Tony Meilhon a tenté de lisser son image vendredi devant la cour d'appel de Rennes en donnant une version légèrement complétée, mais toujours aussi glaçante de son crime, accusant encore un complice, dont il a donné le nom pour la première fois, d'avoir démembré le corps de Lætitia Perrais en 2011
Tony Meilhon a relaté, choisissant soigneusement ses mots pendant plus de deux heures, sa version de la nuit du 18 au 19 janvier 2011.
D'une voix sourde, rappelant ses "remords et regrets", il a raconté avoir abordé la jeune fille de 18 ans à la Bernerie-en-Retz (Loire-Atlantique) près de Pornic en début d'après-midi le 18 janvier, et l'avoir emmenée boire des bières sur la plage. Puis Lætitia part travailler dans le restaurant où elle est apprentie. Et Tony la retrouve à la sortie de son service.
Suit une soirée lors de laquelle Lætitia accepte de consommer de la cocaïne, de suivre ce presque inconnu dans plusieurs bars, puis chez lui. "Je sers deux verres, un petit peu de musique - on se regarde dans les yeux bien sûr - j'attends aussi. On s'enlace, musique, on commence à se caresser, s'embrasser...", explique Tony Meilhon, qui va épargner, cette fois, à la cour le luxe de détails salaces qui avaient émaillé son récit lors de son procès de juin 2013 à Nantes, au terme duquel il a écopé de la perpétuité.
Après une fellation, dont Tony Meilhon affirme qu'elle était consentie, "je lui ai fait signe que voilà, on passe aux choses sérieuses, elle s'est refusée. Moi,
ça m'a contrarié, je me suis énervé, je lui ai dit :tu es une salope comme les autres. Je l'ai poussée contre le mur, je l'ai relâchée".
Puis Tony Meilhon la ramène en voiture à son scooter. Lætitia dira sur un message à un ami avoir été "violée", et n'arrivera jamais chez elle.
Personne ne s'amuse ici !
Son scooter est heurté par la voiture de Tony Meilhon à quelques dizaines de mètres de la porte d'entrée du domicile de la jeune fille. Accidentellement, affirme-t-il encore aujourd'hui. La croyant, affirme-t-il, morte, "je décide de la mettre dans mon coffre".Puis il affirme s'être rendu dans un petit bois. "C'est ici que j'ai déposé le corps de Lætitia, à l'intérieur de ce bois. C'est également ici que je vais l'étrangler jusqu'à ce que mort s'ensuive... Il me semble (...) Ensuite ne sachant pas si elle était morte ou pas, j'ai mis les coups de couteau..."
Tony Meilhon va chercher le reste de la nuit à creuser un trou, mais la terre est gelée.
Au matin, il affirme être allé chercher un ami, Wilfried D., dont il donne pour la première fois le nom, mais qu'il appelait en première instance "Monsieur X.". Ils décident de découper le cadavre. "Quand il m'a passé la scie, j'ai dit : c'est pas possible, je peux pas faire une chose pareille, c'est dégueulasse, mais malgré ça, je mets deux ou trois coups de scie... Et je peux pas", relate-t-il. "Il dit : laisse, je vais le faire", a ajouté Tony Meilhon.
Le président de la cour d'appel Philippe Dary a aussitôt rappelé que l'homme désigné par l'accusé avait été entendu par les gendarmes dès le début de l'enquête pour écarter une éventuelle complicité. Il doit témoigner le 22 octobre.
À une avocate qui lui demande de se souvenir des derniers mots de Lætitia, Tony Meilhon rétorque: "Ça vous amuse?"
"Comment vous pouvez dire ça?", le tance le président Dary. "Personne ne s'amuse ici!"
La cour a sursis à statuer aux demandes de l'avocat de la défense visant à déplacer la cour dans le bois évoqué, et à un complément d'enquête sur Wilfried D..
avec AFP