Quatorze mois près l'orage de grêle qui s'est abattu sur la petite commune de La Croixille, en Mayenne, les travaux s'enlisent et les devis s'envolent.
Le 5 septembre 2022, un violent orage de grêle s'abat sur la commune de La Croixille, dans le nord-ouest de la Mayenne.
Des grêlons gros comme des balles de tennis occasionnent d'importants dégâts, notamment sur les toitures.
Ce 5 septembre 2022, Christelle Cencier n'est pas près de l'oublier. Alors qu'elle est en train de traire ses vaches, une violente tempête de grêle s'abat sur son exploitation, à La Croixille, en Mayenne.
"J'étais terrorisée, je ne savais pas ce qu'il se passait. Les vaches étaient complètement affolées. C'était très violent", raconte l'agricultrice, d'une voix encore tremblante.
Quelques minutes auront suffi pour endommager la quasi-totalité des toitures de ses bâtiments agricoles, ainsi que celles de sa maison. Un an après, tous les travaux n'ont pas été réalisés, le toit de sa maison est encore bâché. Et l'indemnisation versée par sa compagnie d'assurance est loin de couvrir les sommes engagées.
Pour les toitures des bâtiments agricoles, il fallait compter 20 000 euros et mon assurance m'a remboursé 11 000 euros. Car l'expert tient compte de la vétusté des installations... Mais là quand même !
Christelle CencierAgricultrice à La Croixille
Une seconde douche froide pour l'agricultrice, à un an de son départ à la retraite. "L'expert m'a expliqué que l'indemnisation allait tenir compte de la vétusté des bâtiments. Et ils ne sont plus tout jeunes. À un an de la retraite, je n’avais pas prévu de changer quoi que ce soit. Mais là, pour vendre la ferme, il fallait bien réparer".
Car dans son contrat d'habitation, les dégâts liés aux phénomènes de "Tempête, grêle, neige et orage" sont bien couverts par sa compagnie d'assurance, mais le montant des indemnités versées dépend des garanties souscrites par l'assuré. La vétusté en fait partie, tout comme le montant des biens à assurer. Plus il y a de garanties, plus la cotisation sera élevée.
Un reste à charge de 50 %
Un reste à charge pour Christelle Cencier qui avoisine les 50 %, et ce n'est pas terminé. Dans quelques semaines, les couvreurs devraient commencer à réparer le toit de sa maison, bâché depuis 14 mois. Et là encore, il faudra piocher dans la trésorerie de l'exploitation. Et revoir à la baisse ses projets pour la retraite.
Et il en va de même pour le maire de La Croixille, Serge Deshayes, qui a dû reporter les investissements prévus sur sa commune pour financer le remplacement des toitures.
"Le préjudice pour les bâtiments municipaux frôle les 350 000 euros... Et les assurances rembourseront environ 35 % de la facture. Le reste à charge est énorme pour une petite commune de 600 habitants !".
Je ne voulais pas augmenter les impôts locaux pour financer les travaux. J'ai préféré reporter certains projets pour la commune. Les habitants ont déjà leurs propres dégâts à gérer...
Serge DeshayesMaire de la Croixille (SE)
Après ce violent orage de grêle, tous ici espéraient la reconnaissance de l'état de "Catastrophe naturelle", qui n'a finalement pas été déclaré. Mais contrairement aux idées reçues, cette reconnaissance ne permet pas d'être mieux indemnisés. Là encore, la prise en charge du sinistre dépend du contrat d'habitation souscrit par l'assuré.
En revanche, l'état de "Catastrophe naturelle couvre des sinistres habituellement exclus des contrats d'assurance multirisque d'habitation, comme les dégâts liés à une inondation ou à une sécheresse. Elle garantit des avantages, notamment sur la rapidité des remboursements, le plafonnement des franchises et sur le temps accordé pour déclarer son sinistre.
Mais quoi qu'il en soit, les délais d'intervention restent longs. Et plus ces épisodes météorologiques se multiplient, plus il faut attendre. À La Croixille, plus d'un an après l'orage, 50 % des chantiers sont encore en cours.