Cet été, les incendies ont aussi sévi en Pays de la Loire. Plus de 300 hectares ont été détruits en Sarthe et plus de 2000 hectares en Maine-et-Loire. Un mois plus tard, quels enseignements les sapeurs-pompiers tirent-ils de ces journées de lutte acharnée ? Quels moyens ont manqué et s’avèrent nécessaires pour combattre le feu ? Le point avec les sapeurs-pompiers du Maine-et-Loire.
Le 8 août dernier, lorsque la forêt de Baugé s’embrase, un combat inédit contre les flammes s’engage. Jusqu’à 660 pompiers seront mobilisés au plus fort de l’intervention sur cet incendie gigantesque et sur deux autres feux déclarés en simultané dans le Maine-et-Loire.
Un mois plus tard, l’ampleur de la mobilisation se mesure toujours à la quantité de matériel en attente de réparation dans le local du SDIS à Angers. Sur un établi, cette lance à incendie va partir en réparation. "Elle coince, donc je ne pourrai pas bien la récupérer ", constate Emmanuel Olliviry, magasinier petit matériel SDIS 49.
À la maintenance du SDIS: deux mois de travail supplémentaires
Des lances encrassées comme celle-ci, des tuyaux endommagés… Face à ce volume inhabituel et des délais de réparation qui s’allongent, l’équipe de maintenance a dû dès le début de l’été s’approvisionner dans le stock des centres de secours de tout le département. " On a essayé de faire des réassortiments en tuyaux. Mais on nous a expliqué que les stocks des fournisseurs étaient au plus bas ou qu’ils n’en avaient plus pour certains. Aujourd’hui, on peut se poser la question s’il va falloir commander en grosse quantité en début de saison ou alors on va faire jouer la mutualisation pour fonctionner ? Je ne sais pas ", explique Alexandra Levoyé, responsable des magasins généraux du SDIS 49.
Une centaine de véhicules est également revenue à l’atelier pour contrôles. L’équivalent de deux mois de travail supplémentaires pour les mécaniciens. Du matériel et des hommes particulièrement éprouvés face au risque amener à se répéter. Reste désormais à en tirer les enseignements. À commencer par la coordination de ces interventions d’ampleur. D’où l’importance de la formation.
" On a besoin d’avoir énormément de cadres pour mener à bien les opérations qui durent plusieurs jours. Il faut qu’on puisse se relayer ", prévient Lieutenant–Colonel François Maisonneuve, référent feux de forêts SDIS 49
Une vingtaine de départements en renfort
En Anjou, les pompiers ont bénéficié du renfort d’une vingtaine de départements et du soutien d’agriculteurs locaux. Mais pour Sébastien Delavaux, délégué CGT SDIS 49, la profession n’était pas préparée à cette menace, pourtant pressentie. Selon lui, les efforts doivent notamment porter sur le recrutement. "Quand il y a eu en même temps, le feu à Landiras et à la Teste- de- Buche, en Gironde, il n’aurait pas fallu un autre feu, car je ne sais pas d’où seraient venus les pompiers. Aujourd’hui, on doit continuer à recruter des sapeurs-pompiers volontaires. Mais on ne doit peut pas se priver de recruter des sapeurs-pompiers professionnels pour assurer une pérennité."
1450 hectares détruits à Baugé
1450 hectares de massifs forestiers ont été détruits à Baugé. La moitié appartenait à des propriétaires privés. Les futures plantations devront s’accompagner d’une réflexion pour limiter la propagation des incendies. Une piste par exemple : obliger les propriétaires à débroussailler aux abords des zones sensibles. " Mais aussi, quelle rapidité doit-on avoir pour éviter que ces feux prennent trop d’ampleur ", ajoute le directeur du SDIS 49, Jean-Philippe Rivière.
La question des moyens aériens, essentielle dans cette lutte contre le feu se pose enfin. Avec ce danger grandissant, l’appui d’un avion positionné dans le grand ouest pourrait se révéler d’un grand secours.
Angers-Marcé: pélicandrome depuis 2020
Cet été, 80 largages d’eau et de produit retardant ont eu lieu pour lutter contre les feux de forêts en Maine-et-Loire. Les sapeurs-pompiers souhaiteraient qu’un avion Dash soit stationné au plus près de leur zone. Il y en a 6 en France ainsi que 18 bombardiers d’eau stationnés à Nîmes. Le Dash étant plus rapide que le Canadair. D’autant plus que l’aéroport d’Angers-Marcé est aussi un pélicandrome depuis 2020. C'est un lieu de ravitaillement en eau et en produit retardant pour les bombardiers d'eau. Pourquoi ? Il dispose d’une grosse citerne. Ce qui facilite les rotations entre les zones d’intervention. Vannes, dans le Morbihan, a aussi un pélicandrome depuis 2016.
Pour l’heure, il n’ y a pas déploiement prévu de Dash dans notre région. Peut-être en 2025 lors du remplacement de la flotte aérienne vieillissante. En attendant, il reste la solidarité européenne.