Sarthe, Mayenne, mémoire du confinement : les archives poursuivent leur collecte pour "recréer une histoire collective"

Lancées il y a un peu plus d'un an lors du premier confinement, des collectes d'archives continuent de documenter la période de crise sanitaire. Tous les citoyens sont invités à partager leurs photos, vidéos, écrits ou dessins, pour contribuer ainsi à l'histoire de la région.

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"Note de vie : 8h. Collection petits plaisirs confinés : j’avais oublié l’odeur de la pluie sur le sol asséché." Pendant le confinement, le comédien Olivier Hédin tient un carnet de bord : il collecte des anecdotes, raconte le quotidien des habitants de son village à La Chapelle-au-Riboul, en Mayenne.


Avec ses écrits et ses photos, il nourrit un blog transmis ensuite aux archives départementales de Mayenne. Cette contribution fait partie des 80 documents récoltés depuis un an. "Ce qui nous intéresse, c’est d’avoir des témoignages qui ne se ressemblent pas. On veut des témoignages qui ressemblent au vécu des gens", explique Cyril Daydé, directeur des archives départementales de Mayenne. 

Les donateurs viennent d’horizons différents : personnel de santé, enseignant, auteur, lycéen… Et tout type de support est accepté, que ce soit des vidéos, des poèmes ou des photographies.

Des archives à destination des historiens

"L’objectif était vraiment de pouvoir offrir une matière utilisable pour les sciences humaines et sociales, insite Séverine Bourdais, archiviste en Mayenne. L’idée est d’inciter les gens à s’intéresser à ce qu’ils traversent, et leur expliquer qu’ils peuvent participer à l’écriture de l’histoire, puisqu’on l’a tous vécu de manière plus ou moins évidente."

Ces nouveaux documents, qui proviennent des citoyens eux-mêmes, apportent une vraie richesse aux archives. "Avoir un matériau différent, plus sensible, plus varié, et représentatif de la réaction de la population ; cela complètera les archives administratives que nous recevons", analyse la directrice des archives de la Sarthe.

Elles apportent l’expression de la sensibilité, des réactions des individus au contexte. Dans un document administratif, on a rarement ça.

Emmanuelle Foucher-Lefebvre, directrice des archives départementales de Sarthe

La récupération des documents nécessite néanmoins des précisions. "Ce que l’on trouve aux archives s’inscrit toujours dans un contexte précis, une date, un lieu et des conditions de construction de l’information, analyse Cyril Daydé. Et si l’on n’avait pas ces critères là, on serait dans une situation insupportable : mettre à disposition de l’information sans garantir son origine."

Recourir aux témoignages et aux archives personnelles n'est pas une idée tout à fait nouvelle. "On s’est appuyé sur une expérimentation de 2013-2014, pour commémorer le centenaire de la Première Guerre mondiale, se souvient l'archiviste mayennais. Un appel national avait été lancé à toute la population pour amener dans les services d’archives des témoignages familiaux : des correspondances, des documents très divers, [...] habituellement gardés dans les familles."

Plus récemment, des témoignages de la population et des dessins ont été récupérés par des archives lors des attentats de Charlie Hebdo. Les institutions ont également conservé les cahiers de doléances consécutives à la crise des Gilets jaunes en 2019. "On voulait rappeler que les archives sont un lieu de mémoire collective, de tous les citoyens", explique Cyril Daydé.

"Recréer une histoire collective"

Dans ce contexte sanitaire incertain, les mémoires de confinement apparaissent essentielles aux yeux du directeur des archives de Mayenne. "Pour nous, il y a une forme de paradoxe : le confinement a été vécu par beaucoup de nos concitoyens comme une période de repli sur soi, sur sa famille. Ça a été vécu – et c’était logique – comme une période de fragmentation de la société."

"Parfois on a l’impression que l’on a vécu des choses d’une manière originale, individuelle et solitaire, et on se rend compte que ça a été partagé par des millions d’autres personnes dans tout le pays."

Et précisément ce que l’on aimerait, c’est recréer une histoire collective autour de l’expérience individuelle. Ce que chacun a vécu de son côté, d’autres l’on vécu au même moment. C’est ce paradoxe sur lequel on aime travailler.

Cyril Daydé, directeur des archives de Mayenne

A travers la collecte de mémoires, Cyril Daydé souhaite atteindre un véritable idéal : "refaire société". Les opérations de collecte se poursuivent dans l'ensemble de la région jusqu'à la fin de la crise sanitaire, et peut-être au-delà.

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