Une manifestation s'est tenue à La Baconnière (Mayenne) ce samedi 4 février pour appeler à la sauvegarde de l'église que la commune entend détruire, faute de pouvoir assurer sa rénovation. Ces amoureux du patrimoine, fédérés dans plusieurs collectifs, se mobilisent aussi pour une église du Genest-Saint-Isle, non loin de Laval.
Fermée au public depuis 2014, l'église de La Baconnière (Mayenne) est en passe d'être détruite. Le conseil municipal a voté à l'unanimité, le 30 janvier 2023, la démolition de l'édifice religieux.
L'église Saint-Corneille-et-Saint-Cyprien avait été lourdement endommagée par le passage de la tempête Miguel qui avait emporté sa toiture. La commune, propriétaire du bâtiment, n'a malheureusement pas les moyens de lui offrir une rénovation.
Mais tout le monde n'est pas d'accord avec cette décision municipale. Une manifestation pour appeler au sauvetage de l'enceinte a été organisée ce samedi 4 février à partir de 11 heures dans cette commune située entre Laval et Ernée. Une soixantaine de manifestants étaient présents.
Une destruction politisée
Pour l'initiatrice de cette mobilisation, l'association pour la sauvegarde du patrimoine, l'église pourrait être conservée en lançant des campagnes de financement ou en étant vendue comme bien privé. Pendant la manifestation, ils ont été rejoints par un collectif de jeunes, baptisé Mayenne protège ton patrimoine, soutenus par la présence de figures locales de l'extrême droite. Un groupe antifasciste leur faisait face, de l'autre côté de la rue.
Parmi les locaux, beaucoup regrettent la politisation du débat. "Ça donne une ambiance étrange, où tout le monde se regarde en chien de faïence," glisse Sylvie Chometon, présidente de l'association pour la sauvegarde du patrimoine, qui entend maintenir le dialogue avec la mairie et espère la convaincre.
"Nous avons appris, par voie de presse, que l'église allait être détruite pour laisser place à des commerces et des logements sociaux. Nous, notre priorité, c'est le patrimoine, assène Samy Fouchard, le porte-parole des jeunes mayennais. Et la commune de La Baconnière compte déjà des logements qui pouvaient être rénovés. (...) Si les travaux avaient été réalisés plus tôt, les coûts auraient été bien inférieurs." Ils se disent prêts à aider la mairie pour monter des dossier et trouver 1,5 à 6 millions d'euros pour restaurer le bâtiment ou du moins une partie.
Querelles de chapelle
Non loin de là, à Saint-Isle, l'église connaît un sort similaire. La destruction est à un stade plus avancé : le 13 janvier, la commune du Genest-Saint-Isle a obtenu de la préfecture le feu vert pour la désaffection de l'église, fermée depuis 25 ans par sécurité. Le préfet de Mayenne justifie sa décision par les "risques d'accident" que représente ce bâtiment en ruine. Une pétition a aussi été lancée en ligne pour appeler à sauver le bâtiment.
Ces deux cas mayennais ne sont pas sans rappeler l'interminable bras de fer, de 2007 à 2017, entre les partisans et opposants de l'église de Gesté (Maine-et-Loire), village des Mauges situé à la lisière de la Loire-Atlantique. En mauvais état et jugée trop imposante pour la commune, l'enceinte religieuse avait été démolie en 2013 pour laisser place à un bâtiment plus moderne, qui accueille de nouveau les offices. Un temps fermée en fin d'année 2022, l'église du Lion-d'Angers a pu rouvrir ses portes aux fidèles en janvier, avant des travaux de rénovation.