Cholet : Il avait répondu à l'appel national lors du premier confinement, un patron proche de la faillite se retrouve avec 25 000 masques sur les bras

A la Séguinière, près de Cholet, dans le Maine-et-Loire, une entreprise de confection a mis ses machines à coudres à contribution lors du premier confinement pour produire des masques en tissus, en grande quantité et répondre à l'appel national lancé à l'époque. Une décision qui ne lui rapporte presque rien, bien au contraire.

Cette production éphémère la rend non-éligible au fond de solidarité mis en place par l'Etat. Résultat, alors que l'entreprise, dépendante du secteur de l'événementiel, a perdu la moitié de son chiffre d'affaires depuis le début de la pandémie, elle n'a reçu aucune aide et risque aujourd'hui la faillite.

Les bouchées doubles et au final la double peine. Cette entreprise de Cholet, dépendante du secteur de l'événementiel avait pourtant joué le jeu et adapté son activité aux besoins. 

Lorsqu'arrive la pandémie, la société de flocage de vêtements tourne à plein régime. C'était il y a deux ans, presque une éternité. Par solidarité, les couturières de la boîte se mettent à fabriquer des masques en tissu, en très grande quantité.

400 000 au total vendus aux entreprises locales et aux pharmacies, presque sans bénéfices. Mais après le premier confinement, les autorités vont privilégier les masques jetables. Précipitant l'entreprise au bord du gouffre.

"On se rend compte que ça n'a strictement servi à rien et que ça nous reste sur les bras et que les décisions changent tellement de jour en jour. Résultat : on a des stocks sur les bras et on a travaillé pour rien !", déplore Inès Bertrand, une salariée.

Pour le patron la facture est lourde, très lourde. En deux ans, le chef d'entreprise a dû se séparer de 22 de ses 30 salariés.

"J'ai vendu ma maison et réinjecté tout ce que je pouvais"

"Depuis on subit, on s'endette on licencie. A titre personnel j'ai vendu ma maison, j'ai réinjecté tout ce que je pouvais avoir", confie Vincent Bernard, dirigeant des Ateliers Pulson Design.

C'est un vestige du passé, qu'il préférerait oublier : 25 000 masques toujours invendus. Une surproduction qui a gonflé artificiellement son chiffre d'affaires lors du premier confinement. Conséquence : il n'a droit, depuis, à aucune aide.

Dans les ateliers de l'usine, les cartons sont encore là et ils débordent . "Ça ce sont des masques  de mai 2020. On a fait un chiffre d'affaires important en 2020, 500 000 euros mais sans gagner un centime dessus. Par contre, c'est ce qui nous pénalise et qui nous a sorti du fond de solidarité. Ce qui fait que j'ai eu zéro aide alors que j'aurais pu avoir 350 000 euros", explique désabusé Vincent

Le pire, c'est que Vincent aurait pu être éligible au fond de solidarité mis en place par l'Etat, s'il n'avait pas déclaré avoir travaillé pendant le premier confinement.

"J'ai coché la case qu'il ne fallait pas !"

"C'est rageant. Si on n'avait pas coché cette case, et à priori on était en droit de ne pas la cocher, puisqu'on peut estimer que c'était de la vente à emporter, il y aurait encore 30 salariés, il y aurait encore une activité. On vivrait bien, on se développerait. J'ai coché la case qu'il ne fallait pas !", regrette le gérant.

Bien décidé à rebondir, Vincent a créé sa propre marque de vêtements, 100 % made in France mais compte tenu de sa situation financière, une banque a décidé, au dernier moment, de se désengager du projet.

Il envisage désormais de revendre l'entreprise. Il n'a plus le choix...

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