Le député écologiste Denis Baupin a démissionné lundi de son poste de vice-président de l'Assemblée nationale après avoir été mis en cause par des élues écologistes pour "harcèlement" ou "agression sexuelle". Elen Debost, militante écologiste et adjointe au maire du Mans accuse et raconte.
[Reportage] Elen Debost adjointe EELV au Mans raconte les harcèlements de Denis BaupinLe président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone avait demandé un peu plus tôt à Denis Baupin de démissionner de sa fonction après la révélation lundi par Mediapart et France Inter de ces faits présumés, couverts pour la plupart par la prescription et émanant de témoignages de huit victimes.
D'abord silencieux, Denis Baupin, qui a récemment quitté EELV et est par ailleurs l'époux de la ministre du Logement Emmanuelle Cosse, a finalement réagi à travers un communiqué de ses avocats affirmant que les allégations étaient "mensongères, diffamatoires et qu'elles ne reposent sur aucun fondement". "M. Denis Baupin conteste fondamentalement l'idée de harcèlement sexuel et plus encore d'agression sexuelle, lesquels lui sont totalement étrangers".
Communiqué de presse de Maître Pierrat https://t.co/MjCQ5lHHtn
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 9 mai 2016
Elen Debost accuse
Beaucoup se sont tues pour ne pas blesser sa compagne"
Elen Debost, membre d'EELV adjointe au maire du Mans.
SurTwitter, Elen Debost critique "l'omerta et les petits arrangements entre amis", alors que le député François de Rugy s'est dit "abasourdi" par la nouvelle.
L'omerta et les petits arrangements entre "amis" il savait. https://t.co/JbQ03mSw2R
— debost elen (@debostelen) 9 mai 2016
Elen Debost confie avoir décidé de parler en tombant sur la photo de plusieurs députés les lèvres maquillées de rouge pour protester "contre les violences faites aux femmes" le 8 mars et sur laquelle figurait Denis Baupin.
#mettezdurouge contre les violences faites aux femmes. Des députés s'engagent #8mars https://t.co/nN6PtOl22P pic.twitter.com/XGoVOKnzaY
— Denis_Baupin (@Denis_Baupin) 8 mars 2016
>> VIDÉO. Le témoignage d'Elen Debost
Elen Debost, militante écologiste et adjointe au maire du Mans, affirme avoir reçu plus de 100 SMS graveleux de la part de Denis Baupin.
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©France 3 Pays de la Loire
Parmi les élues dénonçant le comportement de Denis Baupin, Sandrine Rousseau, porte-parole d'EELV, a raconté des faits remontant à octobre 2011 lors d'une réunion du parti écologiste à Montreuil. "J'ai voulu faire une pause", a-t-elle raconté sur France Inter. "Denis Baupin est venu. Il m'a plaquée contre le mur en me tenant par la poitrine, et a cherché à m'embrasser. Je l'ai repoussé violemment". Elle précise en avoir immédiatement parlé à un membre du parti qui lui a répondu: "Ah? Il a recommencé".
Députée du Calvados, Isabelle Attard raconte de son côté du "harcèlement quasiquotidien de SMS provocateurs, salaces. Il y avait des moments où on n'en avait plus, c'était par salves". L'élue fait remonter ces faits de juin 2012 à son départ d'EELV, fin 2013, et affirme qu'elles étaient "plusieurs députées à recevoir le même SMS".
Ses rivaux démentent toute manoeuvre politique
Plusieurs membres d'EELV ont reconnu lundi ne pas être surpris ou tout au moins n'ont pas protesté de l'innocence du député. "C'était très, très connu dans le parti", a assuré ce lundi un collaborateur des députés du groupe écologisteà l'Assemblée. "J'étais au courant que Denis avait un comportement disons un peu lourdingue avec les femmes, je n'avais pas idée qu'il allait aussi loin", a déclaré le conseiller de Paris EELV, Yves Contassot, sur RMC.
Actuel secrétaire national par intérim, David Cormand a dit sur France Inter être "très reconnaissant aux femmes qui ont été victimes de ces agissements d'aujourd'hui le dire". Il a nié tout calcul politique alors que les écologistes sont en plein déchirement entre progouvernements, comme M. Baupin, et antigouvernements. "Quel que soit le moment où on le fait, il y a forcément ah oui, mais c'est fait pour ceci, c'est tactique, c'est parce que il y a cela. Non. Dès qu'on en a connaissance et dès qu'on a le courage de le dire, il faut le faire", a-t-il argumenté.
Après l'appel "Bas les pattes" où des journalistes dénonçaient il y a un an le sexisme des politiques, une pétition a été lancée lundi par la féministe Caroline de Haas intitulée "Violences sexuelles en politique, levons l'omerta". Osez le féminisme a rappelé de son côté que "penser que l'affaire Denis Baupin est isolée est une erreur: depuis plusieurs années, des hommes politiques ont été impliqués dans des affaires de violences machistes", citant notamment DominiqueStrauss-Kahn et Georges Tron.