Tirer des feux d'artifice le 31 décembre devient de plus en plus compliqué. Les premières restrictions ont commencé en Pays de la Loire il y a huit ans, donc bien avant les menaces d'attentats. D'année en année, elles se sont étendues. Sont-elles vraiment justifiées ? Tour d'horizon dans la région..
Les raisons qui poussent les préfets à prendre ces mesures d'interdiction de vente de feux d'artifice de divertissement sont multiples : éviter les nuisances sonores, empêcher les débordements et troubles à l'ordre pubic, limiter les dangers et les accidents sur les personnes, diminuer le risque d'incendie ou de tentative d'incendie volontaire.
En Loire-Atlantique, la préfète insiste sur "les précautions à prendre dans les milieux urbanisés" et sur le fait que ce sont surtout "les mineurs qui utilisent ces produits dangereux".
En Vendée, le préfet précise qu'il ne veut pas "distraire les forces de sécurité intérieure de leur mission prioritaire".Réveillon du 31 décembre : 3 arrêtés préfectoraux pour renforcer la sécurité de tous ! La vente de carburant, d'alcool et des feux d'artifice réglementée pour que chacun profite des festivités en toute sécurité ! https://t.co/R8JdxqDt9I. pic.twitter.com/GU5EOkVRBk
— Préfète de la Loire-Atlantique (@Prefet44) 26 décembre 2017
En Sarthe, c'est entre autres "le risque de panique" qui justifie l'arrêté préfectoral.
⛔️ Interdiction sur le territoire de certaines communes en #Sarthe, du 28 décembre à minuit au 02 janvier à six heures, de la vente et du transport de carburants au détail en déballage, des artifices de divertissement et des articles pyrotechniques ➡️ https://t.co/QvSxAnASZC pic.twitter.com/Pa5GgMibof
— Préfet de la Sarthe (@Prefet72) 20 décembre 2017
La vente mais aussi l'usage et le transport sont interdits
Ce qui est interdit, c'est la vente à des particuliers des feux d'artifice toutes catégories y compris ceux classés F1, comme les pétards avec ficelle ou les fumigènes. En Sarthe, la vente est même interdite aux théâtres. L'usage et le transport de ces feux sont également interdits, notamment sur la voie publique. Seules les personnes agréées bénéficient de dérogations. Voire celles qui ont besoin de se signaler en cas de détresse rajoute l'arrêté de la préfecture de la Mayenne.
La durée de l'interdiction varie aussi selon les lieux : du 18 décembre au 2 janvier en Mayenne, du 23 décembre au 2 janvier en Vendée, du 28 décembre au 2 janvier en Sarthe, du 26 décembre au 1er janvier en Loire-Atlantique.
Des commandes en moins pour les magasins
Pour les magasins spécialisés dans ces accssoires de fête, c'est une grosse partie de leur chiffre d'affaires qui part en fumée. Cela peut représenter jusqu'à 30% de leurs ventes en fin d'année. "Je perds 6 à 7 000 euros" se lamente Cécile Richard, la directrice de l'Arlequin au Mans. "Je me bats avec mes fournisseurs pour ne pas être livrée, c'est un comble" poursuit-elle.
Ces restrictions sont-elles donc justifiées ? "Sans doute" estime Charlotte Dieuaide-Lemonier, co-directrice du magasin Tout pour les fêtes à Nantes. "Mais les autorités pourraient tolérer la vente de boites compactes qui permettent plusieurs départs de feux en allumant qu'une fois car elles ne peuvent pas être détournées de leur usage et présentent davantage de sécurité que les fusées ou les pétards à mèche."
Des restrictions qui s'étendent au 14 juillet
Il est vrai que certains engins à poudre sont parfois utilisés pour mettre le feu à des voitures ou des poubelles. Il arrive aussi que dans certains quartiers, des pétarades résonnent toute la nuit, empêchant les habitants de dormir comme la semaine dernière au Mans.
En Loire-Atlantique, cela fait déjà huit ans que de tels arrêtés d'interdiction sont publiés lors des fêtes de fin d'année. Et les périodes de restriction vont grandissantes. Désormais, il n'est pas rare de voir ces dispositifs reconduits autour du 14 juillet, pour éviter les incendies de forêt lorsque l'été est trop sec ou lorsqu'un match de foot risque de créer du désordre.
Les conditions de vente aussi se durcissent. Depuis le mois de juillet, il est interdit de vendre des pétards et des feux d'artifices à des mineurs. Dans les magasins situés dans les galeries commerciales, seuls les produits les plus inoffensifs sont en rayon. "Je ne vends que des claque doigt, des volcans crépitants, des chandelles" explique Julie Randon, directrice de Zoe Confetti au Mans. "C'est vraiment le minimum et encore je dois afficher les dangers à la caisse et prévenir les clients des risques qu'ils encourent."
Pas de carburants à emporter non plus
Malgré tout, certains peuvent être tentés de contourner ce réglement. Il leur suffit d'acheter les matériels pyrotechniques avant qu'ils ne soient retirés de la vente et de ne pas les utiliser en dehors de chez eux. Mais ils ne sont pas à l'abri de plaintes de leur voisins. Si la police débarque, ils peuvent se retrouver avec une amende pour tapage nocturne, y compris s'ils ont réservé une salle privée pour s'amuser car dans ce cas précis, il faut une dérogation spécifique pour utiliser les pétards et autres engins artificiers.
Et ce n'est pas tout, en fin d'année, les préfets règlementent aussi les carburants à emporter. La distribution de ces carburants dans des récipients est interdite de même que leur vente et leur achat. La vente et le transport de carburant domestique aussi.
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