"Je vais pas être le seul à payer" : une grande tension a régné jeudi à Rennes, où Tony Meilhon, rejugé pour le meurtre et le démembrement de Lætitia Perrais, en janvier 2011, a menacé l'homme qu'il accuse d'avoir découpé le cadavre.
Vendredi 16 octobre, Tony Meilhon avait livré à la cour d'assises d'appel le nom de celui qu'il appelait jusque-là monsieur X, convoqué
jeudi à la barre. "Je vis un véritable cauchemar depuis une semaine", confie le témoin d'emblée.
"Mon nom a été sali par Tony Meilhon", dit Wilfried Delanoë, niant toute intervention dans le démembrement de la jeune fille de 18 ans, tuée dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011.
"Menteur", lui hurle subitement l'accusé, debout et en colère dans le box, ce qui lui vaut d'être immédiatement encadré par les gendarmes présents à ses côtés et un solide recadrage de la part du président de la cour, Philippe Dary.
"Je ne tolérerai pas que vous fassiez une nouvelle interruption de séance, sans mon autorisation", lui lance d'une voix ferme ce dernier. "Si vous tentez d'intimider le témoin, si vous ne voulez pas que la vérité sorte de cette salle, vous sortez".
"Je ne comprends pas pourquoi il m'accuse de ça", poursuit Wilfried Delanoë, d'une voix assurée. "Mais ça ne m'étonne qu'à moitié, il est capable de faire le mal à une gamine et maintenant à moi".
L'homme, âgé de 35 ans, nie avoir aidé à découper le cadavre, rejette l'accusation de Tony Meilhon selon laquelle il aurait eu la charge d'immerger le tronc de la jeune fille.
"Il (Tony Meilhon), dit que vous alliez lui rendre service", dit le président. "C'est de la barbarie, je ne suis pas comme ça", se défend le témoin, qui avait été placé en garde à vue pendant l'enquête.
La "promesse" de Tony Meilhon
Mais celle-ci n'a mis au jour aucun élément laissant penser qu'il y eut intervention d'une tierce personne dans cette affaire, avait rappelé devant la cour, il y a une semaine, le gendarme qui en avait la charge.Dans la salle d'audience, le silence est total, d'autant que le public sait qu'une deuxième confrontation se prépare.
Un témoin, voisin de l'endroit où vivait Tony Meilhon, a vu le 19 janvier 2011 l'accusé revenir au lieu-dit Cassepot, à Arthon-en-Retz
(Loire-Atlantique), suivi d'une camionnette blanche. Il a donné jeudi à la barre une description du chauffeur : petit, teint mat, portant une casquette. Le président a l'intention de le confronter à Wilfried Delanoë.
Quand ce voisin revient dans la salle d'audience, la tension est à son comble.
Le président place les deux hommes côte à côte. On sait que Wilfried Delanoë, qui était chez Tony Meilhon le 18 janvier, a une camionnette blanche. S'il est reconnu, c'est un coup de théâtre.
"Non, je le reconnais pas", avoue le voisin. Murmures dans la salle.
Mais l'audience n'en est pas finie pour autant. Tony Meilhon est convié à poser des questions à Wilfried. Delanoë. "A-t-il conscience que c'est moi qui vais tout prendre et que lui ne va pas être inquiété?" demande-t-il.
"Est-ce que l'accusé est conscient du préjudice qu'il me cause ?", répond Wilfried Delanoë, que Tony Meilhon enjoint de "fermer sa bouche".
Nouvelle intervention du président.
Mais Tony Meilhon ne lâche rien: "Je dis la vérité. Je vous garantis que je vais pas être le seul à payer". "C'est une menace" ? demande le président. "Pas une menace, c'est une promesse", rétorque Tony Meilhon.
Auparavant, Tony Meilhon avait demandé "pardon" pour des "horreurs qui ne s'effaceront pas", assurant qu'il pensait aux faits "tous les
jours".
"Je sais que je suis un assassin, j'ai du sang sur les mains et les horreurs ne s'effaceront pas", a dit Tony Meilhon.
En première instance, Tony Meilhon a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans et d'une possible rétention de sûreté.