Derrière les grands festivals qui attirent des dizaines de milliers de spectateurs chaque été se cache aussi une cohorte de festivals plus modestes dont les problèmes ne sont pas forcément moindres. En Mayenne, une vingtaine de ces festivals culturels (petits et grands) ont formé un collectif.
Contraints de se réinventer pour survivre.
A l'image de nombreux festivals mayennais "Un Singe en été" doit s'adapter pour tenter de proposer malgré tout une édition 2020 à ses spectateurs.
L'événement se déroule normalement à cheval sur les mois de juin, juillet et août. Il attire habituellement environ 3 000 spectateurs dans le parc du château de Mayenne, dans le nord du département de la Mayenne.
Depuis la mi-avril, les organisateurs ont déjà été contraints d'annuler les principales soirées du festival les 26, 27 et 28 juin prochain. Pour se conformer notamment aux mesures gouvernementales interdisant les grands rassemblements jusqu'à la mi juillet.
Annulation aussi au mois de juillet
Un espoir subsistait jusqu'alors pour quatre soirées estivales prévues les 23 et 30 juillet ainsi que les 6 et 27 août. Le festival ne rentre pas dans les interdictions des rassemblements de plus de 5 000 personnes édictées par le gouvernement le lundi 28 avril. Sauf que..."Les deux premières soirées ne pourront pas avoir lieu car la municipalité à interdit par arrêté les manifestations sur le territoire de la commune jusqu'à la fin du mois de juillet" précise Steven Jourdan , le programmateur du festival. Pour l'instant, les deux autres soirées d'août sont maintenues. Avec un souhait de rebondir face aux événements et de proposer une version inédite du festival.
"L'idée c'est de décaler les dates annulées de juillet vers le mois d'août, détaille Steven Jourdan, pour pouvoir quand même les proposer au public et de décaler une partie des artistes initialement prévus le dernier week-end de juin lors du coeur du festival sur d'autres soirées en cours de construction, en août et en septembre."
Comment s'organiser concrètement?
Comme d'autres il faut s'adapter pour survivre. "On attend plus de précisions de l'Etat sur cette jauge de 5 000 personnes. Avec quelles contraintes précises notamment on sera obligé d'appliquer aux artistes, au public, aux bénévoles ?"Des questions extrémement concrètes que se pose tout organisateur de festival "courant" et qui pésent dans un budget ou chaque euro compte encore plus désormais.
Combien on doit investir en gel hydro-alcoolique ? En barrières de distanciation ? Les spectateurs doivent-ils porter des masques ? Qui les fournit ? Est-ce qu’on peut organiser des buvettes ? Des gobelets réutilisables, ça semble difficilement compatible avec les normes sanitaires, on réinvestit dans des gobelets jetables ? etc.
"Qu’ils réunissent 100 ou 90 000 personnes, chaque événement Mayennais, par sa jauge, son implantation, sa date, ne sera pas impacté de la même façon par les récentes restrictions annoncées par le gouvernement. Malgré un flou persistant pour lequel nous espérons avoir un éclairage par la préfecture de Mayenne, certains d’entre nous doivent annuler, d’autre se réinventer ou reporter quand la situation le permet (..) Pour autant, nous participons à notre échelle à la vitalité économique de notre territoire, la Mayenne, au travers du nombre d’emplois générés directement ou indirectement, de l’implication de nombreuses entreprises mayennaises et des retombées économiques liées à la présence des publics à nos événements - sans oublier, bien évidemment notre participation à l’attractivité du territoire et à la constitution d’un vivre-ensemble. (...) Nous ne savons pas de quoi demain sera fait, mais nous nous soutiendrons mutuellement. Des solutions sont étudiées mais, nous le savons, sans le soutien de nos publics rien ne sera possible. La solidarité dont nous faisons preuve les uns envers les autres engage nos bénévoles, nos équipes et notre public. Nous souhaitons que la diversité de nos événements perdure. Que notre travail quotidien, au plus proche des territoires et au-delà de la durée de nos festivals, puisse subsister.
Premier effet de leur mobilisation une réunion organisée avec la préfecture de Mayenne et les députés du département s'est tenue le 22 avril et a permis d'avancer sur l'adaptation des mesures gouvernementales au plan local.
Situé à La Baconniére, petite commune de 2 000 habitants à vingt minutes de Laval, le Back Home Festival fait clairement partie de la catégorie "festivals modestes" dans la carte des festivals signataires du collectif.
La 3éme édition du Back Home Festival prévue le 20 juin a été annulée. Sur la page Facebook du festival les organisateurs expliquent "ne pas être en capacité d'organiser dans un délai si réduit un évenement qui soit à la fois conforme aux mesures sanitaires nécessaires et à nos attentes".Le festival se déroule depuis 3 ans en plein air sur l'espace communal à côté de la salle de sport. Neuf artistes musicaux étaient prévus pour se succéder jusqu'à 3h et demie du matin. Le festival pouvait accueillir jusqu'à 1500 personnes. Oui mais...
Un festival entièrement bénévole
"A part le report à 2021, on a peu de solutions de repli, explique Aubin Dodard , le président et programmateur du Back Home Festival. D'autant qu'on a la particularité d'être un festival entiérement bénévole. On n'a aucun salarié à l'année. Donc la première limite c'est, qu'étant donné la fin du confinement, on a aussi chacun nos activités professionnelles à reprendre. Donc on n'a pas vraiment le temps nécessaire pour organiser des mesures aussi compliquées pour mettre en place le festival dans de bonnes conditions. On refléchit à des soirées spectacles sur notre commune autour de l'automne et de l'hiver".Back Home Festival s'est joint au collectif des festivals mayennais.
"Dés qu'on a vu l'incertitude qui pesait sur tous nos festivals on a commencé à échanger des mails entre nous. La création du collectif est venue de là. Ca nous a permis à la fois d'échanger des infos sur nos expériences respectives et d'avoir une meilleure vision de ce qui allait se passer sur le territoire cet été."
Un fond de soutien à l'étude
Les responsables des festivals signataires ont prévu de se se réunir en audio conférence la semaine du 8 mai.Ils comptent bien continuer cette solidarité au delà de la période estivale et du déconfinement. Ainsi ils ont prévu de se rencontrer si possible en chair et en os un week end de septembre.
Ils réfléchissent aussi aux moyens pour pouvoir mettre en place un fonds de soutien pour aider les structures culturelles les plus endommagées par cette crise inédite.
Une aide régionale prolongée
De son côté le Conseil Régional des Pays de la Loire annonce la prolongation jusqu'au 30 septembre des aides aux structures culturelles, associatives et sportives de la région. Ce "fonds d'urgence événements" doté de 2 millions d'euros permet de débloquer en urgence jusqu'à 30 000 euros par association. Pour s'informer :- un numéro vert dédié: le 0 800 200 402
- une adresse mail : fondsculturesport@paysdelaloire.fr
Un premier état des lieux de l'impact de la crise sanitaire sur les structures culturelles des Pays de la Loire
C'est le fruit d'un questionnaire envoyé par le Pôle des Musiques Actuelles des Pays de la Loire.Il s'agit d'une structure qui rassemble tous les métiers et les structures ayant rapport avec les musiques actuelles dans la région (artistes, techniciens,salles de spectacles, festivals, associations culturelles, écoles de musiques etc)
POINT DE SITUATION DES FILIERES CULTURELLES EN REGION (en date du 28 avril)
Un autre étude plus spécifique sur l'impact du COVID-19 sur les musiques actuelles dans la région est consultable ici
Enfin le Pôle rassemble également sur une page dédiée de son site internet l'ensemble des dispositifs d'aide et les ressource d'infos relatifs à la crise.