Baisse de la consommation de vin. Viticulteurs et cavistes misent sur l'œnotourisme à Saumur

Premier vignoble du Val de Loire, l'Anjou bénéficie de la fréquentation touristique estivale pour gagner des parts de marché. Ouvrir ses caves est devenu incontournable pour les viticulteurs qui tentent de se distinguer de la concurrence.

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Contre la chaleur écrasante de l'été, l'Anjou a un atout de taille : la fraîcheur de ses nombreuses caves et autres aménagements troglodytes. Un détail qui n'a pas échappé aux viticulteurs de la région, pour qui le tourisme est l'occasion de se faire connaître et d'augmenter les ventes de vin. 

"La méthode traditionnelle, appelée méthode champenoise dans la Champagne, consiste en une double fermentation. La bulle est créée lors de la seconde, en ajoutant la liqueur de tirage, un mélange de levure et de sucre, qui produit du gaz carbonique", présente un guide devant 45 personnes venues découvrir les caves de la maison Ackerman à Saumur (Maine-et-Loire). 

Installées dans des anciennes carrières de tuffeau depuis 1811, les caves de production ne sont plus arpentées par des travailleurs depuis 1985. Elles sont désormais pensées pour accueillir les vacanciers et exposent des œuvres d'art contemporain depuis 2007.

L'art pour se différencier

"On pense que l'art peut sublimer les caves et que les caves peuvent sublimer l'art", explique Justine Hanel, chargée d'œnotourisme et d'événementiel pour la maison Ackerman. Au-delà de l'aspect esthétique, les œuvres lui permettent de se différencier des cinq autres maisons productrices de vin pétillant dans le Saumurois. 

On est tous sur des méthodes traditionnelles, donc une fois qu'on a expliqué le principe, c'est un peu dur de se distinguer.

Justine Hanel

Chargée d'œnotourisme pour la maison Ackerman

 "Les gens ne s'attendent pas toujours à voir de l'art dans les caves, c'est souvent une bonne surprise", affirme Justine Hanel. Les caves Ackerman sont devenues une résidence artistique en 2014 grâce à un partenariat avec l'abbaye de Fontevraud.

Le cœur du métier reste toutefois le vin pour la maison, qui produit entre 17 et 20 millions de bouteilles par an. "La visite inclut toujours une partie sur l'histoire de la maison et sur la méthode traditionnelle parce qu'on ne veut pas perdre ce lien avec le vin, nuance la chargée d'œnotourisme. Mais on rajoute une partie artistique pour donner une autre vision des caves, une façon de les voir de manière différente."

Avec 40 000 visiteurs par an, l'œnotourisme représente 13% du chiffre d'affaires. Une part non négligeable, alors que les Français consomment trois fois moins de vin que dans les années 1960.

Voir le reportage réalisé par Laurence Couvrand, Ruohan Chen et Marie-Catherine Georgelin

durée de la vidéo : 00h02mn00s
Les cavistes travaillent au développement de l'œnotourisme en Anjou. ©France Télévisions

1,3 million de touristes

À 10 kilomètres de Saumur, la cave coopérative Robert et Marcel veut aussi tirer profit du tourisme. "On a autour d'1,3 million de touristes qui viennent sur Saumur tout au long de l'année, donc il faut qu'on tente de les capter pour qu'ils viennent découvrir nos produits. On ouvre pour les locaux, mais aussi pour les clients qui viennent de l'extérieur", déclare Marc Bonnin, président de la coopérative. 

"Il faut investir dans la production, dans les outils pour produire le meilleur vin possible, mais aussi dans les parcours pour le faire découvrir", ajoute-t-il. Les caves Robert et Marcel viennent d'être réaménagées pour un budget de 400 000 €. Huit pièces sont à découvrir, verre à la main, et 12 vins sont à déguster. Avec une entrée à 12 €, l'investissement devrait être rentabilisé d'ici à 5 ans.

On se devait d'avoir une maison dans laquelle on se sent bien pour faire découvrir les vins avec une offre différente de ce qu'on peut trouver ailleurs.

Marc Bonnin

Président de la cave coopérative Robert et Marcel

Les résultats sont probants : "Les gens restent entre deux et trois heures. C'est incroyable parce qu'on imaginait plutôt des visites de 45 minutes", révèle Nicolas Emereau, directeur général de la coopérative. 

"On s'aperçoit immédiatement du bénéfice tiré des vins que l'on met à la dégustation au niveau de la vente au caveau, rapporte-t-il. On voit une progression de plus de 30% par rapport à un vin que l'on vend traditionnellement."

En 2023, la coopérative vise une fréquentation de 10 000 visiteurs dans ses caves, en espérant doubler rapidement ce chiffre pour faire face au fléchissement des ventes de vins en France. 

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