C'est certes une espèce de corvidé protégée, mais elle cause chaque année à la même époque des dégâts dans les cultures. Un arrêté doit être pris par la Préfecture du Maine-et-Loire dans les prochains jours. Il répond aux souhaits des agriculteurs du Segréen mais n'est en revanche pas du goût d'une association de protection mobilisée contre cette perspective.
À Chazé-sur-Argos, dans le nord-ouest du département, le maïs est à peine semé qu'une nuée de choucas des tours vient s'emparer des graines. Même si elles ont été enfouies plus profondément dans la terre.
Les épouvantails ou canons effaroucheurs censés les tenir à l'écart n'y changent rien. L'an passé, les propriétaires ont chiffré à près de 30% ces dégâts causés par les oiseaux, non indemnisables.
Cette année les terres de Bertrand Saget, agriculteur, ont été particulièrement touchées par la razzia des choucas. "Quand c'est des sangliers on sait qu'il n'y a qu'un carré de la parcelle qui est impacté donc on peut le ressemer, mais avec les choucas on peut avoir 100% de dégâts sur une parcelle" constate t-il.
Le choucas des tours fait partie des espèces protégées, mais dans le nord-ouest du Maine-et-Loire, le préjudice est tel que les agriculteurs sollicitent chaque année une dérogation auprès des services de l'Etat, afin de pouvoir tirer sur l'oiseau dans les communes les plus touchées.
C'est le FDGDON, (Fédération Départementale des Groupements de Défense contre les Organismes Nuisibles), un syndicat agricole, qui est chargée de recenser les dégâts et d'évaluer le nombre de choucas qui pourront être tués, piégés ou tirés.
635 dans le collimateur de 23 communes du Segréen
"Par rapport aux dégâts enregistrés l'année dernière nous avons établi la présence des choucas sur 23 communes. Les couples nicheurs sont en augmentation de 15 à 20% depuis 2020 explique Antonin Grimault-Fremy, animateur au FDGDON, et d'après notre synthèse, on devrait pouvoir en éliminer 25% sans nuire à l'espèce."
Cette politique de régulation est systématiquement dénoncée par l'association Crow Life qui a installé à l'ouest d'Angers, un centre de soin dédié aux corvidés.
L'étude des choucas a révélé que les couples restent unis à vie. Leur dispersion impacterait sévèrement la reproduction.
"Le problème aujourd'hui c'est qu'on régule du choucas en période printanière, de nidification, de reproduction alors qu'il s'agit d'une espèce protégée et que cette dérogation est devenue un outil de gestion de la problématique du choucas" explique Valérie Adt, la directrice scientifique de l'association qui dénonce le fait que ce type d'arrêté est devenu systématique et non pas exceptionnel.
Pour Crow Life, toutes les alternatives d'éloignement des choucas des tours n'ont pas été sérieusement étudiées, comme celle d'enduire les graines d'un répulsif naturel qui provoque des problèmes d'ingestion chez les choucas et les incitent à ne plus revenir sur une parcelle.
L'association entend bien peser sur les débats. Elle a lancé une pétition en ligne qui a déjà recueilli plus de 30 000 signatures et prévoit d'attaquer le prochain arrêté préfectoral. En 2020, elle a déjà obtenu sa suspension auprès du tribunal administratif.