C’est une formation unique en France. Le Junior Team Suzuki le Mans Sud accueille à chaque rentrée dix élèves sélectionnés sur dossier pour devenir mécaniciens de compétition moto.
Mécaniciens de compétition moto : une filière diplômante exigeante dont la spécificité est de mélanger cours théoriques et pratique sur circuit professionnel, aux côtés des coureurs moto.
Dans l’atelier, ne résonne que le bruit des outils. Dix visages concentrés sont penchés sur leur plan de travail : des motos de compétition à réparer et, surtout, à préparer pour la course.
Yanis Lorinquer, 20 ans à peine, applique du mastic sur une pièce de moto. Ici, tous les gestes sont précis. Quitte, pour le jeune Angevin, à recommencer plusieurs fois le travail quand il est mal fait.
"On acquiert de la rigueur, des méthodes pour ne pas perdre de temps. C’est plein de petits détails mais on se rend compte ensuite sur la moto que ça fonctionne".
Sur les circuits de courses, on réalise qu’on ne peut pas faire d’erreur, ça serait dramatique pour le pilote. Forcément, ça impressionne - Yanis Lorinquer, élève.
"Ils en apprennent un maximum en une année"
Derrière son épaule, Damien Saulnier pose son regard de professionnel sur le travail de ses "gars".Ancien champion de course moto, il est le pilier de cette formation de mécanicien de compétition moto du lycée le Mans Sud, créée en 1997, qu’il gère depuis les débuts.
"Ils ont la théorie, ils manquent de pratique. L’intérêt du junior Team c’est de les noyer dans la course moto pour qu’ils en apprennent un maximum en une année. Ça passe par plein de petites subtilités pour ensuite, ne pas se faire avoir au moment des compétitions".
"Les 10 étudiants sont sélectionnés sur dossier après leur bac pro, mais dans la pratique tous sont déjà titulaires d’un BTS", explique Damien Saulnier, "on veut des jeunes opérationnels sur la maintenance, qui soient débrouillards et avec un minimum de maturité".En un an, les étudiants vont acquérir de la polyvalence, de l’autonomie pour être capable d’intégrer un team de course professionnel et de prouver qu’ils sont capables d’assumer des tâches importantes - Damien Saulnier, professeur de la Team junior.
Une maturité nécessaire pour tenir le rythme soutenu et la pression toute une année. Car, l’espace d’une saison, les jeunes deviennent les mécaniciens de motos de compétition et participent aux courses, aux côtés des pilotes du Junior Team.
"On sait l’opportunité qu’on a d’être là"
Les 24h du Mans, le Bol d’Or… en tout, une dizaine d’épreuves qui font rêver Lucas Lemire, 20 ans. Le Vendéen dit avoir toujours voulu travailler dans le monde de la compétition de vitesse et mesure sa chance."La formation est connue dans le monde de la compétition moto, j’en avais souvent entendu parler avant d’être pris. Ça génère pas mal de demandes, on sait l’opportunité qu’on a d’être là", explique-t-il.
"C’est un choix de vie : je connais les contraintes horaires, les déplacements sur les compétitions le weekend, la vie de famille qui passe au second plan … Mais ce que qui me fait rêver, c’est quand j’entends les motos sur le circuit, je trouve ça beau, ça me bouleverse", explique Lucas Lemire.
Le bruit et la fureur des victoires
A l’issue de la formation, "tous les étudiants trouvent un travail", assure Jean-Jacques Léon, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques du lycée le Mans Sud.Pendant un an, ils sont en milieu fermé comme une écurie de compétition, comme des pros. Et sur les circuits, ils sont approchés par des team managers.
Après la formation, certains rejoignent des écuries, d’autres des garages spécialisés ou même des domaines complètement différents. "L’un de nos élèves très doué en suspensions a été embauché l’an dernier par une écurie de VTT professionnelle", souligne Jean-Jacques Léon, directeur délégué aux formations professionnelles et technologiques.
Sur le circuit des 24h du Mans, qu’ils découvrent pour la première fois, on sent Yanis et les autres élèves émus. "Il y a beaucoup de gens célèbres qui sont passés ici, ça donne une motivation supplémentaire pour pouvoir y monter"
Le bruit et la fureur des victoires, les garçons les connaitront peut être bientôt. Les mécaniciens sont attendus le 28 mars au Mans pour leur première compétition.J’ose pas imaginer ce que ce sera un jour de course, l’ambiance... - Lucas Lemire, élève