Crise de l'hôpital public. Un collectif de citoyens se rassemble devant l'hôpital de Laval

L'hôpital va mal. La Parisienne Esther Morel fait le tour de France des hôpitaux de France pour rencontrer les soignants. Ce mardi, elle était à Laval dans le cadre de cette initiative citoyenne. Objectif : lancer les gilets blancs de la santé.

"Je viens de finir la  garde la plus difficile de ma carrière de médecin. On avait 15 patients dans les couloirs en permanence. On a géré, on a pris en charge tous les patients, mais à quel prix.  Mes équipes sont usées, en ont marre, sont à bout", raconte, exténuée, Caroline Brémaud, la cheffe des urgences de l’hôpital de Laval ce mardi 27 décembre.

"J’ai l'impression de faire de la médecine de catastrophe".

Caroline Brémaud

Cheffe des urgences de l'hôpital de Laval

40 passages aux urgences en 6 heures 

Deux tiers des médecins urgentistes manquent à l’appel à l’hôpital de Laval. Et depuis plus d’un an, le service des urgences est régulièrement fermé faute de personnel. Les conditions d’accueil pour les patients sont très compliquées. "En 6 heures, on a eu 40 passages aux urgences. On fait comment ?", lance Caroline Brémaud. 

Le service est calibré pour accueillir 90 passages par jour mais c’est en général 110 avec un record de 158 il y a quelques jours. "Le système de santé s’effondre. On est en train de casser l’hôpital public", peste-t-elle.

Tirer la sonnette d'alarme

À force de porter l’hôpital à bout de bras, les soignants n'en peuvent plus. C’est pourquoi un collectif de citoyens a décidé de se mobiliser pour tirer la sonnette d’alarme. Esther Morel, une professeure des écoles en reconversion habitant la région parisienne, a initié le mouvement sur les réseaux sociaux.

"Quand un hôpital public est en difficulté, on doit tous se sentir concernés car on se sait pas où on aura un pépin de santé par la suite."

Esther Morel

Militante et professeure des écoles en reconversion

"Je voudrais initier une mobilisation citoyenne car l’hôpital va vraiment mal. On a beaucoup compté sur les équipes médicales au moment du Covid. Mais maintenant, il est urgent de se mobiliser pour elles, pour les aider à notre tour", poursuit-elle.

La cheffe des urgences de Laval salue cette initiative. Jusqu’à ce mardi 27 décembre, les deux femmes ne s’étaient parlées que par messageries interposées. Aujourd’hui, elles se sont rencontrées devant l’hôpital de Laval.

"C’est une bonne nouvelle que la mobilisation soit lancée par les usagers. Nous les soignants en grève, on est toujours réquisitionnés, à nos postes. Et il ne se passe pas grand-chose. Il faut une mobilisation citoyenne forte pour que les politiques bougent", affirme la cheffe des urgences lavalloises.

Tristesse et colère 

Esther Morel se déplace en ce moment dans les hôpitaux de France afin de soutenir les soignants et de sensibiliser la population à la crise que traverse l’hôpital public. Ce mardi, ils étaient une cinquantaine d'associations d'usagers, de personnels soignants et de citoyens à se rassembler devant l'hôpital.

Lavallois depuis 20 ans, Denis Roth, enseignant au Lycée Ambroise Parés, se désole : "Je suis très attaché au service public tout ceci m’énerve profondément. C’est tellement important l’hôpital public. J’y ai eu recours plusieurs fois et le voir se dégrader ça me rend triste et en colère". 

"Il faut des embauches de médecins pour que les conditions de travail soient meilleures pour les soignants mais aussi pour les patients", renchérit Pascale Grandet, le président d'Audace 53 , association citoyenne de défense des intérêts des usagers des services de santé publique du Nord-Mayenne. 

Les gilets bancs de la santé

En  septembre dernier, Caroline Brémaud avait lancé l’idée de faire "les gilets blancs de la santé" pour que les gens prennent conscience du besoin d'organiser une mobilisation citoyenne massive. 

Esther Morel reprend avec fierté le flambeau de ce mouvement hors syndicats. Elle a participé aux minutes de silence et écrit aux élus. Et depuis début  décembre, elle s'est lancée dans ce tour de France des hôpitaux.

"Je suis déjà allée à l’hôpital la Fontaine à Saint- Denis, Lariboisière et Bichat à Paris. Après Laval, je serai à Creil le 7 janvier. Il y a d’autres rendez-vous prévus avec des soignants". Elle s'engage pour donner de la visibilité à la cause, en espérant que l'hôpital guérisse un jour de son mal être chronique. 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité