Violences faites aux femmes : le maire de Laval François Zocchetto au centre d'un témoignage accablant

Elle n'a pas porté plainte mais elle est toujours en colère. Cette ex-collaboratrice de Jean-Vincent Placé, alors Secrétaire d’Etat chargé de la réforme de l’Etat et de la simplification, raconte avoir été agressée en 2016 par François Zocchetto, maire de Laval. 

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Audrey (prénom d'emprunt) se souvient très bien de la date. C'était la nuit de l'attentat de Nice, du 14 au 15 juillet 2016.

Cette jeune femme était en déplacement avec son employeur, Jean-Vincent Placé, Secrétaire d'Etat. Ils sont à Rome en compagnie également de François Zocchetto, sénateur-maire de Laval et président du groupe amitié France-Italie.

Dans la soirée, ils apprennent l'attentat qui vient d'avoir lieu à Nice et décident à l'initiative d'Audrey de clore leur soirée et de rentrer à l'ambassade de France où ils logent.

"François Zocchetto a commencé à son arrivée à Rome par me faire des commentaires sur mon physique de façon assez lourde" raconte la jeune femme dans une interview accordée à Patricia Chalumeau de France 3.
 

"Ils auraient préféré que je sois à l'arrière avec eux"

Lorsqu'ils montent dans le taxi qui doit les ramener à l'ambassade, la jeune femme se place à l'avant du véhicule. L'officier chargé de la sécurité de Jean-Vincent Placé, est à l'arrière, entre les deux hommes.

"Jean-Vincent Placé et François Zocchetto s'en sont plaints, se souvient Audrey, ils auraient préféré que je sois à l'arrière avec eux."

La collaboratrice du Secrétaire d'Etat choisit de son côté d'aller se coucher. Il est minuit passé. 

Jean-Vincent Placé et François Zocchetto restent dans un salon de l'ambassade.

Vers deux heures du matin se souvient Audrey, l'officier de sécurité vient la chercher à la demande du Secrétaire d'Etat qui exige sa présence.

Arrivée dans le salon de l'ambassage, la jeune femme refuse de boire le champagne qu'ont commandé les deux hommes. Elle explique qu'elle est attristée par l'attentat de Nice et qu'elle veut aller se coucher.
 

"Je suis conseillère en cabinet ministériel, pas escort !"

Fin de non recevoir de la part de Jean-Vincent Placé qui, raconte Audrey, sort son téléphone portable, met la musique de "La boum" et lui ordonne de danser un slow avec François Zocchetto.

"Je suis conseillère en cabinet ministériel, fait valoir Audrey, pas escort !". Mais elle est contrainte et se retrouve poitrine contre poitrine avec le sénateur-maire de Laval.

"Comme je n'ai pas eu le temps de remettre un soutien-gorge quand on m'a réveillée, je sens ma poitrine contre la sienne pendant toute la durée de la chanson et c'est extrêmement long. C'est humiliant, c'est répugnant ! Et c'est complètement indigne d'un élu de la République."
 

"Cette situation nous a été imposée à tous les deux"

Depuis, François Zocchetto a reconnu "un manque de retenue" et lorsque nous lui avons demandé son explication, il nous a fait parvenir ce courriel :

"Une ancienne conseillère politique de Jean-Vincent Placé, écrit le maire de Laval, vient de critiquer le comportement que j’aurais eu il y a plus de trois ans de cela, lors d’un déplacement à Rome où j’accompagnais ce membre du gouvernement pour célébrer l’amitié franco-italienne à l’occasion de la fête nationale et dans le cadre de mon mandat de sénateur, président du groupe d’amitié franco-italienne. Selon cette personne, j’aurais eu le tort de danser avec elle devant Monsieur Placé et à la demande pressante de celui-ci. J’ai eu tort sur ce point. Je la prie de m’excuser pour ce que j’analyse, après coup, comme un manque de retenue de ma part. Je démens en revanche tout comportement répréhensible à son égard, tout en comprenant qu’elle ait pu mal interpréter cette situation qui nous a été imposée à tous les deux. Ses reproches, qui n’avaient visé que Monsieur Placé jusque-là, se portent soudain contre moi, plus de trois ans après les faits et à quelques mois des élections municipales".

"Cette temporalité n'est certainement pas due au hasard. Tout cela,
poursuit François Zocchetto dans ce courriel, me conforte dans les initiatives que j’ai prises en tant que maire de Laval pour lutter contre les violences faites aux femmes et notamment: la mise en place d'actions de sensibilisation et de prévention aux violences intrafamiliales; la création de "Stop harcèlement", un code d'alerte contre le harcèlement de rue en lien avec les commerçants; le cofinancement par la ville de téléphones grave danger; la participation à la prise en charge des auteurs de violences et à leur éloignement du domicile; ou encore le soutien aux associations rassemblées dans un Copil Droits des femmes."

"Un climat de sexisme très poussé"

Audrey n'avait jamais été victime d'une telle agression auparavant, "en tant que collaboratice d'élus depuis des années, j'ai déjà eu affaire à un climat de sexisme très poussé, parfois à des mains sur la cuisse ou des remarques déplacées mais ce n'est jamais allé jusqu'à ce stade."

Dans les mois qui ont suivi, bouleversée par ce qu'elle avait subi, Audrey qui avait alors 30 ans s'est mise en arrêt de travail et a fini par donner sa démission.

Audrey n'a pas porté plainte : "Personne ne conteste ce qui s'est passé précise-t-elle, il ne pourra pas réparer ce qu'il a fait. Ce que je souhaite, c'est interpeller la famille politique de François Zochetto, lui demander si elle considère que son comportement est en cohérence avec les valeurs des centristes et faire savoir aux habitants de Laval ce dont leur maire est capable."

La thèse du complot politique à quelques mois des municipales que dénonce François Zocchetto, n'est pas entendable pour Audrey : 

"C'est comme s'il m'empêchait de pouvoir me sentir victime, estime Audrey, les agresseurs ne peuvent pas demander aux victimes de s'exprimer au moment où ça les arrange eux. Il faut que la parole se libère, que les victimes puissent dire ce qu'elles ont subi."

Le lundi 2 décembre, François Zocchetto a annoncé renoncer à un nouveau mandat à la mairie de Laval se disant victime "d'attaques très violentes".
 
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