Au CHU, leurs conditions de travail sont dégradées par le manque de lits, les soignants saturent autant que les urgences

Alors que l'hôpital du Mans vient d'activer son plan blanc et ouvert un service temporaire pour désengorger les urgences, les soignants du CHU de Nantes sont descendus dans la rue ce vendredi 18 novembre. Ils dénoncent le manque de moyens qui ne leur permet plus d'accueillir correctement les malades.

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En grève depuis plusieurs semaines, les personnels hospitaliers et notamment des urgences étaient appelés à descendre dans les rues de Nantes ce vendredi 18 novembre pour manifester leur colère et parfois leur désarroi. 

Dégradation des conditions de travail, fermeture des lits, et les conséquences sur les patients amenés à être hospitalisés. Les motifs de leur grogne sont connus, mais la gravité des situations s'accentue à mesure que les mois passent.

"On a un service d'urgences qui est complètement saturé avec des effectifs qui ne sont pas du tout à la hauteur, donc c'est l'insécurité pour des patients qui restent sur des brancards" lance Olivier Terrien, secrétaire syndical CGT du CHU de Nantes.

"Les urgences fonctionnent comme un entonnoir inversé"

Stéphanie, infirmière aux urgences, explique le phénomène qui découle du manque de lits . "Les urgences, c'est comme un entonnoir :  les patients arrivent aux urgences et on les redistribue vers le reste de l'hôpital, mais comme on a fermé plein de lits, 

les patients ne peuvent plus monter dans les services et au final tous les patients se retrouvent aux urgences. L'entonnoir s'est inversé, ça veut dire qu'on est en train de faire de l'hospitalisation aux urgences...sans lit ! 

Stéphanie, infirmière aux urgences du CHU de Nantes

Une situation qui implique de faire des choix, douloureux pour les soignants.

Stéphanie illustre cette problématique. 

"Un exemple, dit-elle, vous avez deux grand-mères de 90 ans à pathologie équivalente, si on arrive à trouver un lit confortable, on va devoir choisir entre ces deux grand mères."  Un cas d'école qui, comme ses collègues, la révulse : "on ne peut pas, il n'y a pas de mérite aux soins. Le soin ça doit être qualitatif et c'est un droit pour tous, c'est en ce sens là qu'on a été formés". 

Saturation indentique aux urgences pédiatriques

Avec la recrudescence des maux d'hiver et notamment l'épidémie de bronchiolite qui sévit actuellement, le service des urgences pédiatriques du CHU de Nantes est, comme son homologue pour adultes, submergé par les demandes de prises en charge.

" Ce matin, à 6h30, il y avait encore une quinzaine d'enfants dans les urgences dont neuf enfants hospitalisés, dont un avec une assistance respiratoire, raconte Justine. En fait, poursuit-elle, les neuf enfants sont restés aux urgences par manque de lit sur l'hôpital et dans les hôpitaux périphériques..."

Le sentiment de lassitude est grand, Justine se sent impuissante face à cet état de fait.

" On se sent démunis parce que on devient des machines: on est obligés de soigner, soigner, soigner, les enfants patientent dans les couloirs des urgences pendant des heures et des heures, nos locaux sont vraiment trop petits pour l'affluence qu'on a actuellement...il faut faire bouger les choses" soupire t-elle.

Des répercussions sur toute la chaine du soin

Pour ces soignants, le manque de lits, non seulement, provoque un engorgement des urgences, mais entraine des délais qui s'allongent, pour les patients.

"On a une population qui est en danger, faute de moyen pour pouvoir prodiguer des soins de qualité en toute sécurité. Sur la chirurgie cardiaque pédiatrique, aujourd'hui on a plus de quarante enfants à opérer d'ici la fin de l'année et les chirurgiens ne disposent que de onze plages opératoires ! Donc voilà...lequel va-t-on opérer avant l'autre ? c'est toujours l'interrogation"  dénonce Olivier Terrien de l'Intersyndicale du CHU

On ne compte plus les interventions reportées, quant à l'imagerie... passer un IRM ou un scanner à Nantes peut demander de trois à six mois d'attente.

Autant de temps qui peut permettre à la maladie de progresser, et d'augmenter " un potentiel risque de perte de chances" comme l'indique Stéphane Naulleau du syndicat FO.

Après la période intense de l'épidémie de Covid, les arbitrages financiers éprouvent encore un peu plus des soignants qui sont au bord de l'épuisement.

"Après le Covid, beaucoup de collègues sont partis faire autre chose, de l'immobilier, du secrétariat", constate Stéphanie. La jeune femme poursuit,  résumant d'une traite l'objet de sa mobilisation.

"On démotive les soignants, il faut améliorer les conditions de travail, obtenir des lits pour soigner nos malades dignement et revaloriser nos salaires pour garder les soignants et rendre attractives nos professions".

Comme elle, ils étaient plus de 500 à Nantes ce vendredi pour attirer une nouvelle fois l'attention des pouvoirs publics sur la situation de l'hôpital.

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