Militaire tuée près de Saumur : un féminicide sur fond de violences récurrentes, d'alcool et une certaine forme de déni

Ils étaient tous deux militaires. Elle, au 2e dragon à Fontevraud, lui, au 2e RIMA près du Mans. Dans la nuit de la Saint-Sylvestre, il l'a tuée d'une dizaine de coups de couteau au thorax, au terme d'une nuit très alcoolisée. Un drame qui n'a pas pu être évité, malgré deux alertes et une interdiction de contact entre les deux protagonistes.

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Elle ne se sentait pas en danger.

À tout le moins, assez forte pour résister à son agresseur. Est-ce parce qu'en sa qualité de militaire, elle pensait pouvoir faire face, refusait de se considérer comme victime ?

Du haut de ses 28 ans, et malgré deux agressions, enregistrées par les gendarmeries de Lorient et du Mans, elle avait signifié son souhait de continuer à vivre avec ce compagnon. Jusqu'à la mort ?

"Il y avait deux antécédents de violence concernant ces personnes, indique Eric Bouillard, procureur de la République à Angers. Au mois d'août, pendant leurs vacances, puis au mois d'octobre au Mans."

La première fois, l'homme a reçu une convocation pour comparaitre devant la justice à Lorient. La seconde, il a été placé sous contrôle judicaire avec une interdiction de contact, "mais cette interdiction de contact n'a pas été respectée à la fois par le mis en cause mais aussi par la victime qui a souhaité reprendre une vie commune avec son compagnon"  poursuit le procureur.

La victime a refusé les dispositifs d'éloignement proposés

On reparle ces derniers jours de l'affaire du "féminicide de Mérignac".

En mai 2021,Chahinez Daoud a été tuée par balles et immolée en pleine rue par son ex-compagnon qui venait de sortir de prison.

Cinq policiers passent en conseil de discipline pour n'avoir pas entendu les appels aux secours de la jeune femme qui visiblement aurait aimée pouvoir être protégée. 

Le contexte est différent s'agissant de la jeune militaire tuée près de Saumur.

"On a affaire à quelqu'un qui n'était pas sous emprise", et a refusé, selon Eric Bouillard, que les enquêteurs la protègent malgré elle.

Les gendarmes, et une association, lui ont en effet proposé de l'équiper d'un bracelet anti-rapprochement ou d'un téléphone "grave danger" .

"Elle ne les avaient pas souhaités. Elle avait repris la vie commune avec l'intéressé. C'est ce qui rend ce type d'affaire complexe, ajoute le procureur, une mesure de protection ne peut être mise en œuvre qu'avec l'accord de la victime".

L'instruction judiciaire se poursuit pour confirmer le rôle et l'état d'esprit des intéressés : le meurtrier, son frère, victime lui aussi de violence ce soir-là, et la jeune femme.

Le mis en cause a été incarcéré. Il a avoué. Le jour même de son arrestation, au lendemain des faits. Selon son avocat, Maitre Olivier Rolland, les deux jeunes gens étaient ensemble depuis 10 mois. Lui avait participé à la mission Barkan, il en était revenu en 2021, avait refusé toute prise en charge psychologique mais son comportement avait changé. "Violence et consommation d'alcool n'existaient pas au préalable".

Avec le meurtre d'Éléonore, on dénombre déjà trois féminicides commis dès les premiers jours de 2022. 

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