"On a de la finesse dans nos pilotages" : Mélanie ou le choix d'être une femme qui brille dans le motocross

Mélanie Perez, 34 ans, est l'une des trois femmes françaises à concourir aux championnats mondiaux de motocross. Mais les exploits de cette vauclusienne ne sont pas toujours acceptés et considérés dans ce milieu masculin et machiste.

Elle vibre pour les sauts. "Vous avez des papillons dans le ventre pendant deux ou trois secondes, j'adore ça" explique Mélanie Perez au micro de nos journalistes Claire Pain et Alban Poitevin lors de la finale du championnat de motocross de Provence lundi 11 novembre. Cette Vauclusienne est l'une des dix meilleures pilotes de motocross en France.

Première femme à battre des hommes en Provence

Depuis 2009, il existe en France un championnat féminin de motocross. Mais pour Mélanie Perez, difficile de parler d'égalité.

On ne peut pas les égaler d'un point de vu physique. Mais j'ai beaucoup d'amis qui me disent aimer nous voir, les femmes, parce qu'on a de la finesse dans nos pilotages.

Mélanie Perez

France 3 Provence-Alpes

Pourtant, à 34 ans, elle a réussi à s'imposer dans un milieu très masculin et machiste. C'est la première femme à remporter une course mixte en ligue de Provence, et la première à avoir été sélectionnée pour représenter Paca au trophée national des régions. Mélanie Perez a participé onze fois aux championnats de France et quatre fois aux mondiaux.

La Vauclusienne est une sportive de haut niveau aux multiples casquettes. Elle a aussi pratiqué le football, le triathlon mais surtout la boxe anglaise. Dans cette dernière discipline, elle a même été championne régionale.

"Les femmes, vous n'y arriverez jamais"

Pas facile de se faire une place dans ce milieu, reconnaît la sportive de haut niveau. "Tant qu'on faisait de la figuration tout allait bien", explique celle qui entend des hommes se moquer quand certains se font doubler par des femmes.

Déjà, à l'âge de 17 ans, elle bravait les stéréotypes et l'interdit familial en s'adonnant à sa passion pour le motocross. "Mon beau-père, qui est la personne qui m'a élevé, était champion d'enduro. Il me disait que les femmes n'arriveraient jamais à gagner leur vie dans ce milieu et me conseillait de ne pas perdre mon temps", raconte Mélanie Perez. Et de nuancer : "je pense que ça partait d'une bonne intention. Le problème, c'est qu'en tant qu'enfant, on n’entend pas la bonne intention, on n’entend pas la protection des parents et donc j'ai mis le nez dedans, complètement".

70 000 euros pour participer au championnat mondial

Autre frein : le motocross coût cher. La championne s'achète sa première moto après avoir passé un été à récolter de la lavande dans le Vaucluse.

Et les chiffres montent vite : pour s'engager dans des compétitions, il faut compter environ 15 000 euros par an, à cela s'ajoute le même montant pour les frais mécaniques, 4 000 euros pour les frais de pilote et 2 000 euros de communication et marketing. Total : 36 000 euros par an en moyenne. Difficile donc de vivre de son sport. Mélanie Perez continue d'exercer sa profession première d'ostéopathe.

Elle espère soulever les fonds nécessaires à son inscription aux six manches du championnat mondial féminin l'année prochaine. Coût : 70 000 euros. "Pour l'instant, je suis encore très loin d'avoir trouvé ce budget", indique la Vauclusienne. Déterminée, Mélanie Perez compte bien atteindre, une nouvelle fois, son objectif.

Article écrit avec Claire Pain, journaliste à France 3 Provence -Alpes