Le Chainon manquant : les arts vivants ont rendez-vous du 17 au 22 septembre à Laval et Changé

Danse, théâtre, humour, musique, arts du cirque… plus qu'un festival, le Chainon manquant est une véritable plaque tournante des arts vivants. Ici se côtoient artistes, public et professionnels venus faire leurs emplettes. Entretien avec le co-directeur et directeur artistique Kevin Douvillez.

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Le Chainon manquant n'est pas un festival tout à fait comme les autres. Si les spectacles (70 cette année) sont accessibles au grand public, ils font également l'objet d'une attention toute particulière de la part des professionnels, des diffuseurs, qui voient ici l'opportunité de découvrir de jeunes talents inconnus et d'élaborer leur future programmation avec le soutien du réseau Chainon. Et c'est comme ça depuis le début de l'aventure, dans les années 80. À quelques jours de sa 28e édition, Kevin Douvillez, le co-directeur et directeur artistique, nous parle du réseau, du festival, de la programmation, de ses grandes fiertés et de ses petits regrets...

Comment présenter Le Chainon manquant ? Comme une plaque tournante des arts vivants ?
Kevin Douvillez.
Le Chainon est un dispositif de repérage des projets émergents dans tous les arts vivants (théâtre, danse, musique, cirque, arts de rue, jeune public, humour…). Ces spectacles sont repérés au plus près des territoires par les adhérents eux-mêmes et sont ensuite présentés aux programmatrices et programmateurs de toute la France dans le cadre du Chainon Manquant, le temps fort de de notre dispositif.

Mais le Chainon c’est aussi un circuit de circulation culturel solidaire et équitable. Dans la foulée du festival, nous rencontrons les adhérents du Réseau, en grande majorité des lieux de diffusion (théâtres municipaux, centres culturels, services culturels de commune ou d’agglomération) et sur la base d’un tarif unique pour tous et de la mutualisation des moyens de transports, nous récupérons leur intérêts pour monter des tournées sur la saison suivante avec les projets que nous avons présentés au Chainon Manquant. Ce système, le dispositif et le circuit, permet de générer près de 1000 représentations d’artistes émergents aux quatre coins de France et plusieurs dizaines de représentations chez nos partenaires étrangers (au Canada, en Belgique et en Suisse).

Le Chainon, c’est surtout un esprit. Celui de partager entre professionnels des émotions artistiques, de partager avec le public le talent des artistes qui créent sur nos territoires et celui de permettre à des spectacles d’avoir la durée de vie la plus longue possible !

C'est un peu l'Avignon des Pays de la Loire ?
Kevin Douvillez. Effectivement ! C’est même, après Avignon, le seul festival en France qui réunit toutes les disciplines des arts vivants. Il est possible de voir 5 ou 6 spectacles dans la journée ! De commencer le matin avec un spectacle jeune public, d’enchainer avec de la danse, puis de voir un spectacle de cirque, dans la rue ou en intérieur et de terminer la journée devant 3 concerts sous un chapiteau. La différence majeure (avec le off du festival d’Avignon notamment), c’est que nous présentons une sélection de spectacles éprouvés par le regard de professionnels. La qualité est donc garantie ! On peut aimer ou ne pas aimer, mais on sera au Chainon Manquant très rarement déçu.

28e édition cette année, en quoi sera-t-elle différente des 27 autres ?
Kevin Douvillez. Elles sont toutes différentes ! Nous sommes chaque année sur 100% de renouvellement. Un ou une artiste est rarement reprogrammé(e) au Chainon Manquant. Une fois que la connexion est faite avec les membres du Réseau, qu’ils ont découvert le travail de l’artiste, la place doit être faite pour les autres, pour accueillir les nouveaux créateurs, les nouvelles créations.
Cette 28ème édition accueillera cependant pour la 1ère fois un focus sur le Bal, le samedi soir. Une sorte de festival dans le festival avec des projets musicaux à faire danser provenant du Québec, d’inspiration napolitain ou plus largement du monde entier avec le collectif de l’Ultra Bal ! Si les danseurs répondent présents, ce sera peut-être un rendez-vous qui se reproduira d’année en année…
Pas de têtes d'affiche au Chainon manquant, que des découvertes et artistes émergents, c'est important ? 
Kevin Douvillez. C’est fondamental ! C’est ainsi qu’un renouvellement de la création peut se faire… Les artistes d’aujourd’hui doivent être vus pour devenir les têtes d’affiche de demain.
Cela ne nous empêche pas d’accueillir certains artistes de notoriété sur des projets particuliers comme Sly Johnson cette année avec son projet jeune public consacré à la poésie de Boris Vian ou encore le collectif de l’Ultra Bal avec dans ses rangs des artistes comme Zaza Fournier, Karimouche, Chloé Lacan, Alexandra Gatica, Fixi ou encore Alexis HK.

Est-ce toujours le même plaisir de travailler pour le festival, de dénicher les spectacles, de rencontrer les artistes, les professionnels de la profession ?
Kevin Douvillez. Le plaisir est le même, au moment du festival et tout le long de l’année. Voir tant de spectacles, rencontrer des femmes et des hommes qui se battent chaque jour pour que la Culture existe au fin fond des territoires et touche tous les publics, sillonner la France de long en large…oui, c’est absolument passionnant !
70 spectacles dans tous les courants des arts vivants, comment justement s'effectue la sélection, sur quels critères ?
Kevin Douvillez. Comme je l’ai évoqué, une partie de la programmation émane d’un repérage que les adhérents ont réalisé sur leur territoire et d’une sélection qu’ils ont présenté dans le cadre des festivals Région(s) en Scène(s). Il y en a 9 au total et cette année 23 spectacles sont issus de ce repérage. Une seconde partie provient d’un repérage que nous avons réalisé chez nos partenaires étrangers, au Québec, en Suisse et en Belgique sur un principe de réciprocité.

Cela permet à des artistes français de présenter leur travail sur ces territoires étrangers. Et une dernière partie provient d’un repérage sur les grands évènements culturels français (festival d’Avignon, d’Aurillac, etc…) et surtout de la vigilance quotidienne des adhérents du Réseau et de la direction artistique. Je vois pour ma part près de 700 spectacles par an…et la plupart de nos adhérents en voit en moyenne plus de 300. Cela permet d’avoir une vision de la création relativement exhaustive.

Même si c'est toujours délicat pour un organisateur, vous pouvez peut-être nous dire s'il y a un spectacle qui vous a particulièrement impressionné cette année...
Kevin Douvillez. Effectivement, c’est assez délicat de mettre en avant tel ou tel spectacle puisque notre rôle est d’accompagner tous ces projets de manière équitable, sans valoriser l’un par rapport à l’autre. Mais puisqu’il faut aussi être capable d’orienter les spectateurs, j’ai envie de parler de la soirée du 19 septembre au Théâtre de Laval avec le formidable solo de danse, Pode Ser de Leila K et l’incroyable composition chorégraphique des comoriens de la cie Tché Za, Soyons fous !
Cette soirée est assez emblématique de ce qu’est le Chainon avec d’un coté une artiste ligérienne qui a été repérée et soutenue sur le territoire par des adhérents comme Claire Madiot du Théâtre de l’espace de Retz à Machecoul et cette compagnie comorienne, repérée grâce au conseil d’un adhérent, Jacques Drouard, programmateur au sein du service culturel de Montargis, avec un spectacle extraordinaire que peu de professionnels ont vu en France. Dans les deux cas, les artistes ont dégagé de leur formation de danse hip-hop une force vitale qui rayonne complètement sur scène. Sur la thématique de l’enfermement et de la libération, ils nous livrent une composition accessible à toutes et à tous. Ainsi dans la même soirée, liés par une même expression et par un même objectif, 2 projets, l’un issu du « local » et l’autre issu de « l’international, seront présentés à plus d’une centaine de programmatrices et de programmateurs. 

Quelle est ou quelle a été votre plus grande fierté autour du festival ?
Kevin Douvillez. Bien évidemment, nous sommes fiers que le Chainon et son Réseau aient participé, parfois grandement, au début de carrière d’artistes comme Jeanne Cherhal, M ou encore plus récemment Gael Faye, Ben Mazué ouVincent Dedienne. Mais de manière moins visible, le Chainon permet à des créateurs de poursuivre leur métier en développant leur réseau, de rencontrer leur public sur les territoires, d’avoir les moyens d’accomplir leurs souhaits. Les adhérents du Chainon, par leur spécificité et leur situation géographique parfois isolée ont développé un public réceptif à la création sous toutes ses formes. C’est ce lien fondamental entre ce public et les créateurs que l’adhérent cultive, développe pour que les deux puissent définitivement se rencontrer.
Et votre plus grand regret ?
Kevin Douvillez. Celui de devoir faire une sélection ! Il y a tant et tant de projets que nous ne pouvons soutenir. Les sollicitations sont innombrables et les attentes importantes. Nous ne pouvons malheureusement pas permettre à plus de 70 projets par an de profiter de notre système. C’est véritablement frustrant…

28 ans et après ? 
Kevin Douvillez.
Un projet comme le Chainon doit pouvoir continuer à exister ! Il est d’une utilité fondamentale pour les artistes, pour les directrices et directeurs de lieux de diffusion, écrasé(e)s par les sollicitations, la masse des propositions artistiques et pour le public en quête d’émotions, de découvertes, d’éducation pour les générations à venir.
J’espère que les pouvoirs publics, les adhérentes et adhérents garderont cela en tête et feront ce qu’il faut pour le préserver au moins…28 ans supplémentaires !

Propos recueillis par Eric Guillaud le 6 septembre 2019
Plus d'infos sur Le Chainon manquant ici

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