En déplacement dans la Sarthe, François Fillon, candidat de la droite à la présidentielle, a plaidé jeudi pour "reprendre les privatisations" et pour que "l'Etat reprenne des capitaux immobilisés dans des entreprises commerciales où il a gardé des participations", comme chez Renault.
Il a estimé que ces mesures concernaient les entreprises où, pour l'Etat, "cela ne sert strictement à rien" de détenir des participations en terme d'influence sur la stratégie de l'entreprise, lors d'une rencontre avec des élus à la mairie de Chantenay-Villedieu (Sarthe), à l'occasion de son premier déplacement après sa victoire à la primaire de la droite dimanche.
François #Fillon à Chantenay-Villedieu Rencontre avec commerçants et agriculteurs #Sarthe pic.twitter.com/sQllj40VUg
— France 3 Maine (@france3maine) 1 décembre 2016
Il faut "qu'on reprenne ce processus, qu'on récupère cet argent et qu'on investisse dans les infrastructures", a-t-il encore dit, reçu dans la mairie de cette commune de 874 habitants. La Sarthe, longtemps terre d'élection de François Fillon, a voté à plus de 87% pour lui au second tour de la primaire.
Alors que plusieurs élus locaux lui exprimaient le besoin de raccorder les communes rurales au très haut débit, François Fillon a répondu : "On peut faire beaucoup d'économies, y compris sur l'emploi public, en investissant massivement dans les technologies, les procédures numériques, dans de nouvelles façons de concevoir le travail. C'est ce qu'ont fait des entreprises, c'est ce qu'ont plus de mal à faire les organisations publiques", a souligné l'ancien ministre des Télécommunications.
"Le très haut débit, ce n'est pas uniquement pour que tout le monde puisse jouer à Warcraft", a-t-il ironisé.
"Je veux passer avec les collectivités locales des contrats de cinq ans, dès le début du quinquennat. On met tout: les économies qu'on va continuer à vous demander, la baisse des normes et des contraintes administratives qui pèsent, les charges insupportables".
"Ce qui pèche dans notre pays, c'est que le système est toujours normé et imposé d'en haut. C'est un ministre de l'Intérieur ou des collectivités qui décide que les collectivités doivent toutes être pareilles. Les territoires ruraux et urbains n'ont pas besoin des mêmes structures", a plaidé François Fillon.
"Je ne veux plus que l'Etat et les préfets aient leur mot à dire sur l'organisation du territoire, fassent des cartes de communautés de communes absurdes", a-t-il demandé.
"Je voudrais que l'Etat recommence à investir", a ensuite déclaré devant la presse François Fillon, en visitant une exploitation porcine et avicole.
"Je veux que l'Etat sorte des entreprises du secteur commercial où il n'est pas absolument nécessaire qu'on réinvestisse le fruit de ces privatisations dans des grandes infrastructures", a-t-il développé. "Des infrastructures de transports, je pense aux canaux, aux lignes de chemins de fer (...), mais aussi au très haut débit. Il faut qu'on vienne en soutien aux collectivités locales, aux opérateurs, pour faire en sorte que le très haut débit vienne sur la moindre parcelle du territoire".
Interrogé sur les entreprises qui pourraient être privatisées, François Fillon a indiqué qu'"on verra ça tranquillement", soulignant que "l'Etat n'a pas vocation à rester durablement au capital d'entreprises qui sont dans le secteur commercial, dans le secteur concurrentiel".
L'ancien Premier ministre a aussi jugé que la crainte d'éventuelles délocalisations était "une mauvaise raison de rester", citant Renault. "Je n'ai pas le sentiment que la présence de l'Etat au capital de Renault ait empêché d'investir massivement (...) en dehors du territoire national".