obscur, une technique que Rembrandt n'a eu de cesse de perfectionner dans son travail sur la gravure. À son époque, il a su, comme personne, faire circuler la lumière.

"On le voit notamment au niveau du corps du Christ qui est enveloppé dans un linge, explique Emma Margiotta, médiatrice culturelle, les différentes personnes aussi qui se trouvent autour et qui sont en train de déplacer le corps et en partie basse également la lumière qui circule au niveau de ce linceul"

Une partie des estampes sont en fait des études, une sorte de brouillon où Rembrandt perfectionnera les expressions des personnages. Mais aussi ses propres expressions, car s'il utilise souvent ses proches comme modèles, il multipliera les autoportraits tout au long de sa vie. C'en est un qui illustre l'affiche de cette exposition. Il est en réalité à peine plus grand qu'un timbre-poste.

Reproductibles, les eaux fortes servaient surtout à se faire reconnaître, auprès de ses contemporains. Des cartes de visites illustrées en quelque sorte.

"Derrière, il va y avoir un réseau de collectionneurs, il va y avoir des commanditaires qui vont avoir connaissance de ce qu'il va produire dans le domaine de la peinture. 

Rembrandt est un artiste qui n'a jamais quitté les Pays-Bas, mais qui a réussi à se faire connaître de son vivant partout en Europe, , notamment en Italie via la diffusion de ces estampes

Emma Margiotta

médiatrice culturelle

Sur les murs, l'exposition propose aussi un dialogue avec les impressions sur cuivre du photographe contemporain Elger Esser. Clin d'oeil à la nouvelle vie de Fontevraud, où l'abbaye abrite aussi depuis deux ans, un musée d'art moderne.

Le reportage de Eléonore Duplay, Elodie Soulard et Valérie Brut

►"Rembrandt en eau-forte" jusqu'au 24 septembre au Musée d'art moderne de l'Abbaye de Fontevraud