Bessé-sur-Braye, en Sarthe : la liquidation judiciaire pour Arjowiggins

Le tribunal de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire d'Arjowiggins. Après le retrait du repreneur, les salariés de Bessé-sur-Braye s'étaient rendus jeudi à Angers pour plaider leur cause auprès du président Macron.

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Le tribunal de commerce de Nanterre devait se prononcer ce mardi sur l'avenir d'Arjowiggins. Sa décision a finalement été reportée à ce vendredi 29 mars : Arjowiggins est mis en liquidation judiciaire.

Les 580 salariés de la principale usine d'Arjowiggins à Bessé-sur-Braye, en Sarthe, avaient lancé mercredi un "appel solennel" à l'Etat pour soutenir un projet industriel "crédible et viable", a déclaré leur avocat Thomas Hollande. 
    
Jeudi, 150 salariés d'Arjowiggins ont fait le déplacement à Angers avec la ferme intention de rencontrer Emmanuel Macron. Une délégation a été reçue dans l'après-midi par Anne-Claire Mialot conseillère du chef de l'Etat, Christelle Morançais, la présidente de région et Bernard Gonzalez, le préfet du Maine-et-Loire.

Après l'annonce de cette décision, la Région souhaite désormais la mise en place d'une "cellule d’urgence".

La liquidation judiciaire d'Arjowiggins "est, avant tout, un drame pour les centaines de salariés qui croyaient dans leur entreprise et lui ont consacré, bien souvent, une grande partie de leur vie professionnelle. Je mesure, aussi, aujourd’hui le désarroi de leurs familles qui s’interrogent sur leur devenir", déclare ce vendredi midi, Christelle Morançais, dans une communiqué de presse.

"A situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles" - Christelle Morançais

"La Région des Pays de la Loire mobilisera, ainsi, tous ses moyens, en complément de ceux de l’Etat, pour répondre immédiatement aux besoins de formation professionnelle et de mobilité des salariés Arjowiggins, afin qu’ils retrouvent un emploi dans les plus brefs délais", poursuit la présidente de région.
 

30 millions pour relancer la machine


Depuis plusieurs mois, salariés et élus se sont mobilisés pour alerter sur les conséquences d'une fermeture des sites dans la Sarthe, où les papeteries "représentent le principal employeur de la région".

Parmi les élus qui se sont battus pour l'avenir d'Arjowiggins, Pascale Fontenel-Personne, dont la circonscription comprend Bessé-sur-Braye, mais aussi le maire de la ville, Jacques Lacoche et la Sarthoise Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire.

Depuis plusieurs jours, tous se sont mobilisés pour que le projet de reprise, imaginé par la direction de l'usine sarthoise, puisse voir le jour et assurer le maintien d'Arjowiggins à Bessé-sur-Braye.

"Ils sont à la recherche de 15 millions d'euros de fonds privés", nous assurait mercredi la députée Pascale Fontenel-Personne, pour relancer le projet de reprise qu'ils avaient un temps imaginé avant de "concentrer leurs efforts sur l'offre globale de Lessebo qui était beaucoup plus avantageuse pour Bessé".
Les salariés d'Arjowiggins ont ainsi écrit au tribunal de commerce de Nanterre et obtenu "quelques jours de plus pour présenter des financements". 

"Il y a une règle qui dit : une euro privé = un euro public. Aujourd'hui il faut à peu près 30 millions pour réaliser l'ambition du projet du personnel donc l'Etat est prêt à injecter 15 millions via les collectivités régionales et là on cherche les 15 millions d'euros de fonds privés pour voir aboutir l'offre" - Pascale Fontenel-Personne.

Mercredi, Jean-Christophe Maillant, le directeur du site de Bessé-sur-Braye, espérait que la proposition qu'il porte convaincrait le tribunal de commerce, préférant inviter les salariés à la prudence.

Dans un communiqué, il indiquait d'ailleurs qu'il fallait "rester lucides et conscients que la probabilité d'éviter la liquidation judiciaire est infime, et il est nécessaire de continuer à se préparer à recevoir et accepter cette difficile décision."
 

Lessebo, une offre unique non finalisée


A Bessé-sur-Sarthe, les salariés craignaient un placement en liquidation judiciaire de leur usine après le renoncement du seul candidat à la reprise des trois sites, le Suédois Lessebo, qui n'a pas pu finaliser son offre.

Le site de Bessé-sur-Braye faisait parti du projet du groupe suédois mais le manque de "garanties financières" rendait "très probable" une liquidation de la principale usine du papetier, située dans le sud Sarthe (568 emplois).

"Tout a été fait pour que cette offre-là aboutisse, parce qu'ils reprenaient énormément d'emplois sur les trois sites et les trois sites en même temps, donc il y avait un projet industriel fort", a expliqué Pascale Fontenel-Personne, députée LREM de la 3e circonscription de la Sarthe.

Lors de l'audience du 20 mars, il avait été demandé au groupe suédois de bois et de papier "d'apporter des garanties financières", indiquait mardi dernier Me Thomas Hollande, l'avocat des salariés. "On attendait une déclaration de sa part qui n'est jamais venue", a-t-il regretté.

"Malheureusement, on attend une liquidation judiciaire demain (vendredi). Pourtant on a des clients qui attendent qu'on reparte. Aujourd'hui, on veut se faire remarquer car on a été trop "soft". Les médias ont beaucoup parlé des casseurs et peu de nous", a déclaré jeudi Chrystelle, employée chez Arjowiggins depuis 35 ans.
 

Bessé et Le Bourray, sites historiques de l'industrie papetière française

 

Les usines sarthoises du groupe Sequana sont des sites historiques de l'industrie papetière française. 

Fondée en 1824, l'usine de Bessé-sur-Braye (320.000 t/an) fabrique en particulier des papiers couchés de spécialité et des papiers laminés, tandis que l'usine du Bourray (100.000 t/an), créée en 1848, produit notamment des papiers de bureau.

Début janvier, le groupe papetier français Sequana a demandé l'ouverture d'une procédure de sauvegarde et le placement en redressement judiciaire des trois unités de sa filiale Arjowiggins Graphic : les usines de Bessé-sur-Braye et Le Bourray dans la Sarthe et l'usine de Greenfield, à Château-Thierry dans l'Aisne, qui totalisent 906 emplois.

Sequana avait alors rappelé avoir déjà mené en 2014 "une lourde restructuration" de ses activités de papiers d'impression et d'écriture chez Arjowiggins, ce qui avait permis le retour à un flux de trésorerie positif en 2017.

Mais depuis, Arjowiggins a été confronté à une "une augmentation inédite et continue" du prix de la pâte à papier qui a atteint un niveau historiquement le plus élevé ces derniers mois. Le groupe n'a pas pu compenser cette hausse dans ses prix de vente, dans un marché souffrant de trop grandes capacités.

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