Le niveau de circulation du virus dans la Sarthe reste élevé, la pression sur les services hospitaliers est importante, et les soignants redoutent de ne pouvoir soigner efficacement tous les malades à la rentrée de janvier. Les explications du docteur Joël Pannetier au CH du Mans.
Le niveau de la circulation du virus reste élevé dans le département de a Sarthe plus que dans d'autres départements de la région des Pays de la Loire, comme la Loire-Atlantique par exemple.
Joël Pannetier est médecin chef adjoint su SAMU de la Sarthe, responsable des situations sanitaires exceptionnelles.
Quelle est la situation en Sarthe ?
"On observe un plateau sanitaire ascendant et extrêmement haut du point de vue épidémiologique, avec des taux d'incidence à 140 cas pour 100 000 habitants en moyenne, plus de 170 chez les plus de 65 ans (le seuil d'alerte est fixé à 50 / 100 000, ndlr). Cette population des plus de 65 ans, on la suit particulièrement, puisque son impact sur les hôpitaux est la plus forte. On peut dire que la situation est très préoccupante aujourd'hui en Sarthe.
On a des sujets âgés qui sont le plus touchés, c'est notamment lié aux clusters qu'on a dans les établissements médicaux sociaux, dans les établissements sanitaires, dans les hôptitaux de l'ensemble du département".
Pourquoi y-a-t-il plus de clusters en Sarthe ?
"On a eu de très nombreux clusters. Un cluster met beaucoup de temps à s'éteindre, et on est encore en train de traiter les problématiques d'il y a un mois, avec des structures qui ont extrêmement souffert avec parfois 30 à 40 personnes covid dans un Ehpad. C'est assez difficile à éteindre.
Difficile d'évaluer la répartition épidémiologique et la diffusion du virus, mais on sait aussi que dans des structures qui ont moins de possibilités de créer des zones covid avec des personnels dédiés, cela complique le traitement des clusters.
Tous les hôpitaux sont touchés lourdement, on a des unités covid dans tous les hôpitaux de la Sarthe. On a des patients non covid qui reviennent, on a bien expliqué aux patients chroniques qu'il fallait venir, mais la réalité c'est qu'on a eu un creux de l'activité, on a maintenant les deux flux covid et non covid c'est normal que cela crée un phénomène de saturation".
La pression hospitalière et elle forte ?
"Au jour le jour on adapte les capacités, on ne peut pas créer des services supplémentaires, pas parce qu'on manque de lits physiques, ou de matériel, ou de surfaces, mais parce que on est au maximum de ce qu'on peut fournir en termes de personnels. On manque d'infirmières, on manque d'aide-soignants, on manque de médecins, on ne peut pas faire plus !
Au fur et à mesure de la semaine on crée des unités covid ou non covid en fonction des besoins. Ça se joue au quotidien. En réanimation, on a plus de lits que le nombre habituel. Pour pouvoir "armer" plus de lits de réanimation, il a fallu déprogrammer des activités de chirurgie par exemple.
On a jamais arrêté les urgences chirurgicales, mais toute la chirurgie ambulatoire a été déprogrammée, on a repris début décembre, on espère reprendre encore plus le 4 janvier, mais dans le contexte épidémiologique que l'on connait, on doute de pouvoir le faire".
