"Venez vérifier" : c'était le slogan de la campagne de Fleury Michon pour une gamme de charcuterie haut de gamme, dont la publicité montrait des cochons batifolant dans la paille. Prenant au mot l'invitation à "vérifier", des militants ont fait une vidéo, chez l'un des éleveurs en Mayenne.
Ils ont retrouvé "le monsieur de la pub". Dans une vidéo publiée ce lundi 27 mai, les militants animalistes de l'association DXE France sont allés rencontrer l'un des trois éleveurs apparaissant dans la publicité de Fleury Michon pour la gamme de charcuterie "J'aime", issue d'élevages présentés comme "différents", sans OGM, sans antibiotiques, et moins industriels.
Le spot publicitaire montre des cochons qui batifolent dans la paille, enfermés dans des boxes, mais en lumière naturelle. En guise de conclusion, cette phrase prononcée par l'éleveur mayennais : "Si vous avez toujours des doutes, venez vérifier par vous-même."
Dans la réalité, lorsque les militants demandent, en caméra cachée, à visiter l'exploitation, l'échange est quasiment surréaliste : "Parce qu'en fin de compte, c'est venez vérifier sur le site de Fleury Michon" explique l'éleveur, gêné.
La suite montre l'intérieur de l'élevage : des cochons enfermés dans de petits boxes, dans une demi-pénombre sans lumière naturelle, et quelques porcelets morts gisant ici et là.
"La publicité, c'est pour rassurer les consommateurs, après le scandale des nitrites, les vidéos dans les élevages et dans les abattoirs. Mais dans la réalité, il n'y a rien derrière, c'est de l'élevage industriel classique, où les cochons sont castrés, subissent des coupages de queue et des coupures de dents sans anésthésie. On ment au consommateur" explique William Burkhardt, l'un des enquêteurs à l'origine de cette vidéo.
Cette vidéo tournée chez un éleveur mayennais est la troisième d'une série visant la campagne de Fleury Michon.
Tournée dans les Côtes d'Armor, la précédente mettait en scène le député France Insoumise Bastien Lachaud, connu pour avoir notamment défendu des propositions de lois contre l'élevage des poules en batterie, ou encore pour une option végétarienne dans les cantines scolaires. Sur les pas des militants de DXE France, le député découvrait des petites cellules d'élevage sur caillebottis, dans d'immenses bâtiments sans fenêtres, bref, des conditions là aussi typiques de l'élevage industriel.
Cette dernière avait provoqué l'indignation de la FNSEA et d'autres députés comme le mayennais Yannick Favennec.
[#CP] Une nouvelle marche scandaleuse a été franchie en matière d’attaque contre l’agriculture et les agriculteurs. Un député de la République a franchi la ligne rouge en s’introduisant illégalement dans un élevage pour faire le buzz.➡️ https://t.co/0q2GjKlkly pic.twitter.com/43FqWPJ6gS
— La FNSEA (@FNSEA) May 24, 2019
Cette intrusion est scandaleuse et je la dénonce solennellement. Je demande au président de l @AssembleeNat et au bureau de l Assemblée de prendre des sanctions contre ce collègue de La France Insoumise qui jette l opprobre sur tous les élus de la #République. @LibertsTerrito1
— Yannick FAVENNEC (@yfavennec) May 24, 2019
De son côté, Willam Burkhardt, de l'association DXE France nous a précisé les conditions de ces tournages : "Dans ces élevages, ils laissent la porte ouverte. C'est comme une étable", précisant également qu'il ne souhaite pas jeter l'opprobe sur les éleveurs concernés : "On ne veut pas les stigmatiser. Ce sont les industriels qui les ont poussé à un système de plus en plus intensif, qui les oblige à s'endetter lourdement, et ce sont aussi les industriels qui mentent au consommateur."
De son côté, la marque indique dorénavant sur son site internet avoir "momentanément masqué les adresses de nos éleveurs car certains ont été victimes d'intrusions illégales" et indique dans un communiqué avoir sollicité une rencontre avec l'association DXE et le député Bastien Lachaud, "en plein jour et en toute transparence afin de trouver ensemble des solutions pour construire le système alimentaire de demain."
Fleury Michon a également indiqué inviter depuis 2015, l'ensemble des élus, des journalistes et des consommateurs qui le souhaitent à visiter les élevages, "de jour et avec les éleveurs".