L'ex-patron de la société Lemica avait été condamné à 18 mois de prison avec sursis pour harcèlement moral et sexuel en 2023, à l'encontre de neuf apprentis. Le procès en appel devant les Prud'hommes s'est tenu ce 21 décembre. Quatre anciennes apprenties étaient présentes à l'audience.
Elles sont trois anciennes apprenties présentes ce 21 décembre pour l'audience de la cour d'appel d'Angers. Toutes ont travaillé pour l'entreprise Lemica, qui gérait des magasins sous enseigne Gémo et Eram en Maine-et-Loire.
Son responsable a été condamné en février 2023 à 18 mois de prison avec sursis pour harcèlement moral et sexuel, travail dissimulé et violation de domicile entre 2014 et 2018.
Lors du procès pénal, neuf anciennes apprenties ont témoigné d'une ambiance lourde, où ces jeunes filles de 16 ou 17 ans, subissaient des brimades et des propos à caractère sexuel de la part du patron.
“Moi, je venais au travail souvent la boule au ventre, j'avais peur, j'avais de la pression, et c'était compliqué. Je n'avais pas le droit d'être à la vente, je n'étais que dans la réserve, raconte ainsi Yael Boré. J'en avais parlé à mon papa qui s'était déplacé : par la suite, j'ai été punie à nettoyer à quatre pattes les plinthes dans le bureau du patron. On m'a dit, si tu ne veux pas que ça recommence, tu ne dis rien".
J’avais 15 ans. C’était ma première entreprise. On se laisse un peu faire, on n’a pas envie d’être virée. Mais les années qui suivent, on se rend compte que ce n’est pas normal.
Amélie PourtaudApprentie de 2015 à 2018
Aux Prud'hommes, les anciennes apprenties demandent réparation des heures supplémentaires jamais payées, du travail dissimulé que le patron favorisait par certaines circonstances.
“Quand le syndicat CFDT a détecté cette affaire, il a reçu des salariés choqués, traumatisés dont la parole s'est libérée au fur et à mesure des entretiens avec nous et également avec la gendarmerie", confirme Sébastien Hervé, secrétaire général de la CFDT Service du Maine-et-Loire.
"Il louait aux apprentis des chambres au-dessus des magasins, afin de pouvoir venir les chercher à n'importe quelle heure, le jour et la nuit, pour les faire travailler en pyjama dehors, à décharger les camions. Il a été condamné aussi pour effraction dans les domiciles des apprentis", ajoute le syndicaliste.
On avait un employeur qui, à tout propos, parlait de ses parties intimes, parlait de sa bite très clairement, leur tenait des propos d'une vulgarité sans nom.
Me Bertrand Salquain, avocat
L'avocat des jeunes femmes, Me Bertrand Salquain, souhaite que cette page se tourne, que "cette situation de harcèlement moral et sexuel d'ambiance soit reconnue par la Cour d'appel d’Angers ainsi que le travail dissimulé parce qu'un apprenti, ce n'est pas un esclave".
Le reportage d'Eléonore Duplay, Fanny Borius et Nicolas Guilbaud
Les trois jeunes femmes présentes à l'audience disent s'être réparées avec le temps, même si toutes ont quitté le milieu de la vente. La décision des Prud'hommes sera rendue le 22 février 2024.