À Angers, dans le Maine-et-Loire, une vingtaine d'étudiants dorment dans la rue. D'autres sont à l'hôtel, au camping ou sur un canapé, faute de logement disponible : c'est le constat de l'université d'Angers. Ses assistants sociaux ne savent plus où donner de la tête pour aider ces étudiants.
Une crise d'une ampleur inédite, dans la Cité du Roi René. Depuis au moins cinq ans, des étudiants d'Angers (Maine-et-Loire) font face à des difficultés pour trouver leur logement, à chaque été. L'inquiétude, cette année, c'est que cette proportion d'étudiants atteint des niveaux jamais vus jusqu'alors.
Ils et elles doivent recourir à l'aide de leurs amis. À moins de se retrouver tout simplement à la rue ou dans des endroits inhabituels, comme a pu le constater l'une de nos équipes de journalistes à Angers (Maine-et-Loire). Ils ont pu interroger deux étudiants, actuellement dans ces situations.
La dure quête d'un logement
Tout commence dans ce camping des Ponts-de-Cé (Maine-et-Loire). Nous sommes au sud d'Angers : parmi les derniers arrivants, se trouvent des étudiants. C'est le cas de Boris, installé ici depuis le début du mois de septembre. Le jeune homme, en 4e année d'études de commerce, réside actuellement dans une de ces tentes. "Elle me permet de ranger, de stocker des affaires. Et forcément, elle me sert à dormir", décrit-il.
Depuis son arrivée à Angers, cet étudiant en école de commerce a répondu à des centaines d'annonces. Il commence à se désoler et à ressentir les effets de cette situation.
"Sur une vingtaine de jours, j'étais peut-être à 4, 5, 6 heures par jour de recherche, tout le temps. C'est autant de temps de stress, puisque forcément on n'a pas de réponse", explique-t-il.
"Les chances qui se rapprochent et qui s'amenuisent, ça finit par être psychologiquement un peu lourd"
BorisEtudiant en 4e année d'école de commerce
Heureusement pour lui, la galère devrait prendre fin bientôt. Boris vient de décrocher un rendez-vous pour un logement.
En revanche, d'autres n'ont pas cette chance. L'angoisse se poursuit : certains poussent alors les portes du service social de l'université. C'est le cas d'un étudiant algérien, qui a souhaité rester anonyme. Il dormait dans un hôtel depuis 15 jours et vient d'être mis dehors.
"C'est aujourd'hui que je me suis fait sortir par l'hôtel, dès que ma réservation est terminée, du coup, je me suis retrouvé dans la rue. Je me suis orienté vers les services de l'assistance sociale."
Un étudiant algérienqui souhaite rester anonyme
Deux exemples qui témoignent d'une situation jamais vue jusqu'ici à Angers, à cette période de l'année. "On est environ à 17 étudiants qui, aujourd'hui, sont sans logement. En gros, une centaine d'étudiants supplémentaires qui sont dans des situations de logement précaire, soit sur un canapé hébergé chez un copain, quelqu'un de la promotion, soit dans un hôtel et un Airbnb et dont on sait que cette situation-là ne va pas pouvoir durer", constate Laurent Bordet, vice-président de l'Université d'Angers en charge de la vie des campus.
Un manque d'offres et d'investissements
Ces étudiants désœuvrés peuvent être reçus par les quatre assistants sociaux de l'Université d'Angers. Parmi les solutions temporaires proposées, une prise en charge des frais d'hôtel ou encore des vêtements chauds.
"Sur la situation, notamment actuelle au niveau du logement, on lui demande s'il est à la rue, s'il est hébergé temporairement, s'il connaît des gens sur Angers qui pourraient possiblement l'héberger ? En fonction de tous ces paramètres, on essaie de trouver une solution la plus adéquate possible", détaille Pierre-Jean Perrocheau, assistant social auprès des étudiants à l'Université d'Angers.
Des solutions qui aident pour un temps seulement. Les syndicats étudiants s'inquiètent de ce faible nombre de logements. "Cette situation s'explique par un manque d'investissement dans le logement de la paire du Crous et une confiance aveugle de la mairie dans le Crous. Il y en a des solutions et ce serait une prise de responsabilité des pouvoirs publics", souligne Samuel Bourillon, président de l'Unef Angers.
À Angers justement, le Crous ne dispose que de 2500 places : de quoi loger 5 % des étudiants. C'est deux fois moins que la moyenne nationale. Une situation à laquelle vient s'ajouter la crise de l'immobilier. Du côté des logements privés, le nombre d'annonces a chuté de 25 %, en trois ans.