Une pluie de louanges pour "l'homme d'Etat", voire le "visionnaire", Michel Rocard continue ce dimanche 3 juillet en France, de la métropole à la Nouvelle-Calédonie, traversant la classe politique et ramenant une apparence de concorde à gauche. C'est aussi le cas, dans notre région.
>> VIDÉO. Notre reportage en Bretagne et Pays de la Loire
Les réactions dans notre région
Émotion et tristesse à l'annonce de la mort de Michel Rocard. 1/3
— Johanna Rolland (@Johanna_Rolland) 2 juillet 2016
Émotion ce soir. J'ai aimé et suivi cet homme qui a inspiré mon engagement et donné du sens à mes combats. Merci Michel, au revoir #Rocard
— Christophe Clergeau (@clergeau) 2 juillet 2016
Profonde tristesse pour Michel Rocard, un homme de conviction, un grand homme d'Etat, socialiste sincère et engagé qui nous a tant appris
— Jean-Marc Ayrault (@jeanmarcayrault) 2 juillet 2016
Et si le meilleur hommage que l'on pouvait rendre à #Rocard c'était de continuer à être rocardien ? Bel héritage. pic.twitter.com/2PGbiealHv
— François de Rugy (@FdeRugy) 2 juillet 2016
Émotion #Rocard. Avec une pensée pour quelques anciens jeunes rocardiens de Forum pic.twitter.com/cZJMWMm9oW
— PRIOL Jacques (@jacquespriol) 2 juillet 2016
#Rocard nous quitte en nous laissant un héritage politique exceptionnel : la force et l'espoir d'une gauche tjrs en mouvement. Merci Michel.
— Guillaume GAROT (@guillaumegarot) 2 juillet 2016
Michel Rocard l'Homme du parler vrai nous quitte. Actuel, il ouvre des chemins pour les hommes politiques vers la confiance des peuples.
— Jean-Claude Boulard (@J_C_Boulard) 2 juillet 2016
Touché par la mort de #Rocard, son parle vrai et sa façon de faire de la politique autrement, ses valeurs ont fondé mon engagement militant.
— David Samzun (@DavidSamzun) 3 juillet 2016
>> VIDÉO. La réaction de Christophe Clergeau (PS) ancien président des rocardiens en Pays de la Loire
Quelques citations de Michel Rocard
De "l'archaïsme" en politique au soutien au Brexit, en passant par "toute la misère du monde" que la France ne peut accueillir, florilège des déclarations marquantes de Michel Rocard, décédé samedi à 85 ans.
"Archaïsme"
Au soir de la défaite de la gauche aux élections législatives de mars 1978, Michel Rocard lance : "un certain style de politique, un certain archaïsme sont condamnés". Cette phrase résonne comme un désaveu de François Mitterrand, alors premier secrétaire du Parti socialiste. La guerre commence entre les deux hommes.
"Incompétence"
Pour tenter d'apaiser leurs relations, François Mitterrand et Michel Rocard déjeunent ensemble, en juin 1978, dans le fief de ce dernier, à Conflans-Sainte-Honorine. "Quelle incompétence !", dira après la rencontre Rocard de Mitterrand. "Quelle inculture !", rétorquera ce dernier au sujet de son rival.
"Pas un tueur"
Filmé en 1985 dans son appartement du boulevard Raspail à Paris pour l'émission "Questions à domicile" sur TF1, Rocard résume ainsi son personnage dans un monde politique "de jungle" : "Je m'honore de n'être pas un tueur. Mais je sais qu'il faut vaincre. On me l'a appris durement".
"Cages d'escalier"
Le 29 juin 1988, nommé Premier ministre, il explique, dans son discours de politique générale, qu'en accordant "plus d'un milliard de francs à des travaux d'urgence dans les quartiers dégradés", il veut "permettre d'agir directement sur l'entretien des logements, sur les réparations des cages d'escalier, des ascenseurs, des halls d'entrées". Ce pragmatisme suscite les rires des députés de droite.
"Misère du monde"
"Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde, la France doit rester ce qu'elle est : une terre d'asile politique (...) mais pas plus", déclare le 3 décembre 1989 Michel Rocard, chef du gouvernement, à l'émission 7 sur 7 sur TF1. Vivement critiqué à gauche pour ce propos, il complètera sa pensée en 1996, alors qu'il est dans l'opposition : "La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part".
"Big bang"
Le 17 février 1993, lors d'un meeting à Montlouis-sur-Loire, Michel Rocard, qui n'est plus à Matignon, souhaite un "big bang" politique, une recomposition permettant la constitution d'une alliance regroupant des centristes, les socialistes, des écologistes et certains communistes.
"Pas un honnête homme"
"Mon vrai problème, c'était que Mitterrand n'était pas un honnête homme. Il fallait défendre la France contre beaucoup de choses", confie Michel Rocard, au sujet de ses années à Matignon, à la Revue de droit public en décembre 1998. Ces propos déchaînent un concert de protestation chez les mitterrandiens. Le 4 juin 2000, sur France 2, il précisera qu'il s'agissait de la "reprise d'un mot du XVIIIème: c'est une référence un peu voltairienne à une façon de vivre et de penser, cela n'a pas grand chose à voir avec l'appréciation juridique de l'honnêteté financière". "M. Mitterrand, je l'ai dit peut-être avec un peu de partialité, ne répondait pas à cette définition", ajoutera-t-il.
"Brexit"
"La présence de la Grande-Bretagne depuis 1972 dans l'Union européenne nous interdit d'avancer. Donc, je souhaite le Brexit. Mais il n'est pas sûr que nous sachions en profiter", déclare Michel Rocard dans une interview au Point publiée le 23 juin, au moment où les Britanniques votent et dix jours avantsa mort.
Les grandes dates de la vie de l'ancien Premier ministre Michel Rocard
- 23 août 1930: Naissance de Michel Rocard à Courbevoie (Hauts-de-Seine) dans une famille de la bourgeoisie, catholique par son père (un des scientifiques à l'origine de la bombe atomique francaise), protestant par sa mère.
- 1958 : sort de l'Ecole nationale d'administration (ENA) (promotion "18 juin") en 1958 et rejoint l'Inspection des finances.
- 1967 : devient leader du PSU (Parti socialiste unifié)
- 1969 : obtient 3,6% des suffrages à l'élection présidentielle et devient député des Yvelines. Il sera plusieurs fois réélu député et aussi maire (1977-94) de Conflans-Sainte-Honorine.
- 1974 : Michel Rocard entre au PS, fondé en 1971 par François Mitterrand.
- 1978 : après la défaite socialiste aux législatives, dénonce "les archaïques" du parti.
- 1979 : le congrès socialiste de Metz est dominé par l'épreuve de force Mitterrand-Rocard. Pour barrer la route à la coalition Rocard-Mauroy à la tête du parti, M. Mitterrand s'allie à Jean-Pierre Chevènement, leader de l'aile gauche du PS.
- 1980 : lance "l'appel de Conflans" Sainte-Honorine en annonçant sa candidature à l'Elysée. L'opération est un échec médiatique et politique.
- 1981 : ministre du Plan dans le gouvernement Mauroy.
- 1985 : coup d'éclat de Michel Rocard qui, hostile au scrutin proportionnel pour les législatives, annonce dans un communiqué à l'AFP, en pleine nuit, son départ du gouvernement alors qu'il est ministre de l'Agriculture.
- juin 1985 : annonce son intention d'être candidat à l'élection présidentielle. Lorsque M. Mitterrand annoncera en 1988 sa décision de se représenter, il retirera sa candidature.
- mai 1988 : devient le premier Premier ministre du second septennat de M. Mitterrand.
- 26 juin 1988: signature des accords de Matignon, mettant un terme à plusieurs années d'affrontements en Nouvelle-Calédonie. A la tête du gouvernement pendant trois ans, il doit compter avec une majorité relative à l'Assemblée.
- mai 1991 : remplacé à Matignon par Edith Cresson. Il dira: "J'ai été viré".
- 1992 : désigné candidat "virtuel" du PS à la présidentielle de 1995.
- 1993 : élu Premier secrétaire du PS avec 80,9% des voix.
- 1994 : Avec 14,49% des voix aux Européennes, le PS, dont la liste est conduite par Michel Rocard, réalise son plus mauvais score depuis sa création en 1971. La liste concurrente du MRG, menée par Bernard Tapie, obtient 12,03%. Rocard renonce à son statut de "candidat naturel" à la présidentielle.
- 1994-2009 : parlementaire européen.
- 1995-1997 : sénateur socialiste des Yvelines.
- 2009 : Ambassadeur chargé de la négociation internationale pour les pôles Arctique et Antarctique.
- 2009 : co-préside avec l'ancien Premier ministre Alain Juppé la Commission sur le grand emprunt.
- 2 juillet 2016 : décès à Paris.