DOSSIER. Maine-et-Loire : ces friches industrielles encombrantes

On estime entre 90 000 et 150 000 hectares la superficie occupée par les friches industrielles en France en 2020. Alors que l'emprise foncière en zone urbaine se fait rare, ces sites inoccupés sont devenus un véritable enjeu de société mais nécessitent souvent de coûteuses opérations de dépollution

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C'est une image dans le paysage que les riverains voudraient voir disparaître à La Possonnière. Cette ancienne usine, spécialisée dans le traitement des métaux, a aussi laissé des stigmates invisibles.

Des analyses ont révélé des traces de substances toxiques, jusqu'à 100 fois la valeur tolérée.  Pour les habitations les plus proches du site, impossible d'exploiter l'eau en sous-sol.

"Les dernières études ont montré qu'il y avait encore des traces de solvants très importantes dans les eaux des pluies, explique Rémy Bonnevialle, président d'une association de riverains, il a donc été pris un décret par la municipalité de ne pas utiliser l'eau des pluies pour arroser les jardins et remplir les piscines pour un secteur"

Ces deux hectares ont été rachetés en 2017 par un privé pour un peu plus de 10 000 euros.
Le nouveau propriétaire n'a toujours pas émis de projet d'exploitation. La dépollution reste en suspens depuis la liquidation de l'usine il y a 17 ans. 

"La société qui a abandonné le site n'est pas solvable, déplore Jean-Joël Gaurier, bénévole Sauvegarde de l'Anjou, à qui s'en prend-t-on s'il n'y a pas quelqu'un qui veut monter un projet et qui aura donc la responsabilité éventuelle de la dépollution. Personne ne prendra la responsabilité, ce n'est pas une petite commune comme celle d'ici qui peut s'engager sur un projet de dépollution, elle n'en a pas les moyens" 

Aux Ponts-de-Cé, le temps s'est également figé sur le site de la fonderie Helveticast. 

En 2008, épuisés par les rachats successifs et une direction absente, les salariés menaçaient de faire sauter leur outil de production. La liquidation a finalement été prononcée quelques mois plus tard.

Depuis, cette installation en zone inondable est à l'abandon. La présence de polluants y a été révélée. Un mandataire judiciaire a été nommé. Mais la mairie n'a aucun pouvoir pour intervenir. 

"On a un potentiel repreneur et on a un terrain où l'on sait la pollution qu'il y a, et l'on connait aussi les aménagements qu'on doit faire pour pouvoir exploiter ce site d'un point de vue économique, explique Jean-Paul Pavillon, maire des Ponts-de-Cé, donc maintenant, on attend que le mandataire, qui est sur Paris, puisse donner son accord. On a envoyé des messages, il ne répond pas présent lorsqu'on lui donne un potentiel repreneur."

Même sentiment de gâchis pour l'ex-usine Thomson d'Angers, fermée en 2013. L'agglomération s'est bien portée acquéreur de cette friche de 13 hectares et demi. Mais ni la collectivité ni le liquidateur qui représente les intérêts de l'ancien exploitant, ne veulent assumer la dépollution, estimée à 4 millions d'euros.

Dans une enquête qu'il a codirigé, le sénateur Joël Bigot estime qu'il est aujourd'hui essentiel de légiférer sur la question.

"Alors qu'il existe une loi sur la pollution de l'air, ou sur les pollutions de l'eau, sur la pollution des terres, la pollution des sols, qui est notre matrice nourricière, il n'y a actuellement pas de droits contraignants qui soient de nature à dissuader les gens, d'une part de polluer les sols et, d'autre part, à permettre aux collectivités de les remettre en exploitation", déplore Joël Bigot, sénateur PS du Maine-et-Loire.

Selon la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement, 482 implantations industrielles feraient l'objet d'une pollution résiduelle en Pays de la Loire.

L'Ademe intervient sur 180 sites en France où l'exploitant ne peut faire face à ses obligations de remise en état des lieux.

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