Le Plessis-Bourré, près d'Angers : le Château de Peau d’Âne rouvre ses portes

Fermé depuis l’automne en raison de l’épidémie de Covid-19, le château du Plessis-Bourré près d’’Angers accueille le retour des visiteurs. Partons sur les traces du tournage d’un film appartenant à la légende du cinéma français : Peau d’Âne de Jacques Demy. 

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Le saviez-vous, le Plessis-Bourré a inspiré nombre de réalisateurs. Bertrand Tavernier, récemment disparu, y a tourné plusieurs scènes de La Princesse de Montpensier (2010) avec Mélanie Thierry et Lambert Wilson. Un décor de monument historique idéal pour un film de cape et d’épée. Citons aussi Le Bossu par Philippe de Broca (1997) et Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk (2003).

Cette forteresse avec son logis et son cadre bucolique, comme une île avec ses 4 tours en pierre de tuffeau entourées par les douves, avait auparavant tapé dans l’œil du réalisateur ligérien Jacques Demy. Après Lola (1961), Les Parapluies de Cherbourg (1964), Les Demoiselles de Rochefort (1967) puis un court exil professionnel aux Etats-Unis, Jacquot de Nantes décide de rentrer au pays pour réaliser un projet qu’il portait en lui depuis des années : l’adaptation du conte Peau d’âne de Charles Perrault (1694).

"Le Plessis-Bourré, c’était l’imaginaire du château de conte de fées aux yeux de Jacques Demy avec ses tours, son pont et sa cour", explique  Rosalie Varda-Demy.

Pour interroger l’une des mémoires vivantes, il faut se rendre à Paris, précisément rue Daguerre dans le XIVème arrondissement près de Montparnasse. Au numéro 88, à l’adresse où vécu le célèbre couple Jacques Demy et Agnès Varda. Là où sont toujours établis les locaux de la société de production et distribution familiale Ciné-Tamaris. Et celle qui nous ouvre les portes n’est autre que leur fille Rosalie Varda-Demy.

"Une petite figurante privilégiée"

Dans un minuscule bureau aux murs tapissés de clichés en noir & blanc des anciens occupants des lieux, elle a rassemblé sur un coin de table quelques photos et documents du tournage de 1970. A écouter cette femme chaleureuse, dynamique et amusante dans sa veste fétiche rose flashy ornée d’un badge Peau d’Âne fait-maison, on comprend vite que le film en couleurs a marqué sa vie.

Il faut dire qu’elle a même son nom au générique car elle a joué dans le long-métrage. Elle n’avait que 12 ans, c’était à la fin de l’année scolaire, un été 70… "Grâce à Jacques Demy, j’ai été une petite figurante privilégiée, j’ai eu le droit à deux costumes : une souillon et une princesse ! On me voit apparaître dans le royaume rouge" se souvient-elle. Précisons que ces scènes ont été tournées au château de Chambord et non au Plessis-Bourré qui représente lui le royaume bleu au début du film.

A Paris, Rosalie Varda-Demy déballe un document de l’époque rédigé et colorié à la main. "C’est le plan de travail, soit l’agenda du tournage. On y voit que le Plessis-Bourré a servi du 7 au 13 juillet 1970. Uniquement pour des scènes en extérieur : le château, la cour pour la scène du banquet et celle de l’enterrement de la reine dans son cercueil enfermé dans une boule de verre ainsi que les écuries".

Parmi les acteurs présents, il y a le roi incarné par Jean Marais et Catherine Deneuve au clavecin dans la cour aux reflets bleutés. Près des douves sont aussi mis en place des trucages ilustrant le défilement des saisons comme cette neige tombant sur le château dessinée sur une plaque de verre ; du matte painting avant l’heure !

François Truffaut et Jim Morrison  dans les coulisses

Au final, le tournage en Anjou a moins marqué les esprits cinéphiles. Chambord pour le mariage et la scène finale avec l’hélicoptère mais aussi Gambais en région parisienne avec la forêt, la cabane et la célébrissime chanson Le cake d’amour lui auront volé la vedette. C’est aussi à Chambord que l’on verra de prestigieux invités dans les coulisses du tournage comme François Truffaut ou Jim Morrison, le chanteur des Doors, fan de cinéma et ami du couple Varda-Demy depuis les années Los Angeles.

Rosalie Varda-Demy se souvient d’un tournage joyeux où comédiens et équipes techniques qui se connaissaient depuis des années aimaient à travailler ensemble.

"Le film fait partie de la mémoire collective en France. Les acteurs sont magnifiques, Catherine Deneuve avec ses robes reste LA princesse du conte de fée à jamais ! Et puis il y a les thèmes musicaux de Michel Legrand encore chantés par les enfants d’aujourd’hui", raconte-t-elle.

Plus grand succès populaire de la carrière Jacques Demy en terme d’entrées dans les salles, le film suscitera un regain d’intérêt après sa disparition en 1990. Et ceci grâce aussi au travail infatigable d’Agnès Varda qui défendra la transmission de son œuvre par d’importantes campagnes de restauration sur le son et l’image et de numérisation pour rendre le film encore plus accessible. Tout naturellement, leur fille Rosalie a continué le mouvement.

Il était une fois le film Peau d’Âne

A l’occasion du 50ème anniversaire du film, elle a co-écrit avec Emmanuel Pierrat le livre "Il était une fois le film Peau d’Âne" (éditions de La Martinière). "Nous avons travaillé à partir de nos nombreuses archives. C’est tout sauf un ouvrage d’analyse cinématographique, c’est un livre sur les origines, les références artistiques et les souvenirs. Avec, en complément, des contributions par des artistes amis, passionnés par le film".

On y découvre ou redécouvre les influences de Jacques Demy : les contes de fées et les théâtres de marionnettes qui ont bercé son enfance à Nantes, l’étrangeté de ces histoires propres à séduire les enfants comme les adultes, sa fascination pour le film de Jean Cocteau, "La Belle et la Bête" (1946), avec Jean Marais et son goût pour la pop culture des années 60 à travers les choix musicaux, les décors psychédéliques  et les couleurs foisonnantes présents à l’image !

Peau d’Âne sorti à Noël 1970 n’a que 50 ans… Pour célébrer cet anniversaire,  le château du Plessis-Bourré rêve d’une projection en plein air du film sur les lieux mêmes du tournage légendaire.

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