Maine-et-Loire : grâce au made in France, ces fabricants de chaussures des Mauges ne connaissent pas la crise

Bassin historique de l'industrie de la chaussure en Maine-et-Loire, les Mauges abritent des entreprises dont l'activité soutenue persiste malgré la Covid-19. Leur atout ? S'appuyer sur des méthodes traditionnelles, le recyclage et le fabriqué en France.

Il y a deux ans, La Manufacture a fait machine arrière. Ce fabricant de chaussures de Montjean-sur-Loire (Maine-et-Loire) a fait le choix d'investir et de réembaucher des salariés pour son atelier de piquage, quasiment disparu sous l'effet de la délocalisation.

Aujourd'hui, cette décision de la filiale du groupe Eram lui permet d'être en bonne santé : sur 280 000 chaussures produites ici par an, 20 000 sont piquées, coupées et assemblées sur place et bénéficient du label Origine France garantie. Celui-ci assure, contrairement à une simple mention made in France non contraignante, une fabrication locale du produit.

"On a de plus en plus de clients qui viennent nous chercher car ils souhaitent que la chaussure soit entièrement faite en France, même si c'est plus cher, explique Jean-Olivier Michaux, directeur industriel chez Eram et directeur délégué de La Manufacture. Vous avez une différence de prix par exemple, entre le Portugal et la France et juste sur l'étape de la piqûre, de 10 à 15 euros." 

Même si ces baskets ne représentent encore qu'une petite quantité de la production, l'entreprise mise toutefois sur ces modèles plus responsables.

Sur des produits exclusivement fabriqués en France, on s'aperçoit que la quantité continue à croître. Sur notre activité historique, c'est un peu plus difficile : les fermetures de magasins et les confinements ont pesé très lourd !

Jean-Olivier Michaux, directeur général délégué de La Manufacture

 

Des chaussures en fibre d'ananas

Ces nouvelles marques cherchent aussi à réduire leur empreinte carbone, en imaginant de nouveaux matériaux. La Manufacture teste pour elles des fibres recyclables ou des alternatives au cuir, susceptibles de séduire par exemple une clientèle vegan. "On peut aller chercher ces matériaux sur l'écorce de mangue, sur des fibres d'ananas, de cactus, ou encore sur tout ce qui est chutes de production comme celles de cuir ou de textile," souligne Gauthier Bedek,  responsable innovation.

Ces baskets sont locales jusqu'au bout des lacets : ces derniers sont réalisés dans les ateliers de la Société choletaise de fabrication (SCF) à Beaupréau, toujours dans les Mauges. Spécialisée dans le sur-mesure, cette entreprise de tissage et tressage travaille aussi pour la mode ou l'industrie. Le secteur de la chaussure représente un tiers de sa production.

Reprise par Olivier Verielle en 2010, l'entreprise basée à Andrezé (Maine-et-Loire) a acquis en 2013 des vieux métiers du XIXe, qui lui permet de perpétuer le savoir-faire et d'adapter sa production au sur-mesure tout en continuant d'innover. Pour cela, elle a été labellisée Entreprise du patrimoine vivant.

Maintenant on est au stade où on ressort les vieux métiers à tisser qu'on n'a pas vu tourner depuis la Seconde Guerre mondiale et on vient chercher ce qu'on peut faire avec. Un lacet, un cordon, c'est tout bête, mais on voit ici tout ce que ça nécessite de maîtriser. On voudrait sauvegarder ces savoir-faire.

Olivier Verielle, dirigeant de SCF

Revisiter de vieilles recettes

Le succès de Humeau-Beaupréau s'appuie aussi sur la tradition. Cette société familiale a racheté en 2003 la Méduse, la célèbre sandale plastique qui fête ses 75 ans, et l'a relancée en 2010. Le procédé de moulage n'a pas changé mais les billes PVC, utilisées comme matière première, sont désormais intégralement issues du recyclage. En France mais aussi à l'étranger, ces chaussures de plage reviennent à la mode. En 2020, 400 000 de paires vendues et presque autant de bottines.

"Le Made in France est souvent axé sur le luxe, mais pas chez nous ! C'est plutôt accessible, entre 12 et 20 euros la paire de sandales, signale Anne-Cécile Humeau, présidente de Humeau-Beaupreau et issue de la 5e génération de dirigeants. Les gens ont compris l'intérêt du made in France, qu'il crée de l'emploi et que la production française contribue à la santé de l'économie nationale." Dans un secteur en perte de vitesse, bousculé par la mondialisation et la concurrence à petits prix, ces entreprises choletaises font un pari sur l'avenir : produire local et éco-responsable, ça marche !

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